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Fabrice Eboué au Festival Juste pour rire: fuir la médecine grâce à l'humour

Fabrice Eboué au Festival Juste pour rire: fuir la médecine grâce à l'humour
Facebook Fabrice Eboué

Avec son bagage familial, Fabrice Eboué avait une voie toute tracée devant lui. Papa gynécologue. Frérot gynécologue. Et sœurette gynécologue aussi.

À la fin de l’adolescence, le garçon s’est laissé attendrir par la vocation des siens en donnant un coup de main à son père au bloc opératoire, mais il n’a jamais étudié la médecine à proprement parler, se contentant d’assister et de passer les outils. Lorsqu'est venu le temps de fixer son choix de carrière, ses talents d’amuseur l’ont tout naturellement guidé vers la profession d’humoriste. Et ses proches l’ont encouragé.

«Je crois que ç’a été une façon pour moi de fuir la gynécologie, rigole Fabrice. Mais ce n’est pas un métier que j’ai choisi. Je m’y suis mis petit à petit. Je dis souvent que la scène, pour moi, a été le prolongement de l’estrade, à l’école. J’étais un peu réfractaire à l’autorité, aux études, et j’ai toujours aimé faire rire mes camarades.»

De petits théâtres en «salles très, très vides», Fabrice Eboué a tranquillement imposé son nom en France et a traversé à bon rythme dans la cour des grands. Il fait maintenant figure de coqueluche chez nos cousins. Depuis ses débuts, en 1998, l’artiste a notamment été du Jamel Comedy Club, émission-culte produite et animée par Jamel Debbouze, à Canal+, qui a révélé quantité de jeunes étoiles, et a tenu des chroniques à la radio auprès de Laurent Ruquier, à On va s’gêner, sur les ondes d’Europe 1. Il a joué dans une dizaine de films, en a écrit trois et réalisé deux, en plus de collaborer au scénario du Inside Jamel Comedy Club, série documentaire parodique portant sur la tournée de la bande propulsée par Debbouze. Il a présenté son premier spectacle solo, Faites entrer Fabrice Eboué, en tournée, souvent à guichets fermés, sur les routes d’Europe pendant trois ans, entre 2008 et 2011. Il promène maintenant son deuxième effort, Fabrice Eboué, levez-vous, depuis l’automne.

Copain de Gilbert Rozon, Fabrice s’est vite retrouvé dans la mire de ce dernier, qui était convaincu que son style dynamique de stand up, fondé sur «un rire aux 30 secondes» (même si Eboué déteste l’expression), cadrait parfaitement avec les goûts des festivaliers de Juste pour rire. Nous pourrons ainsi savourer ses blagues à caractère sociologique dans les trois prochaines semaines, au Monument-National.

«J’aime casser le mur et parler aux gens directement, explique-t-il. On est entre potes et on boit une bière. Je suis très ironique. Quand les médecins travaillent aux urgences, ils vivent parfois des drames et des opérations très difficiles. Ils conservent leur humour pour avoir un certain recul. À défaut de m’avoir transmis la médecine, on m’a transmis ce type d’humour, sans filtre.»

Immigration et religion

Le mot «choquer» ne fait pas partie du vocabulaire de Fabrice Eboué. Mais les épidermes fragiles trouveront peut-être qu’il n’y va pas de main morte en n’abordant pratiquement que des thèmes qui «secouent la société», comme il le souligne lui-même.

Né d’un couple qui a dû se battre contre les préjugés dans les années 1970, formé d’un père camerounais et d’une mère normande, notre homme est bien placé pour se moquer de nos malaises culturels collectifs. Et, lui qui a vu le jour et a grandi en France, connaît bien les susceptibilités de son peuple et sait les désamorcer, en traçant habilement le parallèle avec la réalité québécoise, avec laquelle il est familier pour avoir déjà tourné un film à Montréal (Fatal, de Michael Youn, avec Stéphane Rousseau). Certains de ses cousins camerounais ont aussi élu domicile chez nous.

«L’identité est un sujet très important pour moi. J’aime cultiver ma double culture. Contrairement à certaines personnes, je ne crois pas que l’immigration tue la culture. Au contraire, additionner les cultures, c’est une richesse énorme. En France, on a tout un débat autour de l’intégration, notamment des personnes de l’Islam, dans la société française. On voit des gens qui se convertissent en France pour partir en Syrie ou en Irak. Je sens qu’il y a beaucoup plus d’ouverture au Québec qu’en France à cet égard. Je me suis déjà demandé si les nombreux Africains qui ne sont pas acceptés en France ne sont pas directement envoyés au Québec! (rires)»

«Je traite aussi de toute la question des droits des homosexuels, du mariage et de l’adoption. Au Québec, il y a beaucoup plus d’avancées à ce niveau. En France, la chose est moins balancée qu’ici. Et je parle beaucoup de religion, parce que j’ai été élevé dans la religion catholique, dans des écoles privées. J’ai pris un peu de recul vis-à-vis tout ça, et maintenant, je préfère en rire. Je me demande, entre autres, pourquoi tant de catastrophes naturelles s’acharnent sur Haïti, alors que ce pays est extrêmement croyant. Bizarrement, on dirait que ce sont les gens qui sont le plus dans la merde qui croient le plus en Dieu…»

Fabrice Eboué, levez-vous, est au programme du Festival Juste pour rire, du 8 au 11, puis du 15 au 19, et le 22 juillet, au Monument-National. Fabrice participera aussi à un Gala Juste pour rire la semaine prochaine. Consultez le hahaha.com pour plus d’informations.

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