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Afrique du Sud: les mineurs de platine de retour au travail après cinq mois de grève

Afrique du Sud: les mineurs de platine de retour au travail après cinq mois de grève

Des milliers de mineurs sud-africains ont repris le travail mercredi, permettant aux principales mines de platine de redémarrer après cinq mois de grève, notamment à Marikana, haut lieu de cette contestation sociale marquant un tournant historique.

Avant l'aube, une longue file de mineurs chaudement emmitouflés pour se protéger des petits matins glaçants de l'hiver austral s'est formée sur un kilomètre devant le principal puits du groupe Lonmin, numéro trois mondial du platine et l'un des trois géants miniers bloqués par le conflit depuis le 23 janvier, avec Anglo American Platinum et Impala Platinum.

Ils ont ensuite été redirigés vers un stade voisin pour les formalités d'usage avant la reprise, pointage, visite médicale.

D'ici sept jours, les mineurs devraient percevoir l'augmentation due rétroactivement pour la période précédant la grève, conformément à l'accord salarial sur trois ans signé la veille par le syndicat radical Amcu et dont la clé de voute est la forte augmentation accordée aux moins qualifiés.

"Nos salariés sont de retour en grand nombre", a indiqué à l'AFP le numéro un mondial du platine, Anglo American Platinum (Amplats), sans donner de chiffre mais en précisant que "le retour à une production régulière sera atteint au quatrième trimestre".

"Notre premier souci est d'accueillir nos salariés, de les briefer pour démarrer une formation de santé, aux protocoles de sécurité et rafraîchir leurs connaissances de la mine en général", a précisé une porte-parole Mpumi Sithole, indiquant que de la nourriture, des médicaments ou une aide au transports attendaient aussi les mineurs.

Le platine, un métal précieux utilisé dans l'automobile et en joaillerie, compte pour 10% des exportations sud-africaines.

Les entreprises ont tenu le coup durant cinq mois grâce à des stocks et des cours élevés.

"Je suis content que la grève soit finie, content aussi que notre retour apporte une petite différence sur la feuille de paye", expliquait Andries Phala, un mineur qui après quatorze ans de labeur chez Lonmin, se sentait dans la peau "d'un employé tout neuf".

"Etre privé de revenu, ça a été difficile pour tout le monde, tout était bloqué. Cette petite augmentation va clairement nous motiver à travailler plus dur", affirmait un autre mineur, employé d'Amplats. "Nous aussi, on a droit à une part de la richesse de ce pays".

L'accord ne permettra pas à tous les mineurs d'atteindre les fameux 12.500 rands mensuels (880 euros) exigés depuis les grandes grèves de 2012 quand le syndicat radical Amcu s'est imposé face aux apparatchiks du Num, syndicat historique des mineurs sud-africains et allié du pouvoir ANC, tous deux accusés de collusion avec les compagnies minières.

Le conflit de 2012 est resté dans les mémoires à cause de la tuerie de Marikana, quand la police a abattu 34 mineurs en grève sauvage.

La grève de 2014, légale et moins violente, quoiqu'ayant fait sept morts, fera également date mais pour l'onde de choc politique qu'elle a provoqué par sa durée et sa radicalité.

Casse-tête pour le gouvernement, elle a favorisé la percée aux législatives du nouveau parti populiste de Julius Malema, qui n'a de cesse de dénoncer les salaires d'esclaves payés à la majorité noire.

Elle a aussi signé une recomposition politico-syndicale, bienvenue selon le quotidien Sowetan qui se félicitait de la fin d'un syndicalisme fantoche et d'un accord "porteur de l'espoir que le sort de la majorité puisse être amélioré".

A très court terme, observait le Times, "la capacité d'Amcu à obtenir des augmentations supérieures à l'inflation va probablement faire des émules dans d'autres secteurs", alors que deux grèves pointent à l'horizon dans les secteurs clés de la production d'électricité, déjà insuffisante, et dans l'automobile.

Même le quotidien New Age, proche du pouvoir et bien en peine de trouver du positif dans cette grève, décriée comme "la plus coûteuse et la plus destructrice depuis que l'histoire minière a commencé en Afrique du Sud", avouait que "l'avenir donnera peut-être raison à Mathunjwa", le président du syndicat d'Amcu, et que "la grève sera peut-être un jour reconnue comme un tournant pour les travailleurs et les relations sociales du pays".

sk-clr/de

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