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La chemise hawaïenne : du kimono à Magnum en passant par Elvis Presley et Carlos

Le retour de la chemise hawaïenne

À sa seule vue, vous entendez au loin le doux chant des vahinés, vous humez l'odorant collier de fleurs qu'on vous passe autour du cou, vous sirotez un cocktail de jus de fruits frais. Même sans avoir posé ne serait-ce qu'un orteil sur les plages paradisiaques d'Hawaï vous savez à quoi vous en tenir. La chemise hawaïenne figure en bonne place dans le vestiaire des vêtements qui ont traversé les époques.

Du kimono à la chemise aloha

Les racines de la chemise hawaïenne sont difficiles à cerner avec précision. Elle descendrait d'une étoffe qu'on trouve traditionnellement dans le Pacifique, le kapa, fabriqué à partir d'écorce de mûrier battue et teintée. L'influence nippone y est aussi pour beaucoup. Selon le musée de l'immigration japonaise, les premiers migrants sont arrivés à Hawaï à la fin du XIXe siècle pour travailler dans les champs de cannes à sucre.

Modèle de kapa datant du XVIIIe siècle et conservé à l'Université de Göttingen en Allemagne.

"A cette époque, rapporte le New York Times, la chemise n'existait pas vraiment à Hawaï, [...] des missionnaires choqués ont alors imposé une chemise de travail appelée palaka." Cette chemise en coton épais a inspiré la création de la chemise hawaïenne, comme le pareu local, ancêtre du paréo. Les imprimés s'inspirent eux des motifs floraux tahitiens et japonais (en particulier ceux du kimono). Les boutons sont traditionnellement en noix de coco.

La première chemise qui ne se rentre pas dans le pantalon

C'est un entrepreneur, diplômé en économie qui a le premier mis un coup de projecteur sur ce vêtement. Dans les années 1920, les premiers touristes américains débarquent sur l'île dans leurs bateaux de croisière. De petits ateliers de couture proposent alors du sur-mesure et des motifs personnalisés à ces visiteurs. Ellery Chun, natif d'Hawaï et major de sa promotion à Yale en 1931 comprend le potentiel de cette simple chemise. Il commence par les rebaptiser, "aloha shirts" (un terme que les Américains ont gardé). Il imagine aussi une production à l'échelle industrielle.

En 1951, le président Truman fait la Une du magazine Life en chemise hawaïenne, évidemment.

Arrivée aux États-Unis dans les années 30, la chemise hawaïenne devient le symbole de la décontraction et des loisirs vingt ans plus tard. La chemise séduit d'abord surfers et plagistes. Elle devient le symbole d'un look masculin décontracté. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les GI's stationnés à Hawaï la font découvrir au reste de l'Amérique en ouvrant leur valise.

"Progressivement, la chemise hawaïenne devient le vêtement que l'on porte lors d'une fête dans son jardin, explique Sven Kristen, commissaire de l'exposition "Tiki Pop", au musée du Quai Branly de Paris, interrogé par Le HuffPost. "C'est la première chemise que l'on ne rentre pas dans son pantalon."

Publicité pour des chemises hawaïennes (1951)

De Magnum à George Clooney

Montgomery Clift dans le film "Tant qu'il y aura des hommes"

Les progrès de l'aviation civile rendent les vacances à Hawaï plus accessibles. Elle entre dans la culture américaine lorsque le cinéma s'en empare. Dans le film "Tant qu'il y aura des hommes", l'acteur vedette, Montgomery Clift arbore l'une de ces créations (voir photo ci-dessus). En 1959, Hawaï devient le 50e état des États-Unis. La chemise hawaienne devient LE souvenir à ramener de l'île. C'est un autre entrepreneur, Alfred Shaheen qui donne à la chemise hawaïenne ses lettres de noblesse. Choix des tissus, imprimés plus recherchés et finitions soignées, les créations d'Alfred Shaheen séduisent entre autres Elvis Presley pour la pochette de son disque "Blue Hawaï" en 1961. Ses imprimés tigres et bambous connaissent aussi un grand succès.

Les fameuses chemises d'Alfred Shaheen dans son musée

"Dans une certaine mesure, on peut dire que la chemise hawaïenne a été l'ancêtre du tee-shirt", analyse Sven Kristen. Pour une fois, les hommes avaient droit à la fantaisie. "Chacun était libre de choisir sa chemise selon ses propres goûts", explique-t-il encore. Dans les années 80, la série Magnum va finir de forger le mythe. Ce dandy qui porte la moustache comme personne ne quittera pas, pendant une décennie, ses imprimés hawaïens. Inexorablement, cette chemise à manches courtes devient synonyme de mauvais goût vestimentaire. La mode est à plus de sobriété, l'imprimé se ringardise, à quelques exceptions près. En France, on l'associe au chanteur Carlos.

Il faudra attendre les années 2000 pour que les fleurs de frangipaniers reviennent en odeur de sainteté. S'il est toujours difficile de se départir de sa mauvaise image (chemisette + imprimé chargé), certains créateurs n'hésitent plus à la sortir du placard du surfer peroxydé, comme Stella McCartney ou Yves Saint Laurent.

Une chemise hawaïenne par Saint-Laurent

Pour vous faire votre avis, regardez plutôt les plus célèbres porteurs de chemise hawaïenne, répérés par GQ :

1961 - Elvis Presley

Le meilleur et le pire de la chemise hawaïenne

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