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Ypres, ville martyre de la Grande guerre hôte du sommet européen

Ypres, ville martyre de la Grande guerre hôte du sommet européen

Ypres, où se réunissent jeudi les dirigeants européens au premier jour de leur sommet, est devenue un des symboles de la Première guerre mondiale, après avoir été le théâtre de terribles carnages il y a un siècle.

La ville flamande, dans le nord-ouest de la Belgique, a payé un lourd tribut lors de la Grande guerre.

Le "Saillant d'Ypres", une boucle de lignes défensives, se forma fin 1914, après que la force expéditionnaire britannique et ses alliés français se sont heurtés aux forces allemandes lors de la première bataille d'Ypres.

A l'hiver, les Allemands s'enterrèrent dans un réseau de tranchées. Au printemps suivant, ils reprirent l'offensive lors de la deuxième bataille d'Ypres. La ville tint bon mais les alliés furent repoussés des crêtes environnantes et durent se retrancher dans un saillant considérablement réduit. L'artillerie allemande détruisit entièrement la ville et les villages environnants.

C'est en avril de cette même année 1915 que les Allemands utilisèrent pour la première fois des gaz asphyxiants. Deux ans plus tard, ils utiliseront le terrible gaz moutarde, rebaptisé "ypérite", du nom de la ville.

Pendant deux ans, la ligne ne bougea plus mais la guerre de tranchée se poursuivit. Pendant l'été et l'automne 1917, les alliés repassèrent à l'offensive lors de la célèbre troisième bataille d'Ypres. Malgré une météo épouvantable et des pertes innombrables, les Britanniques parvinrent à reprendre, en cinq mois, ce qui avait été le village de Passendale.

Le point d'orgue de la réunion de jeudi, dont l'hôte est le président du Conseil européen, le Flamand Herman Van Rompuy, sera la cérémonie du Last Post. Elle se déroule tous les jours à 20H00 depuis 1928 Porte de Menin, par laquelle passèrent des centaines de milliers de soldats de l'Empire britannique se rendant au front.

"Ce sera une cérémonie émouvante parce que nous serons là pour témoigner de ce qu'est l'Europe: un projet pacifique, de solidarité, de coopération", a expliqué M. Van Rompuy.

Aujourd'hui, Porte de Menin, un imposant bâtiment en forme de double arche construit après la guerre honore la mémoire des soldats du Commonwealth tombés à Ypres et qui n'ont "pas de tombe connue".

Quelque 55.000 noms --d'innombrables Smith, Campbell, Singh-- sont gravés sur les hauts murs blancs du monument, au pieds desquels les visiteurs continuent à déposer des coquelicots, la fleur du souvenir des combattants de 14-18, et de petites croix de bois gravées de quelques mots de remerciement.

Chaque soir, devant une foule silencieuse, quatre membres du corps des pompiers d'Ypres sonnent l'hommage aux soldats disparus.

"Nous ne sommes pas parfaits, mais pour beaucoup de gens en dehors de l'Europe, nous restons un modèle de paix, de démocratie et de prospérité", souligne M. Van Rompuy.

La campagne d'Ypres reste parsemée de bunkers et de cimetières militaires, dont le plus célèbre et le plus grand, Tyne Cot, sur la route de Passendale. "Avec la Somme, Passendale est le nom le plus connu dans le Commonwealth lorsqu'on pense à la Première guerre", explique un guide à un groupe de collégiens anglais.

S'étendant en pente douce d'une petite crête, Tyne Cot, aux allures de jardin anglais, compte quelque 11.000 tombes blanches parfaitement alignées. Beaucoup portent le nom des soldats, leur régiment et la date de leur mort.

D'autres sont marquées d'un simple "Connu par Dieu", lorsque les corps n'ont pu être identifiés. 35.000 noms d'hommes disparus dans la boue des tranchées sont gravés sur des murs blancs.

"C'est tellement bouleversant de voir le nombre de ceux qui sont venus ici et qui sont morts. Cela prouve combien cette guerre était inutile", estime Els Chalmet, une enseignante belge accompagnant un groupe d'élèves.

bmm-siu/jlb/abl

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