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Ben Harper au FIJM : du bon vieux blues en offrande

Ben Harper au FIJM : du bon vieux blues en offrande
David Kirouac

MONTRÉAL - Ben Harper connaît bien Montréal. Il y est venu de nombreuse fois au fil de sa carrière. Il avait notamment joué sur une scène extérieure du Festival de jazz il y a cinq ans. Cette fois, le Californien de 44 ans se donnait en concert à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts avec l’harmoniciste et vieux routier du blues Charlie Musselwhite pour partager, notamment, les pièces de leur projet commun Get Up!, sorti l’an passé.

Dès ses débuts comme chanteur folk (funk ou encore reggae), l’homme avait cette voix chaleureuse, puissante et un brin inquiète. Même dans la pure tradition blues, ce chant à mi-chemin entre la soul et le rock se distingue de tous les autres artistes de sa génération. Rappelons qu’il y a une dizaine d’années, Ben Harper a aussi créé un album avec les Blind Boys of Alabama. Ce disque de gospel, There Will Be Light fut un autre succès.

Bref, il a tout un registre vocal ce Ben Harper, pouvant passer des aigus (qu’il utilisait en début de carrière), comme sur le morceau I Ride at Dawn, livré vendredi soir, à des interprétations beaucoup plus basses comme sur The Blues Overtook Me (tiré du récent album Get Up!).

Et justement, les deux hommes, accompagnés de trois autres musiciens (basse, batterie, guitare et parfois piano) se sont vraiment épris du blues, qu’ils ont partagé au public avec conviction. À entendre les nombreux cris dans la foule, les Montréalais aiment le blues. Et ils aiment Charlie… et ils aiment Ben…!

Ainsi, oublions les années un peu plus « pop » de Fight For Your Mind ou The Will To Live tout comme le temps où il faisait bon d’enregistrer des chansons rock bien remplies de bruits avec son groupe d’acolytes les Innocent Criminals. En cette soirée de Festival, le blues était à l’honneur.

Côte à côte pratiquement tout la soirée, la légende Charlie Musselwhite et le guitariste de génie Ben Harper ont côtoyé à la fois les pièces énergiques qui grondent (I’m In I’m Out and I’m Gone) et les univers plus posés (Don’t Look Twice). Ici et là, Musselwhite a chanté comme sur Long Legged Woman. Il venait aussi en soutien à son compagnon. À quelques reprises, le bassiste s’est aussi transformé en pianiste pour mettre un peu de sourires dans les arrangements. Pensons à When It’s Good.

Tantôt debout, tantôt assis, jamais bien excité, Harper et Musselwhite n’en avaient rien à faire des éclaboussures visuelles. Pas de mouvements de musicien rock, pas de danse ni de course entre les musiciens. Tous les gestes étaient calmement exécutés. Ils se consacraient pleinement à la musique, qui fut, dans l’ensemble, de grande qualité.

À vrai dire, ce sont les instruments qui ont bougé le plus. Toute la soirée, les spectateurs ont eu droit à une véritable valse de guitares sur la scène. Pratiquement chacune des 17 chansons offertes du le concert étaient un temps pour changer les acoustiques, les électriques ou les lap steel.

Le souffle

Bien que réussie, la première partie du concert s’est avérée un peu plus linéaire, les morceaux se ressemblant beaucoup au plan musical. Arrivé au gros succès Homeless Child (de l’album The Will To Live), chanté par Musselwhite, le ton a changé. Les tableaux musicaux sont devenus plus distincts.

Mentionnons Long Distance Call (du dernier disque), un amalgame de doux et lents passages mélancoliques (sa douce n’appelle pas souvent) mélangés à des délires rageurs de guitares et d’harmonica. Fort apprécié.

Idem pour When the Levee Breaks, chanson écrite en 1929 (eh oui!) par Kansas Joe McCoy et Memphis Minnie, mais popularisée par le mythique groupe Led Zeppelin dans les années 1970. Sur cette interprétation enlevante, l’esprit rock a brassé les sédiments de blues pour un résultat génial. Il fallait entendre les lourdes guitares tempêter. Le chanteur Robert Plant, lui, aurait certainement exécuté cent poses différentes devant son micro. Mais Ben Harper, pour sa part, était assis la tête dans sa lap steel guitar! Pas moins bon, cela dit.

Quelques morceaux plus tard, les deux gaillards ont envoyé All That Matters Now, chanson qui se retrouve à la toute fin de l’album Get Up!. Des paroles fort à propos pour la fin du spectacle. Tout a pris son temps sur cette chanson. L’harmonica et le piano traînaient tandis que la guitare était assez délicate. La voix de Harper (pour la première fois, debout au micro, il a délaissé ses instruments) est bien au centre de la musique.

D’une jolie façon, Ben Harper s’est éloigné du micro pour pousser cette voix mi-soul, mi-blues jusqu’à l’arrière de la salle. On sentait ici l’âme du gospel se poser sur la foule. Malgré le chapeau branché et les vêtements inappropriés, il avait l’air d’un preacher de bonnes nouvelles que l’on retrouve dans bien des églises américaines. Surtout lorsqu’il a tendu les bras vers le ciel.

Après une minute, il a tenu la note pour revenir devant le micro, qui amplifiait de nouveau cette superbe voix.

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