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A l'hôpital Al-Wafa à Gaza, patients et personnel vivent dans la peur

A l'hôpital Al-Wafa à Gaza, patients et personnel vivent dans la peur

A l'hôpital Al-Wafa de Gaza, un centre de réadaptation bombardé trois fois depuis le début du conflit, une poignée de docteurs et d'infirmières apportent des soins aux patients et se demandent comment faire pour les protéger des raids israéliens.

Les malades, la plupart paralysés ou dans le coma, sont alités dans la salle de réception de l'hôpital, où le personnel les a regroupés après qu'un missile a frappé le 4e étage.

Situé à Chajaya, dans l'enclave palestinienne, cet hôpital a demandé la protection des agences humanitaires internationales et assuré que l'établissement est connu de l'armée israélienne, ce qui ne l'a pas empêché d'être à nouveau bombardé mardi soir.

Peu après ces frappes, l'armée israélienne a contacté l'hôpital à trois reprises, demandant au personnel d'évacuer l'établissement d'ici mercredi matin, en prévision d'une intensification des frappes.

Mais, souligne le directeur de l'établissement, Basman Al-Achi, les 14 patients ne peuvent être déplacés. Et même s'ils pouvaient l'être, il n'y a guère de lieu où les emmener. "Il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza! Si un hôpital ne l'est pas, qui l'est?" se lamente-t-il.

"Nous ne pouvons pas laisser nos patients, ils sont sans défense. Ils ne peuvent ni bouger, ni marcher, ni manger", plaide-t-il.

Alors même qu'il parle, les fenêtres de l'hôpital vibrent sous l'impact des bombardements.

Au moins 213 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués à Gaza depuis le début le 8 juillet de l'offensive aérienne israélienne visant à mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes depuis la bande de Gaza contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas.

Selon le docteur Hassan Sarsour, il est fortuné que de nombreux patients soient inconscients et ne se rendent pas compte de la guerre en cours.

Mais pour les autres, la situation est terrifiante.

"Durant la nuit, plusieurs patientes pleuraient et agrippaient nos mains tellement elles avaient peur", témoigne-t-il.

Aya Abdine, une des huit femmes soignées à Al-Wafa, est paralysée des membres inférieurs en raison d'une tumeur à la moelle épinière. "Hier, quand on nous a demandé d'évacuer, j'étais effrayée à cause des bombardements tout autour. L'hôpital tremblait", confie-t-elle.

Karam Choublaq lui aussi est impotent des membres inférieurs après avoir été blessé par balle en 2006 et doit vivre avec une poche de recueil.

"Nous nous réveillons avec les bombardements et nous nous couchons avec les bombardements", lâche-t-il. "Nous ne pouvons même pas bouger. (L'aviation) a frappé plusieurs fois le 4e étage donc nous avons déménagé plus bas".

Pour assurer les soins, le personnel travaille par vacation de 24 heures, luttant contre la fatigue mais aussi la peur.

"Nous sommes des êtres humains, bien sûr que nous sommes effrayés", observe M. Sarsour. "Nous ne savons pas ce que nous devons faire pour protéger nos patients. Nous avons vidé tous les étages à l'exception de la réception".

Plusieurs patients ont été renvoyés dans leurs familles mais d'autres ont besoin de soins médicaux que leurs proches ne sauraient leur fournir.

Nour, 16 ans, dort à l'hôpital depuis une semaine pour veiller sur son frère de 13 ans, Mohammed, qui est dans le coma après une noyade. Il est allongé immobile sur un lit, ses yeux à demi-ouverts, alors que Nour tente d'éloigner les mouches.

"Nous voulions le prendre à la maison mais le tube dans sa trachée nécessite une machine pour aspirer, et nous n'avons pas toujours d'électricité", explique l'adolescent.

Il reste aux côtés de son frère, lui parle, lui verse des gouttes dans les yeux. "Je veux qu'il sente que quelqu'un est toujours là. Je lui dis que ses amis lui manquent. Je lui parle de tout, sauf de la guerre".

Les docteurs d'Al-Wafa ont appelé les agences internationales pour qu'elles obtiennent des assurances d'Israël que l'hôpital ne serait pas de nouveau ciblé.

Un groupe de militants pro-palestiniens étrangers a décidé de rester dans l'hôpital en espérant que leur présence dissuaderait Israël de le viser à nouveau.

"Les Israéliens ont dit aux agences (internationales) que l'hôpital n'était pas la cible, seulement le secteur autour du bâtiment. Mais ils nous ont déjà frappés directement", déplore le dr Sarsour.

"Nous sommes sans défense. La guerre vient à nous et il n'y a rien que nous puissions faire pour l'arrêter", lâche-t-il.

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