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Pologne/écoutes illégales: Radoslaw Sikorski éclaboussé par le scandale

Pologne/écoutes illégales: Radoslaw Sikorski éclaboussé par le scandale

Le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, à la réputation d'atlantiste convaincu, se trouve à son tour éclaboussé par le scandale des écoutes illégales pour des propos peu amènes qu'il aurait tenus mettant en doute l'alliance polono-américaine.

Cet ancien correspondant de guerre ayant étudié en Grande-Bretagne, marié à une brillante journaliste américaine, a toujours été un partenaire difficile pour les Etats-Unis malgré ses opinions atlantistes.

Il est aujourd'hui candidat au poste de chef de la diplomatie européenne dans la nouvelle Commission européenne.

Lundi, l'hebdomadaire polonais Wprost a publié des extraits de propos très crus attribués à M. Sikorski dans une conversation avec l'ex-ministre des Finances Jacek Rostowski, et enregistrés à leur insu en janvier dans un restaurant de Varsovie.

L'alliance avec les États-Unis "ne vaut rien, elle est même nuisible, car elle offre à la Pologne un faux sentiment de sécurité", aurait dit M. Sikorski, selon le journal.

Cette alliance c'est du "bullshit (foutaises, NDLR) complet! Nous entrons en conflit avec l'Allemagne, avec la Russie, et nous allons considérer que tout est super, car nous avons taillé une pipe aux Américains. C'est complètement naïf", aurait poursuivi le ministre.

"La participation de l'industrie polonaise au programme (d'achat des avions de chasse américains) F-16 s'est limitée à repeindre les avions en Pologne", ironisait récemment le quotidien Gazeta Wyborcza.

En 2012 M. Sikorski a fait partie des "Top 100 Global Thinkers" désignés par le magazine américain Foreign Policy pour le fait de "dire la vérité même si ce n'est pas diplomatique".

Dans les cercles européens, le ministre polonais ne fait pas l'unanimité sur son nom pour succéder à Catherine Ashton.

"M. Sikorski a sans doute une personnalité trop marquée pour occuper le poste de chef de la diplomatie européenne, un domaine où les Etats-membres veulent conserver une forte influence", souligne un diplomate à Bruxelles.

M. Sikorski s'est fait remarquer dans la crise ukrainienne, en se rendant à Kiev avec ses homologues allemand et français le 20 février pour une mission de bons offices entre le pouvoir et l'opposition.

Selon les extraits des écoutes illégales publiées par Wprost, MM. Sikorski et Rostowski s'en seraient également pris au Premier ministre britannique David Cameron, dénonçant sa politique de restriction des aides sociales aux immigrants.

Ces concessions aux eurosceptiques "sont soit une action irréfléchie, soit, et ce n'est pas la première fois, la preuve de son incompétence dans les questions européennes", aurait déclaré M. Sikorski.

La politique de M. Cameron se traduira par la défaite électorale des conservateurs et la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, lui aurait répondu M. Rostowski.

Le chef de la diplomatie polonaise a dénoncé ces écoutes illégales en estimant que le gouvernement avait été "attaqué par un groupe criminel organisé".

Correspondant de guerre dans les années 1986 à 1989 en Angola et en Afghanistan, Radoslaw Sikorski a détenu pendant 22 ans la nationalité britannique avant de rentrer en Pologne et de s'engager en politique.

Ministre des Affaires étrangères depuis 2007, dans les gouvernements libéraux successifs de Donald Tusk, M. Sikorski avait occupé également le poste de ministre de la Défense de 2005 à 2007, après avoir dirigé la Nouvelle Initiative Atlantique à l'American Enterprise Institute (AEI), un laboratoire d'idées conservateur basé à Washington.

Radoslaw Sikorski est marié à Anne Applebaum, éditorialiste au Washington Post, spécialiste de l'Europe centrale et de l'ex-Union soviétique.

Le magazine Wprost avait révélé il y a huit jours une conversation privée entre le gouverneur de la Banque centrale, Marek Belka, et le ministre de l'Intérieur, Bartlomiej Sienkiewicz ayant librement discuté en juillet 2013 d'une aide éventuelle de la Banque centrale à l'État en échange de la démission du ministre des Finances Jacek Rostowski. Ce dernier a, depuis, quitté son poste.

A la suite de ces révélations, interprétées comme un trafic d'influence, l'opposition a réclamé la démission du gouvernement de M. Tusk.

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