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Bras de fer Abdullah/Ghani avant les 1ers résultats de la présidentielle afghane

Bras de fer Abdullah/Ghani avant les 1ers résultats de la présidentielle afghane

L'annonce prévue mercredi des résultats préliminaires de la présidentielle afghane promet une sérieuse épreuve de force entre les deux prétendants Ashraf Ghani, prêt à annoncer sa victoire, et Abdullah Abdullah, déterminé à la contester pour cause de fraude.

Certains observateurs craignent qu'une montée des tensions entre les deux camps ne rouvre la boîte de Pandore des violences ethniques, dans ce pays toujours instable et à quelques mois du retrait des troupes de l'Otan qui soutiennent le gouvernement depuis 2001.

Dès le lendemain du deuxième tour, le 14 juin, M. Abdullah avait dénoncé des bourrages d'urne massifs au profit de son adversaire. Lundi, il campait fermement sur ses positions au risque de provoquer une montée des tensions, voire des violences, entre les deux camps.

"Nous n'avons plus confiance en la commission (électorale) et ses employés. Quoiqu'ils annoncent, cela sera illégal", a déclaré lundi à l'AFP Javed Faisal, un porte-parole de l'équipe de campagne d'Abdullah Abdullah.

Prenant la presse à témoin, il a rendu public ces derniers jours plusieurs enregistrements audio montrant, selon lui, l'implication directe de la commission électorale indépendante (IEC) dans la fraude.

"Ils montrent que la commission elle-même a participé à la fraude", a assuré M. Faisal à propos de ces enregistrements de mauvaise qualité dont l'authenticité était difficile à vérifier.

M. Abdullah était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle le 5 avril avec 45% des voix, contre 31,6% à M. Ghani, et faisait à ce titre figure de grand favori pour remplacer le président Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute des talibans à la fin 2001.

Après les résultats préliminaires attendus mercredi, la commission prévoit d'annoncer les résultats définitifs le 22 juillet, et d'investir le nouveau président le 2 août.

Face à l'équipe Abdullah, le camp Ghani affichait sa confiance dans la victoire et se disait prêt à accueillir "favorablement" ces résultats.

"Nous avons toujours répété que nous avons suivi les procédures" électorales prévues, a dit à l'AFP Daud Sultanzoy, porte-parole de M. Ghani. Quand à la commission électorale, elle est "un organisme indépendant et nous respectons ses règles".

"Nous accueillerons favorablement l'annonce (des résultats) et nous serons heureux que cette annonce puisse créer une nouvelle opportunité pour le peuple" afghan, a-t-il ajouté.

Interrogé sur les manifestations contre la fraude, menées ces derniers jours, essentiellement par des partisans de M. Abdullah, M. Sultanzoy les a qualifié de "légitimes". Mais "le peuple d'Afghanistan, ce n'est pas juste quelques manifestants", a-t-il estimé.

De son côté, le porte-parole de l'IEC, Noor Mohammad, a assuré lundi lors d'une conférence de presse à Kaboul que la commission avait "tenté tout son possible pour obtenir de M. Abdullah qu'il rejoigne le processus électoral".

"Nous ne pouvons pas faire de nouvelles lois pour coller à leurs demandes", a-t-il dit avant d'affirmer que les portes de la commission restaient "ouvertes" à l'équipe de M. Abdullah.

La réussite de cette élection est jugée cruciale pour l'avenir de l'Afghanistan par les bailleurs de fonds et soutiens militaires occidentaux du pays, emmenés par les Etats-Unis, qui ont dépensé des dizaines de milliards de dollars d'aide pour tenter de reconstruire un Etat stable après la chute du régime fondamentaliste des talibans.

Certains observateurs craignent que les tensions électorales finissent par provoquer des violences entre les deux plus grands groupes ethniques du pays, les Pachtounes majoritaires au sud et à l'est, dont M. Ghani est issu, et les Tadjiks majoritaires au nord, bastion des partisans de M. Abdullah.

L'épreuve de force politique intervient de plus alors que des centaines de combattants rebelles talibans ont lancé il y a une dizaine de jours une offensive dans leur bastion de la province du Helmand (sud), partiellement repoussée par l'armée afghane.

Ces combats, qui ont jusqu'ici fait environ 260 morts parmi les talibans et une trentaine parmi les forces de sécurité selon les autorités, sont un test de solidité pour l'armée afghane qui devra se défendre seule après le départ des forces de l'Otan à la fin de 2014.

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