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Après la sortie de route des dirigeants de l'UE, Juncker aux manettes

Après la sortie de route des dirigeants de l'UE, Juncker aux manettes

Les dirigeants européens ayant été incapables de s'entendre sur les nominations à la tête de l'UE, Jean-Claude Juncker prend les manettes pour constituer sa Commission et permettre de compléter le puzzle à la fin du mois d'août.

Les chefs d'Etat et de gouvernement se sont séparés dans la nuit de mercredi à jeudi sans accord sur les noms du futur chef de la diplomatie après la travailliste britannique Catherine Ashton, et du président du Conseil pour succéder au chrétien-démocrate belge Herman Van Rompuy.

Après la désignation fin juin du chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission qui doit entrer en fonction à la fin de l'année, ils devaient régler la question de ces deux autres hauts postes, avant que M. Juncker ne constitue son équipe au cours de l'été.

Mais la complexité de l'exercice a fait voler en éclat ce schéma, qui a été inversé. L'échec est imputable en grande partie à l'intransigeance du chef du gouvernement italien, le social-démocrate Matteo Renzi, qui a manifestement irrité à la table du Conseil.

Auréolé de son succès aux élections européennes, le jeune Premier ministre a tenté jusqu'au bout d'imposer sa jeune ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini, pour le poste de chef de la diplomatie. Mais il s'est heurté à un mur, notamment de plusieurs pays de l'Est, qui ne digèrent pas la position jugée trop conciliante de Rome vis-à-vis de Moscou dans la crise ukrainienne. "Il n'avait pas de plan B, pas de position de repli", a commenté une source européenne.

Les "nouveaux membres" font aussi monter les enchères. Ils étaient peu visibles dans les institutions formées en 2009, cinq ans seulement après leur entrée dans l'UE, et sont décidés cette année à gagner en influence, selon plusieurs sources européennes.

Outre la dimension géographique, les nominations doivent aussi respecter un équilibre entre droite et gauche, grands et petits pays, hommes et femmes, et même selon certains entre jeunes et vieux. Autant d'exigences quasiment impossibles à satisfaire avec une poignée de postes. D'où l'idée de nombreux dirigeants d'intégrer la prochaine Commission dans le marchandage, avec l'objectif d'obtenir les portefeuilles majeurs.

Mais M. Juncker, en vieux routier de la politique européenne, n'a pas voulu entrer dans ce jeu. L'ancien Premier ministre du Luxembourg veut garder la main et entend traiter en direct avec chaque Etat, à la fois sur le nom et sur les attributions des commissaires.

Chaque capitale va désigner son candidat d'ici la fin du mois de juillet. Près de la moitié l'ont déjà fait, notamment l'Allemagne et la Grande-Bretagne. La France devrait nommer l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici.

C'est en fonction des équilibres atteints au sein de la Commission Juncker, que se dénoueront les deux postes restés en suspens. Les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouveront le samedi 30 août à Bruxelles.

L'échec du sommet "ouvre à Jean-Claude Juncker un véritable espace pour façonner son équipe", souligne une source européenne.

Pour l'heure, tout le monde semble d'accord pour que la diplomatie revienne aux socialistes et même, selon le président François Hollande, à une femme. Mme Mogherini semble donc tenir la corde, malgré un mauvais départ. "Il n'y a pas beaucoup d'autre choix possible", souligne une source européenne. "Renzi en a la quasi-garantie", ajoute une autre.

Pour le Conseil, le jeu reste extrêmement ouvert. Dans un rapport de force digne d'une grande coalition à l'allemande, gauche et droite revendiquent toutes deux le poste.

Pour la gauche, le poste pourrait servir de monnaie d'échange pour être sûr de décrocher la diplomatie et les affaires économiques, selon une source européenne. Quant à la droite, qui reste majoritaire, elle n'entend pas perdre cette fonction d'influence. Plusieurs chefs de gouvernement ont été approchés, notamment le Polonais Donald Tusk.

jlb/cel/abk

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