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Manifestation à la veille du procès pour une affaire de viol ayant scandalisé le Kenya

Manifestation à la veille du procès pour une affaire de viol ayant scandalisé le Kenya

Des centaines de manifestants ont défilé lundi dans l'ouest du Kenya, à la veille du procès d'un des violeurs présumés d'une jeune fille, initialement relâchés par la police qui leur avait seulement ordonné de tondre le gazon du commissariat.

L'affaire a suscité un immense scandale dans le pays et eu un large écho à l'étranger.

"Nous sommes venus demander justice pour nos filles", a expliqué à l'AFP Jennifer Lucheli, 45 ans et mère de cinq enfants, qui a manifesté dans la petite localité de Busia, près de la frontière ougandaise.

En juin 2013 à Busia, "Liz" (un pseudonyme), âgée de 16 ans à l'époque, a été attaquée, battue et violée par six hommes qui l'ont ensuite jetée, inconsciente et en sang, dans une fosse septique.

Par la suite, la presse a révélé que Liz, qui a survécu malgré de graves blessures, avait identifié certains de ses agresseurs qu'elle connaissait, mais que les policiers, devant qui des habitants les avaient conduits, les avaient laissé repartir après leur avoir simplement ordonné de débroussailler les abords du commissariat.

La justice était elle aussi restée largement passive, le Parquet n'annonçant l'ouverture de poursuites qu'en février 2014, après qu'une pétition demandant "Justice pour Liz" eut recueilli 1,7 million de signatures de par le monde.

Un seul des violeurs présumés devrait être dans le box mardi, les cinq autres étant en fuite, selon le préfet du canton, Isaiah Nakoru.

"Jusqu'ici nous n'avons aucune information faisant état de l'arrestation ou du défèrement des autres", a expliqué un membre de la Coalition contre les violences faites aux femmes (Covaw).

Dans la région de Busia, le "viol est un phénomène chronique", a souligné Joy Musumba, 25 ans, qui portait une pancarte indiquant: "couper le gazon n'est pas une punition pour un viol".

"Liz est comme moi", "nous demandons justice pour Liz", pouvait-on lire sur d'autres pancartes, alors que des moto-taxis qui s'étaient joints au défilé faisaient entendre leurs klaxons.

L'organisme civil de supervision de la police a promis une enquête sur la "conduite des agents de police ayant mal géré la plainte initiale déposée par Liz".

Le chef de la police kényane, David Kimaiyo, avait au plus fort du scandale mis en cause le témoignage de "Liz", estimant que le délai écoulé entre ses cris et l'arrivée à son secours de villageois était "trop court pour que six agresseurs la violent".

Les ONG estiment que la police kényane ne prend pas au sérieux le phénomène du viol dans le pays.

"Il y a plus de 8.600 cas rapportés (de viol) ces quatre dernières années dans ce seul canton", a expliqué Mary Makokha, directrice du Programme d'éducation rurale et de promotion économique (Reep). Selon elle, "des témoins ont été menacés, d'autres corrompus" et dans de nombreux cas le traitement des affaires s'éternise pour décourager les témoins.

Pour Joan Nyanyuki, qui dirige la Covaw, la région de Busia "a développé une culture de subornation dans laquelle les parents acceptent de l'argent comme +compensation+ pour abandonner les accusations de viols sur leurs filles".

Le préfet Nakoru a assuré que les autorités locales étaient déterminées à combattre le viol, affirmant que 13 suspects avaient été arrêtés et déférés depuis avril dans le canton de Busia.

rk-pjm/ayv/tmo/sba

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