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Le manque d'eau propre tue en Afrique du Sud

Le manque d'eau propre tue en Afrique du Sud

"C'est à cause de l'eau. Elle a vomi, et quand je l'ai touchée, elle s'est mise à pleurer", puis elle est morte. Keabetswe Wageng a perdu en juin son bébé de cinq mois, victime comme tant d'autres du manque d'eau potable en Afrique du Sud.

Deux autres bébés sont morts et vingt ont été hospitalisés après avoir bu de l'eau contaminée par la bactérie E.coli dans la petite ville de Bloemhof, à 300 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg.

Les autorités locales ont expliqué que des égouts s'étaient déversés dans un barrage alimentant la ville en eau.

"Tout le monde reconnaît que nos infrastructures sont anciennes. Nous sommes une petite commune et nous sommes confrontés à des difficultés financières", admet le porte-parole de la municipalité, Oatile Letebele. "C'est un problème que nous essayons de résoudre."

Selon une enquête de l'hebdomadaire City Press, quinze autres bébés sont morts ces derniers mois dans des townships de Sannieshof et Biesiesvlei, non loin de Bloemhof. Morts de déshydratation après de forts vomissements et des diarrhées. Ici encore, les analyses ont décelé la présence d'E.coli dans l'eau.

En avril, des émeutes avaient fait plusieurs morts dans un township des environs de Pretoria. Les habitants de Mothutlung ont dû être approvisionnés par camions-citernes pendant plusieurs jours, les robinets étant à sec. Des maladies liées à l'eau se sont rapidement déclarées, provoquant de violentes manifestations. Des affrontements avec la police ont fait cinq morts.

Mothutlung n'est pas un cas isolé. Les habitants des townships --à côté desquels les autorités de l'apartheid avaient souvent construit des stations d'épuration desservant les quartiers chics-- descendent régulièrement dans la rue pour demander une eau propre.

En 2011, un homme avait été battu à mort par des policiers --acquittés depuis-- dans l'Etat libre (centre), lors d'une émeute provoquée par le manque d'eau.

Le gouvernement sud-africain a admis "des problèmes généralisés" dans la chaîne d'approvisionnement en eau.

S'il rappelle volontiers que 90% de la population a accès à l'eau potable, le ministère de l'Eau reconnaît que l'approvisionnement n'est "pas fiable" pour 26% du réseau. Annonçant l'organisation d'un "sommet de l'eau" en août, il explique qu'une "urbanisation rapide" et des actes de vandalisme contrarient ses efforts, outre le manque d'ingénieurs qualifiés.

Car l'Afrique du Sud souffre tout à la fois de l'insuffisance des précipitations, du vieillissement des infrastructures --qui pendant l'apartheid desservaient en priorité les quartiers blancs--, d'un manque de capacité et d'une mauvaise planification.

Histoire de noircir de tableau, les défenseurs de l'environnement estiment que la montée des eaux acides dans les mines d'or désaffectées de la région de Johannesburg pourrait rapidement menacer la capitale économique du pays.

De l'eau toxique est sortie de terre il y a huit ans à l'ouest de la ville et il s'en écoule encore après de fortes pluies. Le gouvernement a promis de pomper et traiter cette eau avant qu'elle ne pollue la nappe phréatique.

Pour résoudre une partie de ses problèmes d'approvisionnement en eau, l'Afrique du Sud compte surtout sur l'aide de son voisin le Lesotho. Celui-ci lui fournit 10 milliards de mètres cubes par an pour Johannesburg, une quantité qui passera à 17 milliards quand seront achevés en 2022 les barrages prévus dans les montagnes lésothanes.

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