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L'Ukraine espère consolider une trêve fragile dans l'Est

L'Ukraine espère consolider une trêve fragile dans l'Est

L'Ukraine espérait obtenir samedi des actions concrètes de la Russie pour consolider dans l'Est un fragile cessez-le-feu avec les rebelles, qui a été prolongé de trois jours dans l'espoir d'ouvrir un dialogue de paix.

Les dirigeants de l'Union européenne, qui ont signé vendredi un accord d'association historique avec l'Ukraine l'éloignant du giron russe au grand dam de Moscou, ont aussi donné jusqu'à lundi à la Russie pour prendre des mesures visant à mettre fin à une insurrection séparatiste meurtrière, sous peine de sanctions.

Le ministre russe de l'Economie, Alexeï Oulioukaev, a averti samedi que de nouvelles sanctions pourraient avoir des "conséquences graves" sur la croissance du pays.

Selon le scénario le moins optimiste, "la croissance économique pourrait passer gravement en territoire négatif: les taux d'investissement iraient en territoire encore plus négatif, les revenus baisseraient, l'inflation augmenterait et les réserves de l'Etat diminueraient", a-t-il dit.

Sur le terrain, l'armée, qui avait dénoncé jeudi des "violations massives" du cessez-le-feu par les rebelles, a indiqué que la nuit avait été "plus ou moins calme", évoquant "quelques attaques" sans faire de blessés.

"Il y a eu clairement quelques moments de provocation, mais nous contrôlons les choses", a déclaré le ministre ukrainien de la Défense, Mikhailo Koval.

Vendredi soir, des rebelles ont toutefois pris le contrôle d'une base du ministère de l'Intérieur abritant une usine de munitions à la périphérie de Donetsk, fief insurgé. Samedi, les séparatistes donnaient le choix à la centaine de soldats : prêter allégeance à la Russie ou rentrer chez eux, a rapporté un journaliste de l'AFP.

L'UE a posé à Moscou quatre conditions devant être remplies d'ici à lundi à la mi-journée, dont "l'ouverture de négociations de fond sur l'application du plan de paix" du président Petro Porochenko.

Ce plan, dévoilé la semaine dernière, prévoit notamment la création d'une zone tampon à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, la mise en place d'un couloir pour permettre aux mercenaires et rebelles venus de Russie de rentrer chez eux après avoir déposé les armes, ainsi qu'une décentralisation du pouvoir dans la région industrielle russophone du Donbass.

L'UE réclame en outre un accord sur "un mécanisme de vérification, supervisé par l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), du cessez-le-feu", le "retour de l'autorité ukrainienne sur trois points de la frontière" avec la Russie et "la libération des otages, y compris tous les observateurs de l'OSCE".

Un chef rebelle de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk, Alexandre Borodaï, a assuré vendredi qu'après une première libération la veille d'observateurs de l'OSCE retenus depuis le 26 mai, une deuxième équipe retenue dans l'Est depuis le 29 mai devrait être libérée incessamment.

Il s'exprimait à l'issue d'un troisième cycle de consultations avec des représentants de Kiev.

Le président Petro Porochenko a annoncé vendredi soir que le cessez-le-feu d'une semaine ordonné à ses troupes, et accepté quelques jours plus tard côté rebelle, était prolongé de 72 heures.

La présidence ukrainienne a néanmoins souligné dans un communiqué que "les autorités ukrainiennes se réservent le droit de mettre fin à la trêve là où elle n'est pas observée".

Des combats sporadiques se sont en effet poursuivis dans l'est depuis une semaine, avec notamment la destruction d'un hélicoptère militaire ukrainien par les rebelles qui a fait neuf morts mardi près du fief insurgé de Slaviansk.

La prolongation du cessez-le-feu intervient dans un contexte de nouvelles tensions entre Kiev et Moscou après la signature à Bruxelles du dernier volet d'un accord d'association avec l'Union européenne.

Commentant cet accord, l'homme fort du Kremlin Vladimir Poutine en a profité pour dénoncer un "coup d'Etat anticonstitutionnel à Kiev" ayant placé au pouvoir Petro Porochenko, soutenu par les Occidentaux et investi le 7 juin.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a, lui, averti que cela aurait des "conséquences graves" sur les relations commerciales avec l'Ukraine, déjà privée depuis deux semaines d'approvisionnement en gaz russe faute d'un accord sur le paiement de sa dette.

La signature de l'accord était initialement prévue pour novembre dernier, avant la volte-face du président prorusse Viktor Ianoukovitch, qui a préféré se tourner vers Moscou pour obtenir une aide économique.

Ce retournement de situation avait provoqué le mouvement de contestation qui a conduit à la chute de M. Ianoukovitch, suivie du rattachement de la Crimée à la Russie, et de la rébellion prorusse qui a entraîné en avril le déclenchement d'une opération militaire ukrainienne contre les insurgés.

bur-blb/jh

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