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Mondial-2014: les recycleurs de déchets ne chôment pas pendant la compétition

Mondial-2014: les recycleurs de déchets ne chôment pas pendant la compétition

Fourmis humaines triant des montagnes d'ordures dans les décharges à ciel ouvert du Brésil, les recycleurs gagnent une nouvelle visibilité pendant le Mondial dans ce pays sans politique publique de ramassage sélectif.

Chaque match de la Coupe du monde produit cinq tonnes d'ordures et pour la première fois une organisation du Mondial a mis en marche un programme pour recycler ces déchets et les traiter en partenariat avec les "catadores" (ceux qui trient).

Quelque 850 "catadores" ont été entraînés et travaillent dans les 12 stades du Mondial et 300 de leurs coopératives traitent les détritus. Coca-Cola, l'un des partenaires officiels de la Fifa, les paye pour ce labeur 80 réais par jour (27 euros), plus une aide pour manger de 25 réais (8 euros).

"La sensation d'être dans un stade de la Coupe du monde est fantastique; on ne voit pas les matchs parce qu'on travaille, mais pour nous c'est une conquête d'être employés dans les grands événements", explique à l'AFP Alex Pereira, 38 ans. Il travaille depuis 14 ans dans le recyclage.

Hors des stades, beaucoup d'entre eux travaillent pour leur propre compte et vont revendre à des coopératives d'énormes sacs en plastiques remplis de canettes aplaties.

Edilson Alves de Souza, 39 ans, pousse un chariot de supermarché au milieu de la foule des 68.000 supporteurs qui sortent du stade de Brasilia, en quête de canettes vides : "la Coupe est une bonne affaire", se félicite-t-il. Il espère gagner 35 à 45 dollars les jours de match dans la capitale.

Les canettes sont les principaux déchets laissés par les supporteurs. A quelques mètres de là, Teresinha de Jesus Silva, une afro-brésilienne de 68 ans aux yeux déjà voilés par la cataracte, aplatit des canettes en fer blanc avec une grosse pierre. Elle confie que son travail "n'est pas suffisant pour survivre".

Sans aucune protection sociale ou cotisation d'aucune sorte, elle tire habituellement de cette activité informelle moins d'un salaire minimum (727 réais, 241 euros), mais assure qu'actuellement, elle n'a pas à se plaindre.

Le Brésil est considéré comme le numéro un du recyclage de canettes grâce à son armée silencieuse de "catadores". Le géant sud-américain récupère 98% du total, au-dessus de la moyenne européenne de 67%, selon l'Association brésilienne de fabricants de canettes.

"D'après le gouvernement, il y a 600.000 recycleurs au Brésil. Nous, on pense être plus d'un million. Il y a de plus en plus de coopératives qui améliorent les conditions de travail, mais la majorité sont à leur compte, dans les décharges", explique à l'AFP Ronei Alves, coordinateur du Mouvement national des "catadores".

Marlene Rafael, jeune femme coquette de 25 ans qui rêve de reprendre des études, passe ses journées dans l'une de ces gigantesques décharges à ciel ouvert, dans une ville à 20 km de Brasilia, dans des conditions insalubres, sans contrat de travail ni sécurité sociale.

Des camions ne cessent d'apporter des ordures dans la décharge où Marlene et ses collègues font le tri.

Le Brésil a approuvé en 2010 une loi sur les déchets solides visant à encourager le recyclage et en finir avec les décharges insalubres.

Mais les changements véritables se font attendre. A Brasilia, le recyclage est en place depuis seulement trois mois, et est loin d'être systématique.

"Il n'y a pas d'infrastructure, les déchets sont encore jetés dans les décharges", explique M. Alves.

Un comble pour les touristes présents au Brésil pour le Mondial ? Certains, comme les Japonais, étonnent les Brésiliens en récupérant leurs déchets avant de quitter les stades.

Mais "au Brésil, le chemin est encore long: à Curitiba (sud), qui est à l'avant-garde, 20% des déchets sont recyclés, contre seulement 1,8% à Sao Paulo", étaye Ariovaldo Caodaglio, président du syndicat des entreprises de nettoyage urbain de la mégapole brésilienne.

"L'initiative privée existe et a besoin d'être accompagnée", affirme-t-il, citant notamment Coca-Cola, qui fait appel aux "catadores".

"Les conditions de travail et notre qualité de vie se sont améliorées parce qu'on s'est organisés et nous avons des machines. La perspective d'un salaire digne est réelle", estime Sonia Maria da Silva, 62 ans, qui a créé une coopérative dans une autre ville de la banlieue de Brasilia.

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