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Mondial-2014 - Madame Lucie et les Brésiliens veulent la révolution

Mondial-2014 - Madame Lucie et les Brésiliens veulent la révolution

"Quelle honte!". C'est la phrase qui revient le plus souvent dans les conversations des Brésiliens sur le bilan de la Seleçao, qui quitte son Mondial sur une nouvelle humiliation (3-0) contre les Pays-Bas. Le pays du football doit revoir son organisation.

"Dona Lucia" est devenue un symbole négatif. L'encadrement brésilien avait lu une lettre de soutien de cette dame au lendemain de l'élimination contre l'Allemagne (7-1) en demi-finale, preuve selon eux que le pays était derrière ses joueurs malgré la déroute. Aujourd'hui la presse et le Brésilien de la rue parlent en son nom pour critiquer leur équipe et la Fédération.

Le journal Lance signe notamment, à sa Une, une fausse lettre de Madame Lucie demandant un grand coup de balai.

Ce Brésil-là restera dans l'histoire! Avec le 7-1 contre l'Allemagne, plus grosse défaite de la Seleçao de son histoire, plus grosse déroute d'une équipe en demi-finale, la sélection de 2014 est celle qui a pris le plus de buts en Mondial (18). Et tout ça à domicile.

Les joueurs et le sélectionneur plaident l'accident contre l'Allemagne et l'onde de choc de cet accident contre les Pays-Bas. "Je veux demander pardon au peuple brésilien. Le black-out contre l'Allemagne a hypothéqué notre Mondial. La défaite contre les Pays-Bas en est la conséquence", a affirmé le capitaine Thiago Silva qui, à l'image de ses coéquipiers, n'a pas su reproduire avec la Seleçao son niveau de jeu en club.

Comment expliquer que la charnière la plus chère du monde prenne des buts de débutants? Qu'un milieu composé de joueurs de Manchester City, de Tottenham ou d'un ancien du Bayern soit régulièrement dominé? Que des latéraux de l'Inter Milan, Real Madrid ou Barcelone soient inoffensifs et pitoyables en défense? Et que dire d'une attaque brésilienne qui historiquement a toujours été bonne et qui n'a jamais su convaincre?

Il avait le crédit du champion du monde de 2002. Il a désormais la honte du Mineirazo 2014... En quelques jours, il est passé de héros à vilain. Il faut dire que le coach a été dans le déni, du début du Mondial jusqu'à la catastrophe finale, se reposant à chaque fois sur la victoire en Coupe des Confédérations érigée en grande compétition alors qu'elle reste une série de matches amicaux... Tous les voyants étaient au rouge dès la première phase où le Brésil s'en est remis à Neymar. En 8e il est passé près de l'élimination contre le Chili (1-1, 3 t-a-b à 2), sauvé par une transversale à la 120e. Et, face à la Colombie, il a durci le jeu face à une équipe naïve, avec comme conséquence finale la perte de son meilleur joueur...

Contre l'Allemagne, Scolari a proposé un schéma tactique ne prenant en compte ni la force de l'adversaire, ni l'absence de Neymar. Pour résumer, il parait un technicien aux idées désuètes et au discours ancien.

La presse n'écarte même plus l'arrivée d'un sélectionneur étranger pour le pays. Un comble.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a demandé des réformes, Romario veut mettre les dirigeants en prison et la presse tire à boulets rouges sur la Fédération. Et même Thiago Silva dit qu'il "faut évoluer". Si Scolari dit qu'il faut construire sur la place de demi-finaliste, il faut surtout réformer. Les chantiers: la Confédération brésilienne qui semble loin des réalités, les championnats et les calendriers, le fonctionnement gangréné par la corruption, les agents et les promoteurs.

Seul rayon de soleil pour le Brésil: Neymar. La star, née sous une bonne étoile, a miraculeusement échappé à la curée en subissant une fracture de la 3e vertèbre lombaire en quart de finale. Il aura ainsi évité de participer au désastre. Mais le gamin de 22 ans a été exemplaire en se montrant solidaire de ses coéquipiers, venant devant la presse pour leur éviter d'avoir à comparaître devant des médias hostiles. Un leader, qui sportivement avait répondu présent avec 4 buts, un tir au but réussi lors de la séance contre le Chili et une passe décisive et demie. Il est l'avenir.

"13, 14, 15 joueurs continueront à être sélectionnés" a souligné Scolari. C'est sans doute vrai: Thiago Silva, David Luiz, nullissimes contre les Pays-Pas, restent des grands joueurs. Marcelo, Luiz Gustavo, Fernandinho, Paulinho, Ramires, Willian, Oscar jouent dans de grands clubs et personne ne discute leur qualité individuelle. En revanche, il faudra renvoyer les "vieux" chez eux à commencer par Fred, invisible, mais aussi ceux qui n'ont plus la flamme sacrée comme Dani Alves.

Après la gueule de bois, les 200 millions de Brésiliens espèrent que sur le champ de ruines sportif de ce Mondial, le Brésil, cinq fois champion du monde, pourra renaître de ses cendres tel un Phénix.

pgf/jta

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