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La Jordanie craint une contagion de l'offensive jihadiste irakienne

La Jordanie craint une contagion de l'offensive jihadiste irakienne

L'avancée des insurgés sunnites en Irak inquiète la Jordanie voisine qui craint une contagion dans le royaume déjà confronté à l'afflux de réfugiés syriens et à ses propres islamistes locaux.

Déjà présent en Syrie, où il contrôle certaines zones-clés, le puissant groupe ultra-radical de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) a lancé le 9 juin une vaste offensive en Irak qui lui a permis de mettre la main sur de larges pans de territoire. Et selon des experts, la Jordanie pourrait être une de ses prochaines cibles.

Amman, qui doit gérer la charge de quelque 600.000 réfugiés syriens sur son territoire, est confronté depuis longtemps à des questions de sécurité liées à ses propres jihadistes --dont de nombreux ont rejoint l'EIIL ou d'autres groupes liés à Al-Qaïda en Irak ou en Syrie.

"Seuls ceux qui ne sont pas au courant ou qui sont dans le déni penseraient que l'EIIL n'a pas de partisans en Jordanie. Comment expliquent-ils la présence de 2.000 jihadistes jordaniens en Syrie et en Irak?", déclare à l'AFP Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds pour les études politiques.

Vendredi, une soixantaine d'islamistes ont manifesté à Maan, une ville du sud du pays d'où viennent de nombreux jihadistes jordaniens, pour célébrer les "victoires" de l'EIIL en Irak, selon des sources salafistes et de sécurité.

Et sur Youtube, plusieurs vidéos circulent, menaçant de prendre le royaume pour cible.

"J'ai un message pour le tyran de la Jordanie, nous venons vers vous avec la mort et des ceintures d'explosifs", déclare sur l'une d'entre elle récemment mise en ligne un combattant de l'EIIL sanglé d'explosifs, déchirant un passeport jordanien.

"La Jordanie doit sérieusement s'inquiéter. L'EIIL est très organisé et puissant", assure Hassan Abou Hanieh, spécialiste des groupes islamistes.

La mouvance jihadiste jordanienne est généralement dominée par des groupes rivaux de l'EIIL, partisans d'Al-Qaïda et de sa branche syrienne, le Front al-Nosra.

La plupart des dirigeants salafistes et idéologues jihadistes rejoignent le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, dans ses critiques de l'EIIL, des divisions qui enveniment les relations entre groupes radicaux.

La semaine dernière un universitaire pro al-Nosra critique de l'EIIL a ainsi été victime d'une agression, attribuée par des dirigeants salafistes à l'EIIL.

"Nous n'avons pas de contact avec l'EIIL, mais il n'y a aucun doute que le groupe a des partisans en Jordanie et ils ne sont pas peu nombreux", assure à l'AFP depuis la prison où il est détenu Mohammad Shalabi, un leader salafiste jordanien plus connu sous le nom d'Abou Sayyaf.

Et leur nombre va croissant, selon Mohammed Abou Rumman, chercheur à l'Université du centre jordanien pour les études stratégiques. "Ça devrait préoccuper les autorités".

Selon la société de renseignement Stratfor, la "tentative (de l'EIIL) de s'étendre à la Jordanie suit la logique géopolitique de la région".

"Après sa poussée en Irak, et contrôlant déjà d'importantes parties du territoire syrien, le groupe jihadiste peut essayer de pénétrer dans le royaume (...) La Jordanie est la seule ouverture disponible pour l'EIIL", assure Stratfor sur son site internet.

"La Jordanie s'inquiète car un croissant jihadiste entoure le royaume. C'est une menace très sérieuse", ajoute Oraib Rantawi.

Le président américain Barack Obama s'est lui-même inquiété dimanche du fait que les combattants de l'EIIL "peuvent aussi bien déborder sur des pays alliés comme la Jordanie".

Mais selon Stratfor "le régime Jordanien est beaucoup plus stable qu'en Syrie ou en Irak, et ses forces de sécurité ont prouvé qu'elles étaient efficaces. De plus, la Jordanie bénéficie d'un fort soutien des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite".

Et le royaume entend se tenir prêt à contrer toute offensive.

"L'armée jordanienne a envoyé à la frontière irakienne un nombre supplémentaire de troupes, de chars, de lance-roquettes et des véhicules blindés", a dit lundi un responsable de la sécurité à l'AFP.

Il existe un seul poste-frontière entre l'Irak et la Jordanie, celui de Tirbil, à 370 km à l'est d'Amman. Il n'est pas clair qui gère le côté irakien, certaines informations affirmant qu'il est sous contrôle de l'EIIL tandis que d'autres disent qu'il est contrôlé par des tribus sunnites.

Amman a adopté en avril une très sévère loi anti-terroriste pour contrer la menace des jihadistes jordaniens rentrant au pays après avoir combattu en Syrie voisine.

msh-akh/emb/sw/feb/cbo

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