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Poissons électriques: des scientifiques ont résolu le mystère de leur évolution

La lumière est faite sur le mystère des poissons électriques
A strange creature, this one is.Shot through the glass at an exhibit in Key Largo, Florida
Kyle Slattery/Flickr
A strange creature, this one is.Shot through the glass at an exhibit in Key Largo, Florida

Dans le monde des poissons, certains sont plus gâtés que d'autres. Pour voir dans les eaux profondes, assommer ou tuer leur proie, ou encore les faire fuir, certaines espèces peuvent compter sur leur mystérieuse capacité à produire de l'électricité. Mystérieuse du moins jusqu'à maintenant, car des scientifiques ont enfin découvert quel était le point commun des poissons électriques.

Leur étude, publiée le 26 juin dans la revue Science, révèlent que les poissons électriques ont développé de la même manière un organe qui peut produire des décharges électriques. Il faut savoir, comme le rappelle le site Wired, que Charles Darwin lui-même s'était penché sur ces incroyables poissons. Il avait déduit de ses recherches qu'il existait six groupes différents de poissons électriques. Et jusqu'à présent, personne ne savait à quel point ils étaient similaires.

Les chercheurs ont ainsi étudié six groupes de poissons électriques différents: les gymnotiformes, les poissons-chats d'Afrique, les uranoscopidae, deux espèces de raie et les poissons-éléphants. Ils ont prélevé des échantillons d'ADN des organes électriques de ces poissons, et les ont comparé avec de l'ADN d'autres tissus, tels que les reins, le cerveau...

Ces six groupes ont évolué de façon indépendante dans les eaux troubles de l'Amazonie ou dans des environnements marins obscurs. Mais ils se sont quand même retrouvés avec la même boîte à outils génétique pour fabriquer un organe générant de l'électricité. Pour Jason Gallant, professeur de zoologie de l'université de l'Etat du Michigan, "c'est vraiment quelque chose d'unique dans le royaume animal".

En effet, tous ces poissons développent leurs organes électriques à partir d'un muscle squelettique via les mêmes gènes et les mêmes voies biologiques. Ils n'ont pourtant ni la même apparence ni une localisation des organes dans le corps similaire.

Batterie en série

Alors, comment est-ce possible? Il faut savoir que toutes les cellules musculaires ont un potentiel électrique, car chaque contraction produit une tension. "Les organes électriques naissent à partir de cellules musculaires. A travers une série de petits développements, ils sont devenus plus gros, plus électriques, et ont perdu leur capacité à se contracter", explique Gallant.

"Chaque cellule de l'organe électrique libère un peu d'électricité, similaire, en magnitude, à nos propres muscles. Le secret de ces organes électriques, c'est que les cellules sont alignées, tassées et électriquement isolées, ainsi la tension s'accroît comme dans une batterie en série", indique le professeur en neuroscience Harold Zakon de l'université du Texas.

De 50 millivolts à 600 volts

En d'autres termes, certains poissons ont exploité cette capacité à produire de petites charges d'électricité. Leurs cellules musculaires, à la base ordinaires, sont devenus des électrocytes, un plus grand type de cellules qui génère bien plus de voltage.

Chaque électrocyte ne produit qu'environ 50 millivolts d'électricité, ce qui n'est pas grand chose... Mais comme les charges de chacune des cellules s'accumulent, une anguille peut par exemple générer une décharge de 600 volts. "Il y a assez de puissance dans l'organe de l'anguille électrique pour qu'elle puisse tuer ce qu'elle veut", souligne Michael Sussman, professeur en biochimie.

Les organes de tous les poissons électriques ne se sont pas développés de façon aussi puissante, selon leurs besoins, ce qui explique certaines différences. Quelques poissons n'ont besoin que d'une faible puissance électrique pour naviguer en eau profonde ou communiquer, d'autres s'en servent pour tuer leur proie ou se défendre.

Selon les scientifiques, le premier organe électrique serait apparu chez un poisson il y a entre 150 et 200 millions d'années. Darwin aurait été content.

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