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A Santa Rosa, la cohabitation des victimes du conflit armé colombien

A Santa Rosa, la cohabitation des victimes du conflit armé colombien

A Santa Rosa, un quartier misérable du sud de Bogota, les habitants incarnent un espoir, celui d'une cohabitation possible entre les victimes du conflit armé qui secoue la Colombie.

Propriétaire d'une petite entreprise de confection, Ciro Guerrero est un ancien combattant des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la principale guérilla du pays qui a commémoré cette année son cinquantième anniversaire en pleine négociation de paix avec les autorités.

Après s'être démobilisé en 2003, cet homme de 44 ans, originaire de la province de Cundinamarca (centre) a connu l'exil en raison du plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts et 5 millions de déplacés.

"J'avais une ferme où je suis retourné quand j'ai laissé les Farc, mais ils m'ont tué deux frères", raconte à l'AFP l'ex rebelle marxiste qui, arrivé dans la capitale colombienne, a suivi un programme de réinsertion et fondé grâce à des crédits du gouvernement sa société où il emploie d'autres démobilisés du conflit.

"Quand j'ai eu l'opportunité, j'ai travaillé avec application et cela m'a réussi", se félicite-t-il.

Retourner un jour dans sa région où sont restés ses parents ? L'idée est exclue : là-bas "si ce n'est pas la guérilla, ce sont les paramilitaires qui te harcèlent".

Particulièrement complexe, le conflit interne a mêlé l'armée à des guérillas communistes mais aussi des milices paramilitaires d'extrême droite qui, officiellement dissoutes depuis 2006, se sont souvent reconverties en bandes criminelles.

Une ONG française, Projeter sans Frontières, qui s'est investie dans ce quartier, lui a aussi apporté une aide, des clients et elle participe à la formation de nouvelles couturières, souvent des mères de famille célibataires.

Coordinateur d'un projet de potagers urbains, Cesar Lechemia explique que l'objectif est de favoriser une "construction sociale de cette zone où se concentrent beaucoup de déplacés et de démobilisés".

A l'origine, le quartier de Santa Rosa était un complexe résidentiel des années 90 que les habitants ont délaissé après l'apparition de nombreux problèmes d'infrastructures et des failles dans les immeubles.

Ce sont les déplacés du conflit qui ont réinvesti les lieux, sous la menace permanente d'une démolition, il y a déjà dix ans, certains squattant des maisons placées sous scellés.

Dans les rues défoncées de ce quartier de 3.000 habitants, situé près d'un précipice, les victimes et les anciens combattants comme Guerrero se croisent tous les jours.

Parmi les victimes, Luz, une femme de 65 ans qui ne souhaite pas donner son nom, est arrivée à Santa Rosa après avoir erré durant dix ans dans le pays et connu "beaucoup de violence, d'injustice et de morts".

Occupant illégalement avec son mari et deux de ses six enfants une petite maison, elle a elle aussi bénéficié de l'action de l'ONG française et construit son propre potager qui lui permet de nourrir sa famille.

"J'ai pris des cours de couture, je sais faire des collants et maintenant je vais apprendre à faire des vêtements pour bébé", lance-t-elle, en ramassant des salades dans son jardin. Enthousiaste, elle envisage de créer à son tour une petite entreprise de confection.

L'afflux de nouvelles victimes n'est pas près de se tarir à Santa Rosa. Après une récente explosion de la violence à Buenaventura, le principal port du Pacifique colombien, on estime qu'au moins 200 personnes déplacées sont venues s'entasser dans les maisons abandonnées du quartier.

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