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Sinjar, dans le nord de l'Irak, affiche complet après un afflux de déplacés

Sinjar, dans le nord de l'Irak, affiche complet après un afflux de déplacés

Les écoles, les mosquées, et mêmes les sanctuaires de Sinjar, ville du nord de l'Irak, ont accueilli plus de 50.000 personnes ayant fui l'offensive des insurgés. Mais aujourd'hui, les autorités sont à court de ressources pour faire face à cet afflux.

"Nous n'avons plus de place pour installer les déplacés", regrette Myaser Haji Saleh, responsable local, l'air abattu.

Des dizaines de milliers de personnes ont fui Tal Afar, ville de la province de Ninive (nord), dont se sont emparés le 23 juin des insurgés sunnites, menés par les jihadistes, dans le cadre d'une offensive lancée le 9 juin qui a vu de larges pans du territoire irakien passer sous leur contrôle.

Quelque 58.000 d'entre eux --en majorité des enfants-- ont trouvé refuge à Sinjar, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest en direction de la frontière syrienne.

Rapidement, les bâtiments de cette ville de 300.000 habitants, en majorité de la minorité des Yazidis, n'ont pas suffi à les loger.

"Nous avons ouvert les écoles, les mosquées et les sanctuaires pour eux", déclare M. Saleh. "Pendant les premiers jours, les gens ont fourni l'aide (nécessaire) en attendant l'arrivée des organisations internationales".

Aujourd'hui, le principal problème de M. Saleh, et de sa ville, est de "loger ce nombre important de déplacés".

"Nous avons désespérément besoin d'ouvrir un camp pour eux", explique-t-il.

Mais un camp de réfugiés n'est peut-être pas la meilleure solution dans une région si vulnérable. La première ville tenue par le gouvernement se trouve à plusieurs heures de route, tandis que les insurgés sont tout proche.

Protéger à la fois la ville et un camp de déplacés serait une tâche trop importante pour les Peshmergas --les forces kurdes-- qui contrôlent Sinjar.

"Nous avons peur qu'ils soient attaqués", explique M. Saleh.

Pendant ce temps, dans la ville, les problèmes se multiplient.

Avec l'augmentation brutale de la population, le système de traitement des déchets et des eaux usées ne suffit plus. Des familles réfugiées dans une école pour filles n'ont qu'une heure d'électricité par jour, et doivent rester dehors une bonne partie de la journée, dans la chaleur brûlante de l'été.

Malgré la fournaise ambiante, de nombreux réfugiés ont dû brûler des chaises en bois pour faire la cuisine.

Suite à une visite dans la ville le mois dernier, l'ONU a mis en garde contre la surpopulation, les mauvaises conditions d'hygiène, et l'accès limité à l'eau potable, qui augmente les risques de maladies.

"Nous ne savons pas que faire, ni où aller", déplore Zaineb Jarallah, à laquelle s'accrochent ses deux petits-enfants. "Ce qui s'est passé nous a pris par surprise".

"Nous avons vu la mort de nos propres yeux", ajoute la femme de 68 ans.

De nombreux habitants ont cherché à gagner Dohouk, une des trois provinces de la région autonome du Kurdistan. Mais Erbil, la capitale de cette région, refuse l'entrée du territoire aux non-Kurdes n'ayant pas un "parrain" local.

A Sinjar, la surpopulation est telle que les déplacés cherchent même refuge dans le sanctuaire de Sayyeda Zeinab, fille de l'imam Ali et figure vénérée de l'islam chiite.

Les femmes sont assises à l'intérieur tandis que les hommes restent dehors, surveillant les enfants qui jouent dans un cimetière voisin.

D'autres, qui n'ont pas trouvé d'abri en dur, se contentent de grands morceaux de tissus tendus entre deux voitures, une tentative de se protéger du soleil. Parmi eux, une mère tient dans ses bras son bébé de deux jours.

Tout près, Saad Yunus, 39 ans, et son frère Ali, 44 ans, qui ont fui Tal Afar, ont eu recours à la même technique pour tenter de soustraire leur famille à la chaleur.

"Toutes les routes étaient bloquées pour nous", se rappelle Saad. "Nous sommes coincés ici et dans quelques jours, nos économies seront épuisées", ajoute-t-il.

"Nous ne savons pas quoi faire".

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