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Des exercices navals Chine/USA pour atténuer la méfiance réciproque

Des exercices navals Chine/USA pour atténuer la méfiance réciproque

Des navires de guerre chinois vont participer dans le Pacifique au plus grand exercice naval du monde, sous commandement américain, une première symbolique pour tenter de réduire la défiance entre les deux puissances.

Lancées en 1971 et se déroulant tous les deux ans, les manoeuvres RIMPAC (pour "Rim of the Pacific") sont prévues du 26 juin au 1er août au large d'Hawaï.

Les 23 nations du Pacifique rassemblées -- dont la France en raison de ses territoires dans la région -- aligneront 49 bâtiments de surface, six sous-marins, plus de 200 aéronefs et 25.000 hommes.

Et, événement inédit, la Chine en fera partie, ce qui lui vaudra d'opérer aux côtés de la Marine japonaise, alors que les relations entre les deux pays sont actuellement exécrables, en raison justement de tensions maritimes.

Mais c'est bien l'entente sur le terrain entre les Etats-Unis et la Chine qui sera scrutée, étant donné la méfiance les séparant, surtout depuis que l'administration américaine a dit faire de l'Asie-Pacifique sa nouvelle priorité stratégique.

Les analystes s'accordent pour affirmer que de tels exercices militaires sont de plus en plus importants pour forger ou renforcer des liens entre deux pays dotés de l'arme nucléaire et qui s'accusent mutuellement d'être responsables de la tension dans certaines mers d'Asie.

Une meilleure coopération entre les forces américaines et l'Armée populaire de libération (APL) "est vraiment cruciale", assure Michael O'Hanlon, expert des relations sino-américaines à la Brookings Institution.

"Dans le contexte actuel, notre principale préoccupation est que des crises localisées ou des accrochages dégénèrent en quelque chose de beaucoup plus grave", dit-il, en référence aux disputes de souveraineté territoriale opposant Pékin et certains de ses voisins, parfois alliés des Etats-Unis.

Les contacts entre les forces armées sont considérés comme le point faible des relations sino-américaines, même si les deux état-majors ont des échanges de haut niveau et que les deux marines ont déjà organisé des activités conjointes d'entraînement.

Mais le RIMPAC 2014, pour lequel Pékin dépêchera une mini-flotte comprenant un destroyer lance-missiles, une frégate lance-missiles, un navire de ravitaillement et un navire-hôpital, est "un signe positif du renforcement de la confiance entre la Chine et les Etats-Unis", a souligné dans un commentaire l'agence officielle de presse Chine nouvelle.

"Pour les Chinois la décision de s'engager (dans cet exercice) représente un palier significatif. En particulier sous un commandement américain", a aussi jugé le commandant des forces américaines en Asie-Pacifique, l'amiral Samuel Locklear.

Ces dernières semaines les sujets de friction n'ont en effet pas manqué entre Washington et Pékin, ce dernier s'irritant notamment de l'inculpation aux Etats-Unis de cinq officiers de l'armée chinoise pour "piratage informatique" et "espionnage économique".

Pékin a également peu apprécié en avril une déclaration publique à Tokyo du président américain Barack Obama, qui a répété que des îles dont le Japon et la Chine se disputent la souveraineté étaient "couvertes" par un traité bilatéral de défense américano-nippon.

Et, peu avant, les relations entre les Etats-Unis et la Chine s'étaient brutalement tendues après que Pékin a unilatéralement instauré le 23 novembre 2013 une zone aérienne d'identification sur une grande partie de la mer de Chine orientale, entre la Corée du Sud et Taïwan.

Deux semaines plus tard, un croiseur lance-missiles américain avait failli entrer en collision avec un bâtiment de la Marine chinoise dans les eaux internationales de la mer de Chine méridionale, chacun se rejetant la faute de l'incident.

"Il y a eu toute une série d'événements qui poussent au pessimisme quant à la relation", résume Jia Qingguo, professeur de relations internationales à l'Université de Pékin. "Les deux armées ont besoin de se parler plus souvent et de façon plus poussée".

Pour Jingdong Yuan, expert en géopolitique de l'Université de Sydney, l'urgence est de préparer un mécanisme capable de désamorcer une crise avant qu'elle ne se transforme en conflit.

La Chine et les Etats-Unis "se rendent compte qu'une confiance mutuelle est à la fois très nécessaire mais aussi très difficile à bâtir", note-t-il.

cdh-seb/jug/pt

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