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Guerre de Gaza: affaibli, le Hamas n'a rien à perdre

Guerre de Gaza: affaibli, le Hamas n'a rien à perdre

Le Hamas, aux abois économiquement, isolé politiquement et abandonné par son ancienne alliée l'Egypte, n'a plus rien à perdre dans la nouvelle guerre, la troisième en six ans, qui l'oppose à Israël dans son fief de Gaza, selon des experts.

Si les frappes israéliennes ont infligé de lourdes pertes humaines à Gaza, en grande majorité des civils, et le Hamas a vu sa puissance de feu pilonnée et ses dirigeants ciblés, le mouvement islamiste palestinien est loin d'avoir perdu la bataille.

"Ce que le Hamas veut de cette guerre, c'est montrer qu'il est encore en mesure de défendre la population", observe Akram Attallah, un expert indépendant.

Pour lui, si le Hamas parvient, à l'issue de négociations pour le moment hypothétiques, à arracher des concessions à Israël, comme un levée ou un allègement du blocus en vigueur depuis 2006 en échange d'un cessez-le-feu, il se retrouvera "plus populaire et financièrement mieux portant".

Car le mouvement islamiste, qui contrôle l'enclave palestinienne depuis 2007, a essuyé revers après revers ces derniers mois.

D'abord, il a perdu l'indéfectible soutien des Frères musulmans égyptiens après la destitution en juillet 2013 de l'islamiste Mohamed Morsi et l'arrivée au pouvoir de l'artisan de cette chute, Abdel Fattah al-Sissi.

Dans la foulée, l'Egypte a détruit les tunnels de contrebande reliant la bande de Gaza au Sinaï égyptien et a fermé le terminal frontalier de Rafah, réduisant les revenus du Hamas à peau de chagrin.

Et le Hamas se retrouve encore plus isolé qu'avant l'accord de réconciliation conclu le 23 avril avec le président palestinien Mahmoud Abbas, à qui il a officiellement rendu le pouvoir, tout en gardant la haute main sur la sécurité à Gaza.

Etranglé financièrement, il est dans l'incapacité de payer les salaires de ses quelque ex-40.000 ex-fonctionnaires depuis la formation le 2 juin d'un gouvernement de consensus composé de personnalités indépendantes, commun à Gaza et à la Cisjordanie.

"Quel que soit le résultat de la guerre, le Hamas n'a rien à perdre", résume Moukhaïmer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l'université Al-Azhar de Gaza.

"Le Hamas veut revenir dans le jeu politique après la destitution de Mohamed Morsi et plus d'une année de marginalisation", ajoute-t-il.

"Ils ne sont plus au gouvernement et l'argent ne rentre plus ni à travers les tunnels ni via les impôts", souligne cet expert.

En dépit de bilans humains et matériels très élevés, le mouvement islamiste a revendiqué des "victoires" au lendemain de ses précédentes confrontations avec Israël (2008-2009 et 2012) qui lui ont permis de renforcer son autorité à Gaza.

Elle lui ont aussi valu une hausse de l'assistance internationale.

Si tel est le pari et qu'il se révèle gagnant, le Hamas se retrouverait de nouveau en position de bienfaiteur à Gaza.

"Le Hamas juge que les pertes et le sang versé dans la guerre vont lui octroyer une importance accrue", estime Adnane Abou Amer, professeur à l'université Oumma de Gaza.

A ce jeu-là, M. Abbas pourrait bien être "le grand perdant", car "si la guerre s'achève avec des gains politiques pour le Hamas, ce dernier regagnera en puissance", prévient M. Abou Amer, tout comme M. Abou Saada.

Autre avancée dont le Hamas serait le bénéficiaire: un rapprochement avec l'Egypte du président Sissi qui, jusqu'à présent, s'est montrée très timide dans ses efforts de médiation pour obtenir une trêve.

"Le Hamas espère que le conflit et ses victimes à Gaza vont embarrasser l'Egypte et conduire à l'ouverture d'un canal de communication au plus haut niveau avec l'Egypte", explique M. Abou Saada.

Mais le risque est gros pour le Hamas. En cas d'échec de sa stratégie, il pourrait perdre sa mainmise sur la bande de Gaza, voire être remplacé par des groupes islamistes plus radicaux.

sah-alf/agr/fcc

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