Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les morales des livres pour enfants n'influencent pas forcément leurs comportements

Pinocchio ne rend pas les enfants plus honnêtes
Disney

On lit des histoires à ses enfants pour le plaisir ou pour leur apprendre à déchiffrer leurs premières lettres. Mais dans toutes les histoires, il y a quelque chose de plus: elles sont faites pour éduquer, pour apprendre aux enfants ce qui est bien et ce qui est mal. Des chercheurs se sont demandé si les leçons de morales qui s'y trouvent ont réellement un impact sur nos têtes blondes. Et bien selon cette étude, publiée dans la revue Psychological Science, pas autant qu'on le croit.

Plus précisément, ces chercheurs canadiens, des universités de Toronto, McGill et Brock, se sont intéressés à une morale qui revient souvent dans les histoires pour enfants: mentir, c'est pas bien. Leur hypothèse de base, c'est que lorsque les méchants sont punis, les enfants ne vont pas reproduire le même comportement. Dans le cas du mensonge donc, on espère que les enfants seront honnêtes.

Comment? Une expérience pour voir si les enfants mentent

Leur expérience, faite sur 268 enfants, est assez simple. Elle avait pour objectif de tester l'honnêteté de ceux-ci, qui ont entre 3 et 7 ans, après leur avoir lu différentes histoires. Mais d'abord, il fallait créer un contexte dans lequel ils peuvent mentir ou non. L'enfant est installé dos à une table, sur laquelle le chercheur pose un jouet, que l'enfant ne peut voir. Il peut toutefois deviner que c'est car le jeu émet des sons caractéristiques: il rugit si c'est un lion, par exemple.

Une fois le jouet deviné, le chercheur leur donne un livre, pose un jouet sur la table, puis s'en va pendant une minute, après avoir pris soin de recouvrir le jouet. L'enfant, s'il est trop curieux, a donc le temps de se retourner et de tricher pour savoir ce qui se cache sur la table. Le chercheur n'en saura rien, mais la scène est filmée et enregistrée.

C'est là qu'interviennent les différentes histoires, quatre au total:

  • Le Lièvre et la Tortue: une fable sans rapport avec la vérité et le mensonge
  • Pinnocchio: l'histoire de ce garçon en bois dont le nez s'allonge quand il ment
  • Le garçon qui criait au loup: un enfant qui ment toujours aux gens de son village en disant qu'il a vu un loup. Le jour où c'est vrai, plus personne ne le croit, et il finit dévoré.
  • George Washington et le cerisier: une anecdote selon laquelle George Washington, quand il avait 6 ans, coupait un cerisier à la hache et avoue la chose lorsque son père lui demande la vérité. Il n'est pas puni mais doit maintenant être honnête.

Et voici, selon l'histoire, la question qui était posée à l'enfant, était la suivante:

  • "Je vais te poser une question, et je veux que tu me dises la vérité, d'accord?"
  • "Je vais te poser une question, et je ne veux pas que tu sois comme Pinocchio. Je veux que tu me dises la vérité, d'accord?"
  • "Je vais te poser une question, et je ne veux pas que tu sois comme le garçon qui criait au loup. Je veux que tu me dises la vérité, d'accord?"
  • "Je vais te poser une question, et je veux que tu sois comme George Washington dans l'histoire. Je veux que tu me dises la vérité, d'accord?"

La fameuse question est celle-ci: "Est-ce que tu t'es retourné et a jeté un œil au jouet pendant que je suis parti?"

Pourquoi? Ils ont besoin de modèles

Verdict:La plupart des enfants s'étaient retournés. A 3 ans, 88% d'entre eux, un peu moins à 7 ans: 68%. L'âge joue donc pour beaucoup, et c'est bien normal. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est de connaître l'influence de l'histoire qu'on leur a lu.

Seulement un tiers de ceux qui se sont retournés, et ont lu Le lièvre et la tortue, Pinnocchio, ou Le garçon qui criait au loup, ont avoué avoir triché. C'est moins que ceux qui ont lu l'histoire de George Washington: la moitié a avoué sa faute.

A priori donc, menacer l'enfant à travers des histoires n'est pas une super tactique. Pour le vérifier, les chercheurs ont reproduit la même expérience, mais en changeant l'issue de l'histoire de George Washington. A la fin son père lui confisque sa hache et lui dit qu'il est très déçu. Cette fois, seuls 30% des enfants vont avouer s'être retournés, soit à peu près le même taux que pour les autres histoires.

Morale de l'histoire, pour les parents et même pour les professeurs: si vous voulez que les enfants disent la vérité, montrez-leur que c'est bien d'être honnête, plutôt que de leur faire croire qu'ils finiront dévoré par un loup s'ils mentent.

INOLTRE SU HUFFPOST

Les enfants font la sieste n'importe où

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.