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La «lune de miel» avec un nouveau-né existe-t-elle?

La «lune de miel» avec un nouveau-né existe-t-elle?
kristian sekulic via Getty Images

Hier, une conversation avec une copine m’a fait réfléchir à l’image qu’on envoie aux futures mères des premiers jours qu’elles passeront avec leurs nouveaux-nés. Mon amie, dont les enfants ont souffert de graves problèmes de reflux, me racontait son amertume de ne pas avoir pu vivre cette fameuse «lune de miel», cette période où toute la famille vit en fusion, dans un beau cocon d’amour et de sérénité, découvrant le petit nouveau qui en fait désormais partie…

Dans son cas, cet état d’extase avait stoppé dès la première tétée de ses enfants, qui se sont aussitôt mis à hurler de douleur et n’ont pas cessé pendant des mois.

Je lui ai répondu que moi non plus, je n’avais pas connu cette lune de miel. Les semaines suivant la naissance de mes enfants ont été marquées par de gros problèmes d’allaitement, entraînant inquiétude (bébé ne prend pas de poids), angoisse (va-t-on finir par trouver une solution?) et tristesse (je ne serai pas capable d’allaiter mes enfants comme je le voulais). Quand je repense au mois suivant la naissance de mon aînée, je vois un trou noir, celui où mon chum et moi avons eu l’impression d’être plongés sans préavis, seuls au monde avec notre détresse.

Depuis, je me demande: est-ce que cette lune de miel est un mythe? Le système hormonal en folie, en grave manque de sommeil, désarçonnés par un bébé qui ne réagit pas comme dans les livres, n’est-il pas plus normal d’en arracher un peu plutôt que de vivre sur un nuage? Et ça, c’est seulement quand tout va sur des roulettes: si on ajoute des contrecoups de césarienne, des problèmes d’allaitement, des soucis de santé pour le bébé, les nuages virent vite au noir. Et encore, ce n’est rien à côté des familles qui accueillent un bébé prématuré ou souffrant d’un grave problème de santé…

Je ne dis pas que les moments de grâce n’existent pas, bien sûr. Même dans les journées les plus difficiles, il y a des éclaircies où on est submergées d’amour en admirant le petit être parfait qui repose dans nos bras, n’en revenant pas de notre chance d’être le parent d’un bébé aussi magnifique.

Mais si on offrait aux futures mères une image moins rose bonbon de ce qui les attend, le choc serait peut-être moins brutal pour plusieurs. Elles sauraient que ce n’est pas parce qu’elles ont perdu leur santé mentale qu’elles pleurent chaque jour, et qu’elles ne sont pas incompétentes parce qu’elles sont démunies devant des pleurs incompréhensibles. Et des mères comme ma copine n’auraient pas le coeur gros d’avoir été privées d’une lune de miel qui, peut-être, n’est qu’une illusion…

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