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L'affaire des fonds "vautours" ne tient pas les Argentins en haleine

L'affaire des fonds "vautours" ne tient pas les Argentins en haleine

Les Argentins, qui ont déjà vécu la crise économique de 2001, sont loin de céder à la panique alors que certains experts redoutent un défaut de paiement après le succès judiciaire des fonds "vautours" contre Buenos Aires, aux conséquences encore floues.

Pour le sociologue Jorge Giacobbe, la population est pour l'instant indifférente à l'épilogue de cette longue bataille, qui pourrait déboucher sur un nouveau défaut de paiement de l'Argentine ou une solution négociée.

"Le monde de la finance et de l'industrie est inquiet, mais la plupart des gens pensent qu'il ne va rien se passer, ils ne sont pas au courant", estime le sociologue.

La présidente Cristina Kirchner, comme le ministre de l'Economie Axel Kicillof se sont voulus jusqu'ici rassurant, appelant leurs concitoyens à être "tranquilles", promettant qu'ils défendaient les intérêts du pays face au lobby financier. M. Kicillof a même lancé un "No pasaran! (Ils ne passeront pas)", ressortant un vieux slogan des Républicains espagnols à l'encontre des Franquistes.

"Leurs préoccupations sont plus concrètes, poursuit-il. Pour l'instant on ne souffre pas des conséquences, donc c'est abstrait. Et puis c'est très technique tout ça, c'est une affaire de banquiers, d'économistes, de politiciens, d'experts. Neuf personnes sur 10 ne comprennent pas de quoi il s'agit, ils ne s'intéressent pas à la finance".

En plein Mondial de football, tout cela passe dans un second plan, remarque Guillermo Perez Sosto.

Il se souvient des scènes d'émeutes de décembre 2001, des manifestations-concerts de casseroles, de la détresse d'hommes et de femmes ayant perdu leurs économies, leur travail. "S'il y a un nouveau défaut, je doute qu'on en arrive à une crise comme en 2001", dit encore le sociologue.

La situation de l'Argentine n'a rien à voir avec celle de 2001.

En 2001, le pays sud-américain venait de connaître trois ans de récession, croulait sous la dette, le chômage était très élevé. Aujourd'hui, il existe une amorce de récession économique, mais le chômage est bas et la balance commerciale est nettement positive.

Roland Perez, 58 ans, ne veut pas revivre une telle crise. Ce marchand de journaux du centre de la capitale argentine suit de loin les développements sur le front de la dette. "Ca ne nous intéresse pas. Ce qui est important pour l'Argentin, c'est l'argent qu'il a dans la poche, ses enfants, la sécurité et le Mondial".

"On est attentifs, nous le travailleurs, ce qui compte avant tout c'est comment on arrive à la fin du mois. La principale préoccupation, c'est les prix qui augmentent tout le temps. C'est ça la réalité", confie Alicia Guttierrez, 45 ans, une employée de banque.

Alors que les Argentins sont prompts à descendre dans la rue, aucune mobilisation d'ampleur n'a été relevée ces derniers jours.

Seul fait isolé, des militants trotskystes ont brûlé le drapeau américain devant l'ambassade des Etat-Unis à Buenos Aires après l'annonce de la Cour suprême, qui a refusé de remettre en cause le jugement condamnant l'Argentine à verser 1,33 milliard de dollars aux fonds spéculatifs NML Capital et Aurelius Management.

Elève modèle du FMI dans les années 1990, l'Argentine surendettée s'était déclarée en défaut de paiement, la plus grande faillite de l'histoire. Depuis, la 3e économie d'Amérique latine a repris de la vigueur et s'est redressée sans la tutelle des institutions financières internationales en s'appuyant sur les revenus des exportations agricoles. Depuis, Buenos Aires a versé plus de 150 milliards de dollars à ses créanciers et sa dette totale ne représente plus que 40% du PIB.

"Je trouve le jugement injuste, peste Lucia Menendez, un étudiante en philosophie de 21 ans. On se relève tout juste de la crise et on veut nous remettre la tête sous l'eau".

ap/ob

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