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Un prêtre pédophile, «c'est déjà trop», dit Mgr Jean-Claude Turcotte

Un prêtre pédophile, «c'est déjà trop», dit Mgr Jean-Claude Turcotte
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MONTRÉAL - Un prêtre pédophile sur 50, ce n'est pas «énorme», mais un prêtre pédophile, «c'est déjà trop», a lancé l'ancien cardinal Jean-Claude Turcotte en réaction à des propos tenus par le pape François.

Le souverain pontife a déclaré que certains de ses collaborateurs estimaient à deux pour cent le nombre de prêtres pédophiles au sein de l'Église catholique. En entrevue au quotidien italien La Repubblica, le pape François a dit qu'au lieu de le rassurer, cette statistique avait eu l'effet contraire.

Qui plus est, selon le pape François, d'autres individus au sein de l'Église — encore plus nombreux, ceux-là — sont au courant que des gestes répréhensibles sont posés, mais ils se taisent, ce qui empêche d'enrayer le phénomène de façon efficace.

L'archevêque émérite Jean-Claude Turcotte, qui s'est retiré il y a un peu plus de deux ans, n'a pas voulu se prononcer sur la prévalence du phénomène qu'il soutient avoir «toujours détesté énormément». Il juge malgré tout que ce pourcentage, bien que marginal, est tout de même «inacceptable».

«On parle de deux pour cent. (...) C'est pas énorme, mais un (prêtre pédophile), c'est de trop», a-t-il laissé tomber en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

En ce sens, il a dit accueillir favorablement le jugement rendu la semaine dernière contre les pères rédemptoristes du Collège Saint-Alphonse, qui devront dédommager financièrement les victimes des sévices sexuels commis entre les murs de cet établissement entre 1960 et 1987.

«Je pense qu'on a eu raison de le faire, parce que ce sont des choses qui ne sont pas acceptables, a-t-il souligné. Et s'il y a des gens qui se sont mal comportés, ils paient pour leur comportement. C'est normal qu'on paie pour les torts qui ont été commis.»

De son côté, l'Association des victimes de prêtres (AVP) a fait valoir que les statistiques avancées par le pape François étaient «franchement scandaleuses», surtout en considérant qu'elles ne tiennent pas compte de la quantité de victimes qui ont pu se retrouver dans la mire de cette minorité de prêtres.

«Il faut absolument remettre les choses en perspective. Deux pour cent de la population des prêtres qui seraient pédophiles, ça ne veut pas dire qu'ils ont agressé seulement deux pour cent des gens qu'ils ont connu. En général, un pédophile agresse un grand nombre d'enfants», a plaidé le directeur de l'AVP, Carlo Tarini.

La Conférence des évêques catholiques du Canada estime pour sa part que le pourcentage auquel a fait référence le pape François tient compte des prêtres qui ont été accusés pour des affaires de pédophilie remontant à plusieurs décennies et qui ont été démis de leurs fonctions depuis.

La réalité contemporaine serait donc tout autre, a suggéré l'archevêque de Gatineau, Mgr Paul-André Durocher, qui est aussi président de ce regroupement national des évêques du pays.

«Dans le passé, nous n'avions pas en place les processus de filtrage nécessaires par rapport à cette réalité-là. Ils ont été mis en place depuis», a-t-il assuré à l'autre bout du fil.

Les candidats à la prêtrise doivent désormais se soumettre à des évaluations psychologiques, et les autorités ecclésiastiques procèdent à une vérification de leurs antécédents, a illustré Mgr Durocher.

Et aux yeux de l'archevêque, en faisant preuve d'une telle lucidité face au fléau de la pédophilie, le pape François poursuit le combat de ses deux prédécesseurs au Saint-Siège, Jean-Paul II et Benoît XVI. Un combat qui est toutefois loin d'être terminé.

«Les pays (anglo-saxons) comme le Canada, les États-Unis et et la Grande-Bretagne ont fait des progrès. (...) La question n'a pas beaucoup rejailli encore en Amérique latine ou en Afrique. Est-ce que c'est la même réalité? Je pense que présentement, de grands pas sont faits pour aller vérifier la réalité sur le terrain dans ces pays-là», a-t-il signalé.

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