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Irak: les jihadistes à la tête d'une coalition hétéroclite

Irak: les jihadistes à la tête d'une coalition hétéroclite

Les forces irakiennes combattent une coalition hétéroclite dirigée par les jihadistes mais rassemblant également d'anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein, des groupes salafistes et des éléments tribaux, unis contre un même ennemi.

Les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) sont le principal moteur de l'offensive fulgurante qui a permis aux insurgés de s'emparer, en dix jours, de larges pans du nord et du centre de l'Irak, et ont été au centre de l'attention internationale.

"L'EIIL représente la principale force motrice" de l'opération, affirme un officier du bureau du Premier ministre Nouri Al-Maliki qui a requis l'anonymat. Ces jihadistes "ne laissent aucune autre organisation partager le leadership" de l'opération, ajoute-t-il.

Mais cette organisation issue d'Al-Qaïda coordonne son action avec une nébuleuse d'autres groupes arabes sunnites, comme l'armée de l'ordre des Naqshabandis et l'armée de Mohamed, "bien que leur rôle soit limité dans cette opération et qu'il y ait des divergences" entre eux, explique l'officier.

L'armée des Naqshabandis serait proche de l'ancien numéro deux de Saddam Hussein, Ezzat al-Douri, le plus haut responsable de l'ancien régime toujours en fuite.

Quant à l'armée de Mohamed, proche du parti Baas dissous, elle avait combattu les forces américaines à Fallouja en 2005 et a été impliquée dans une insurrection dans cette même ville sunnite l'an dernier.

Tous ces groupes "reçoivent un soutien logistique d'éléments du parti Baas" qui était au pouvoir du temps de Saddam Hussein, selon le responsable.

Parmi les insurgés figure également "L'armée des Moujahidine", formée d'anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein.

"Et même si ces groupes ne partagent pas la même idéologie que l'EIIL, ils le soutiennent actuellement, en partant du principe que +l'ennemi de mon ennemi est mon ami+", ajoute-t-il.

Selon l'expert militaire Anwar Mahmoud Khalaf al-Joubouri, deux autres groupes salafistes, "Ansar al Sunna", qui a revendiqué des attaques anti-américaines, et "l'Armée islamique", qui regroupe d'anciens officiers de Saddam Hussein, "prennent part à l'offensive contre les forces gouvernementales".

"Même s'ils divergent sur certains points, ils coordonnent leur action et échangent les informations'", explique M. Joubouri, un ancien général de l'armée sous Saddam Hussein.

Des hommes de tribus semblent également jouer un rôle, et M. Maliki a appelé les chefs des tribus arabes sunnites à désavouer l'insurrection.

L'EIIL, qui joue également un rôle de premier plan en Syrie, a proclamé Ninive, première province irakienne à tomber, comme faisant partie de son Etat islamique et a commencé à y imposer sa loi.

L'EIIL et ses alliés ont également pris le contrôle de larges parties de trois autres provinces --Kirkouk, Saleheddine et Diyala-- et sont désormais à moins de cent kilomètres de Bagdad.

Face à cette situation, le gouvernement de M. Maliki a officiellement demandé aux Etats-Unis d'intervenir par le biais de frappes aériennes.

Les forces irakiennes, mises en déroute dans les premiers jours de l'offensive, semblent avoir repris l'initiative et ont également fait appel à des milliers de volontaires.

Le gouvernement Maliki, au pouvoir depuis 2006, est miné par les divisions et confronté à des violences meurtrières alimentées par le mécontentement de la minorité sunnite qui s'estime marginalisée et la guerre en Syrie voisine.

Pour Toby Dodge, directeur du centre du Moyen-Orient à la London School of Economics, les différences idéologiques entre les insurgés pourraient rendre la tâche du gouvernement plus facile.

"Si l'histoire se répète, l'EIIL, avec son ambition d'établir un califat transnational, son radicalisme, son approche absurde de l'islam (...) ne pourra que rompre cette coalition", estime-t-il.

"Ils veulent imposer un régime islamique sur la population sunnite de l'Irak, qui ne veut pas cela", souligne-t-il, ajoutant que de telles tentatives avaient échoué en 2005 et 2006, au plus fort de l'insurrection, et échoueront à nouveau aujourd'hui.

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