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Le photographe David Bailey présente ses "tribus" à Arles

Le photographe David Bailey présente ses "tribus" à Arles

C'est l'une des figures du "Swinging London" des années 1960, le photographe britannique qui a inspiré le personnage du film "Blow-up" d'Antonioni, l'ex-mari de Catherine Deneuve: David Bailey présente à Arles plus de 50 ans de portraits, regroupés par "tribus".

"Ce n'est pas une rétrospective", tient à souligner d'emblée, dans un entretien à l'AFP, l'artiste de 76 ans venu accrocher en personne son exposition, montrée cet hiver à la National Portrait Gallery de Londres.

Pas question non plus d'être présenté comme "un spécialiste du portrait": "Je ne suis spécialisé en rien. Je continue à faire des films, à sculpter, à peindre, à photographier", souligne l'artiste qui travaille à Londres.

Une fois posés ces préalables, l'entretien se déroule dans la bonne humeur, ponctué de rires de l'artiste, attablé à une terrasse d'hôtel. Il porte une casquette rouge, un petit foulard bleu, un sweat vert et un coupe-vent.

L'exposition est construite autour du "tribalisme", explique Bailey, qui a longtemps travaillé sous contrat pour le magazine Vogue.

Il égrène: il y a "la tribu de l'East End", le quartier déshérité de Londres où il est né en 1938. La "tribu des années 1960" avec le mannequin Jean Shrimpton, les Beatles, Mick Jagger. La "tribu cannibale" de Papouasie-Nouvelle-Guinée photographiée en 1974. La "tribu de Catherine Bailey", mannequin rencontrée en 1983, son épouse actuelle avec laquelle il a trois grands enfants. "La tribu des Nagas", près de la Birmanie, découverte en 2012 lors d'un voyage physiquement éprouvant pour le septuagénaire...

Bailey revendique "trois influences" pour son art: Walt Disney, dont il reproduit avec succès le Bambi vers l'âge de 12 ans, ce qui lui donne envie de devenir peintre. Picasso, que lui fait connaître un ami passé par une école d'art. Henri Cartier-Bresson, enfin, dont il découvre vers l'âge de 17 ans une photographie montrant trois femmes indiennes regardant la vallée du Cachemire.

Issu d'un milieu modeste --son père est tailleur, sa mère, opératrice -- Bailey a photographié les plus grands au cours de sa carrière.

"East End était un peu différent du reste de Londres. Il y avait une certaine forme d'humour, liée au fait qu'il y avait beaucoup de Juifs et d'Irlandais", dit-il. "Je l'ai gardé".

"A l'école, on me traitait de pauvre idiot. En fait, je suis dyslexique". Bailey quitte le système scolaire à 15 ans, vit de petits boulots avant de faire son service militaire pendant deux ans dans la Royal Air Force qui l'envoie à Singapour.

De retour à Londres, il devient l'assistant du photographe de mode John French. Dès 1960, il travaille pour Vogue et rencontre Jean Shrimpton dont la beauté moderne incarne l'esprit d'insouciance du "Swinging London", où triomphe la pop culture.

Pour le film "Blow-up" (1966), Bailey raconte qu'au départ, le producteur Carlo Ponti lui avait proposé de jouer le rôle du photographe. "J'ai répondu que j'étais totalement dyslexique et incapable de retenir un dialogue!", dit-il en riant. Il confie qu'il n'a "jamais aimé le film".

Il évoque avec plaisir Catherine Deneuve, épousée en 1965. "Elle est formidable. Je l'aimais, mais comment vivre ensemble alors que nous ne voyions jamais du fait de nos métiers", assure-t-il. Le couple divorce en 1972.

Proche de Mick Jagger, Bailey réalise des portraits iconiques du chanteur des Rolling Stones.

C'est un rapide: quelques clics lui suffisent. Mais auparavant, il prend le temps de parler au modèle pour connaître sa personnalité. Il s'éloigne de la mode dans les années 1980, réalise beaucoup de films publicitaires.

Il est venu à Arles avec son épouse "fantastique", Catherine, dont il admire la "beauté romaine". Et Bailey, déjà auteur de 35 livres, en prépare six autres. Dans l'exposition, il présente plusieurs "Vanités", notamment un crâne avec des roses bleues (2008).

A-t-il peur de la mort? "Je n'ai pas le choix. Mais cela présente des inconvénients. J'ai encore beaucoup de choses à faire".

"J'espère que je mourrai en riant", ajoute-t-il en s'esclaffant.

pcm/na/kat/abk

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