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Jacques Parizeau attristé par le décès de Jean Garon

Jacques Parizeau attristé par le décès de Jean Garon
Agence Québec Presse - Pierre Roussel

QUÉBEC - C'est un Jacques Parizeau visiblement peiné qui répond au téléphone. «Je suis très triste. C'est encore un autre membre du formidable cabinet de René Lévesque qui disparaît», a-t-il dit mercredi au sujet de son ex-collègue Jean Garon, décédé mardi soir d'une crise cardiaque à l'âge de 76 ans.

L'ex-premier ministre a d'ailleurs signé la préface de Pour tout vous dire, la biographie que Jean Garon a fait paraître l'an dernier. «Ça vous dit à quel point nous étions proches.»

Les deux hommes ont siégé côtes à côtes dans le premier conseil des ministres de René Lévesque en 1976. Jacques Parizeau dirigeait le ministère des Finances, tandis que Jean Garon avait reçu le mandat de redresser le monde agricole. Les revenus des agriculteurs s'étaient effondrés dans les deux années précédentes.

Déterminé, «bourru» dira même Jacques Parizeau, Jean Garon a donné un coup de barre nécessaire. Il a instauré l'Assurance stabilisation du revenu agricole, de même que la Loi sur la protection des terres agricoles, afin de protéger les terres arables contre l'étalement des banlieues.

«Il a obtenu des résultats étonnants, souligne Jacques Parizeau. La production céréalière a triplé. Le taux d'autosuffisance alimentaire a doublé.»

La «méthode Garon»

Pour l'ex-chef péquiste, ce succès tenait à la «méthode Garon». «Je dis dans cette préface [de Pour tout vous dire] que toute personne qui se prépare à être ministre ou qui vient d'être nommée ministre devrait lire les mémoires de Jean Garon.»

La «méthode de Garon» consistait à «s'entourer de gens qui ont la même idée que lui, soit le goût de changer les choses et de les améliorer en profondeur», poursuit Jacques Parizeau. «Ensuite, définir un certain nombre d'objectifs. Les tester avec les gens du milieu. Transformer ça en politiques précises, avec des objectifs précis. Et constamment vérifier sur le terrain les résultats que ça produit», ajoute-t-il.

Malgré cette volonté de consensus en amont, Jean Garon n'avait rien d'un diplomate, convient celui qui l'a nommé ministre de l'Éducation en 1994. «Une fois que les lignes directrices étaient bien définies, avec les participants, que les décisions étaient prises, alors c'était un véritable bulldozer. Il voulait des résultats, pas seulement brasser des idées, lancer des choses en l'air, mais faire en sorte que ça aboutisse.»

C'est cette volonté de résultats qui a rendu Jean Garon critique face aux orientations de son parti sur la souveraineté, dit Jacques Parizeau. «Il était un peu amer de voir ce qui arrivait à ce grand rêve qu'on a tous partagé», dit l'ex-chef péquiste.

«C'est toujours la même chose avec Garon, poursuit-il. Il se fixe des objectifs, mais il veut que ce soit atteint. Son amertume, comme celle de beaucoup des gens de cette époque-là, et que je partage aussi jusqu'à un certain point, c'est qu’on avait tout préparé pour que, vraiment, l'objectif se transforme en réalité. Et là, évidemment, depuis quelques années, c'était, disons, plus discutable.»

Jacques Parizeau se défend de vouloir faire un post-mortem de la défaite du PQ aux dernières élections. Toutefois, il ajoute: «Il est certain qu'à partir du moment où le Parti québécois met sa raison d'être un peu sur la glace, tout change. Et c'est ce qui explique les tensions actuelles sur l'orientation, non seulement du Parti québécois, mais du mouvement souverainiste.»

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Jean Garon (archives)

Photos d'archives de Jean Garon

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