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Deux députés caquistes jugent la Fête nationale trop souverainiste

La Fête nationale est-elle trop souverainiste?
Agence QMI

QUÉBEC - Deux députés de la Coalition avenir Québec publient une lettre ouverte dans les médias vendredi pour dénoncer la main mise du Mouvement national des Québécois sur les festivités de la Fête nationale.

La lettre est signée par Claire Samson, critique de la CAQ en matière de langue et culture, et par Benoît Charette, porte-parole pour les Affaires intergouvernementales canadiennes.

Les auteurs reconnaissent que les grands événements organisés au parc Maisonneuve à Montréal et sur les plaines d'Abraham à Québec attirent moins de gens que par le passé. Toutefois, on aurait tort d'y voir l'effet d'une baisse du nationalisme, écrivent-ils.

Les députés caquistes y voient plutôt un rejet du souverainisme régulièrement associé à la Fête nationale. «Pendant des années, le mouvement souverainiste québécois s’est approprié ces rassemblements, écrivent-ils. C’est à notre avis la raison principale pour laquelle les Québécois les délaissent. Les animateurs des spectacles en question y ont fréquemment fait des appels à l’indépendance du Québec et ont agi au fil des ans comme si le souverainisme était la seule option possible pour les nationalistes.»

Vous pouvez consulter le texte complet ci-dessous.

La Fête nationale n’appartient pas aux souverainistes

Depuis quelques jours, de nombreux textes d’analyse ont fait écho à la baisse d’achalandage sur les plaines d’Abraham et au Parc Maisonneuve lors des festivités de la Fête nationale pour en conclure que le mouvement nationaliste québécois était en déclin. D’autres, poussant le raisonnement plus loin, prétendent que la baisse d’intérêt dans le mouvement souverainiste est due à une « fatigue politique ». Nous sommes en total désaccord avec ces affirmations.

S’il est indéniable que les grands rassemblements de Québec et Montréal n’attirent plus autant qu’auparavant, cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a aujourd’hui moins de Québécois qui célèbrent le 24 juin ou qu’ils sont moins nationalistes. La seule chose que signifie cette réduction d’achalandage, c’est que l’intérêt est moins grand envers le type de manifestations et festivités auxquelles ils sont conviés. Les Québécois sont simplement de plus en plus nombreux à célébrer le 24 juin et leur fierté nationale d’une toute autre façon.

Mesurer la vigueur (ou l’inertie) du mouvement nationaliste à partir de la taille des foules présentes sur les plaines d’Abraham et au Parc Maisonneuve est simpliste. Plutôt que de déplorer une prétendue baisse de la fierté nationale des Québécois, les analystes qui s’intéressent au sujet devraient se pencher sur les raisons expliquant la diminution du nombre de participants aux grands événements financés par des deniers publics mais organisés par le Mouvement National des Québécois. Ce dernier est en effet depuis 30 ans le mandataire du gouvernement du Québec pour l’organisation des grandes festivités entourant la Fête nationale. Or, le Mouvement National des Québécois, dont l’ancêtre est la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste, est intimement lié au mouvement souverainiste. Sa mission est d’ailleurs de « faire du Québec un pays français et démocratique ». Cela vient teinter son approche dans l’organisation de la Fête nationale.

Pendant des années, le mouvement souverainiste québécois s’est approprié ces rassemblements. C’est à notre avis la raison principale pour laquelle les Québécois les délaissent. Les animateurs des spectacles en question y ont fréquemment fait des appels à l’indépendance du Québec et ont agi au fil des ans comme si le souverainisme était la seule option possible pour les nationalistes.

À l’heure où les Québécois sont de plus en plus nombreux à délaisser l’idée de la souveraineté, il est tout à fait normal qu’ils délaissent également les activités associées pendant longtemps au mouvement souverainiste. Est-ce que cela signifie qu’ils délaissent également leur fierté nationale ? Absolument pas. Ceux qui dénoncent l’abandon de ces événements par les Québécois parce que c’est le souverainisme ou les péquistes qui en sont les « victimes », se trompent. Ils devraient y voir, au contraire, un signe de maturité politique où les Québécois n’acceptent plus d’être manipulés et sermonnés et se faire dire que seule la souveraineté peut être bonne pour eux. Pendant trop d’années on leur a imposé, par animateurs et participants croisés interposés, ce discours de quête du pays imaginaire.

Le nationalisme auquel adhèrent les Québécois, comme en témoignent leurs choix démocratiques en 2011 et en 2014, est en train de se redéfinir. Au moment même où on constatait le manque d’attrait de la Fête nationale sur les plaines d’Abraham lundi dernier, les Québécois affluaient à des centaines de rassemblements et fêtes communautaires dans toutes les régions du Québec. Plutôt que de se rendre entendre des ténors souverainistes, les Québécois tiennent désormais à se réunir en famille et entre amis dans leurs quartiers résidentiels, où ils entonnent des chansons québécoises, illuminent le ciel des banlieues avec leurs propres feux d’artifices, arborent le fleurdelisé et attisent leur propre feu de la Saint-Jean-Baptiste.

Est-ce là une mauvaise nouvelle ? Pas vraiment. Il serait bien sûr souhaitable que les Québécois puissent continuer à s’identifier aux festivités officielles et largement subventionnées pas leur gouvernement. Mais tant et aussi longtemps que l’organisation de ces grands événements sera intimement liée au mouvement souverainiste et tant que ceux qui ne prônent pas cette option s’y sentiront méprisés, on ne pourra pas blâmer les Québécois de bouder de plus en plus ces activités.

Les Québécois ont délaissé le nationalisme mélancolique et défensif tourné vers le passé pour un nationalisme moderne tourné vers l’avenir et la fierté d’être Québécois. Les célébrations de leur Fête nationale devraient elles aussi refléter ce changement. Pour nous, il est plus que temps de revoir la structure de financement de la Fête nationale et de confier son organisation à des gens qui n’y sont pas strictement pour promouvoir leur agenda souverainiste, mais qui feront en sorte que tous les participants, souverainistes ou non, s’y sentiront les bienvenus.

Claire Samson

Députée d’Iberville et porte-parole de la Coalition Avenir Québec en matière de langue et culture

Benoit Charette

Député de Deux-Montagnes et porte-parole de la Coalition Avenir Québec en matière d’Affaires intergouvernementales canadiennes

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