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Soudan: une chrétienne retenue par la police, Washington tente de la sortir du pays

Soudan: une chrétienne retenue par la police, Washington tente de la sortir du pays

Une Soudanaise chrétienne, dont la condamnation à mort pour apostasie avait été annulée lundi, était encore retenue mardi par la police soudanaise avec son mari américain et leurs enfants, selon une source proche de la famille, Washington disant tenter de les sortir du pays.

D'après un proche à Khartoum de cette jeune femme de 26 ans, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, et son époux ont été arrêtés mardi matin à l'aéroport de la capitale soudanaise, au moment où ils s'apprêtaient à quitter le Soudan.

Cette même source a précisé à l'AFP que Mme Ishag avait été transférée des locaux du service national de renseignement et de sécurité (NISS) soudanais vers "un commissariat de police pour y être interrogée, sans faire l'objet de poursuites, à propos de faux papiers".

"Ses enfants et son mari sont avec elle mais le mari ne fait pas l'objet d'une enquête", a encore dit cette source.

L'époux de Meriam Yahia Ibrahim Ishag, Daniel Wani, est un citoyen américain chrétien originaire du Soudan du Sud, pays né de la partition du Soudan en juillet 2011 sous parrainage des Etats-Unis.

La diplomatie américaine suit donc le dossier de très près et a assuré mardi que Mme Ishag n'avait pas été formellement réarrêtée en tentant de quitter le Soudan. "Le département d'Etat a été informé par le gouvernement soudanais que la famille avait été temporairement retenue pendant plusieurs heures à l'aéroport pour des questions relatives à leur voyage (...) Ils n'ont pas été arrêtés", a déclaré la porte-parole du ministère américain, Marie Harf.

"Le gouvernement (soudanais) nous a assuré qu'ils étaient en sécurité (...) Nous sommes directement en contact avec des responsables officiels soudanais pour nous assurer de leur départ rapide et en sécurité du Soudan", a ajouté Mme Harf, sans vouloir dire où se trouvaient précisément le couple et leurs deux jeunes enfants, dont un nourrisson né en prison.

Née d'un père musulman, Meriam Yahia Ibrahim Ishag avait été condamnée à mort par pendaison le 15 mai en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan qui interdit les conversions. Déjà mère d'un garçon de 20 mois, qui avait été emprisonné avec elle, la jeune femme avait également été condamnée à 100 coups de fouet pour "adultère". Selon l'interprétation soudanaise de la charia, toute union entre une musulmane et un non-musulman est considérée comme un "adultère".

Le verdict avait soulevé un tollé et provoqué une mobilisation en Occident et parmi les organisations de défense des droits de l'homme avant d'être annulé lundi par une cour d'appel, qui avait ordonné la libération de Mme Ishag.

Près d'un million de personnes avaient signé une pétition sur le site Change.org, réclamant de lui laisser la vie sauve. Washington avait salué lundi cette remise en liberté, tout en demandant à Khartoum d'abroger sa loi islamique qui interdit les conversions religieuses.

Dès sa libération, Mme Ishag s'était cachée "avec son mari et ses deux enfants dans un lieu sûr", craignant pour sa vie, selon l'un de ses avocats, Me Mohannad Moustafa.

Meriam Yahia Ibrahim Ishag est née dans l'Etat de Gedaref (est) le 3 novembre 1987. Son père de confession musulmane a abandonné la maison familiale alors qu'elle avait 5 ans, laissant sa mère, chrétienne orthodoxe, l'élever selon sa confession, selon un communiqué de l'archevêché catholique de Khartoum. "Elle n'a jamais été musulmane de sa vie", indique le texte signé par le père Mussa Timothy Kacho, vicaire épiscopal de Khartoum. Mme Ishag est devenue catholique juste avant d'épouser fin 2011 Daniel Wani, selon l'ambassade des Etats-Unis.

it-nr/rap

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