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Mondial: tristesse ensommeillée pour les Japonais

Mondial: tristesse ensommeillée pour les Japonais

Ils eurent d'abord la paupière lourde puis les yeux embués, tôt vendredi matin, ces "salarymen" japonais qui, avant une longue journée de travail, s'étaient rassemblés un peu partout à Tokyo pour regarder le match des Samouraïs bleus engagés dans le Mondial au Brésil.

L'espoir de la victoire sur la Grèce s'est envolé et les deux équipes ont terminé sur un nul 0-0 au stade de Natal.

Déjà en costume-cravate, beaucoup de ces employés sans grade ont finalement dû regretter de s'être levés avec les poules et d'avoir sauté dans un train de banlieue pour arriver à temps et constater l'impuissance de leur équipe dont la poursuite des aventures au Mondial ne tient plus désormais qu'à un fil.

"Je me suis pris un demi-panaché en douce avant le coup d'envoi pour me donner du courage. Je m'étais levé à 05h00 du matin et, franchement, j'en ai marre que le Japon n'arrive pas à trouver le chemin des filets", peste devant l'AFP Ryo Yamagishi les yeux scotchés sur un écran dans un bar. Au Japon le match démarrait à 07h00 du matin.

Quelques tables plus loin dans le même établissement du quartier de Shibuya, Kazu Maeda, un graphiste de 34 ans, est tout aussi déçu: "le Japon a besoin d'un type qui met des buts comme (Luis) Suarez", l'Uruguayen magique qui, quelques heures plus tôt, avait fait mordre la poussière à l'Angleterre en marquant les deux buts de son équipe.

"Je suis écoeuré, je me suis bourré de café et ai bu des boissons énergisantes pour rien depuis 06h00 ce matin, ça va être une journée super longue et super triste", se lamente-t-il.

Michiru Imai, une jeune étudiante, avait, elle, sorti tout l'attirail du parfait supporter: maillot de l'équipe, boucles d'oreilles en forme de ballon. Deux heures plus tard, elle n'avait plus que ses yeux pour pleurer, même si elle met ça aussi un peu sur le compte de l'alcool. "On n'a pas cours demain, du coup on a bu pendant tout le match", confesse la jeune femme de 22 ans entourée de cinq amis.

"J'étais pourtant sûre qu'on allait gagner. C'est comme si j'avais été plaquée par mon petit copain!", s'emporte-t-elle.

Et plus les Samouraï bleus étaient à la peine, plus de nombreux fans commençaient à se faire une triste raison pour la suite.

"Je ne pense pas qu'on puisse battre la Colombie. Trop forte. Je ne suis même pas sûr de regarder le match", lâche Jun Nishijima, 30 ans, qui travaille pour une société de ventes en ligne.

"Je suis vannée" dit Maki Inamoto, une jeune fleuriste qui, deux heures d'affilée, a mangé la soupe à la grimace devant les écrans de télé d'un autre pub. En repartant, elle a fait quelques photos de tous ces supporters déçus qui envahissaient le célèbre et gigantesque carrefour de Shibuya.

Même si mathématiquement le Japon est encore en course, certains font déjà dans le défaitisme, voire le sarcasme.

"Parole, parole, parole. Du blabla et pas de résultats. Ma grand-mère aurait eu plus de chances de marquer", dit Terry Uesaka, un patron de restaurant, déjà scotch en main.

D'ailleurs, dès la fin du match, des effluves alcooliques parfaitement reconnaissables ont envahi les rames de métro dans lesquelles se sont vite engouffrés les supporters redevenus "salarymen".

Quant à Michelle Aihara, elle a eu droit à la double peine: cette serveuse de 23 ans née en Angleterre s'est levée à 03h00 pour assister au naufrage britannique (défaite 2-1 face à l'Uruguay), avant de vivre la dérive des Samouraï. Et de souffler: "Je veux juste aller me coucher".

alh-jlh/kap/ig

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