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Merkel défend la rigueur budgétaire dans l'UE et recadre son vice-chancelier

Merkel défend la rigueur budgétaire dans l'UE et recadre son vice-chancelier

La chancelière allemande Angela Merkel a défendu les règles européennes de discipline budgétaire en recadrant mercredi son ministre de l'Économie Sigmar Gabriel accusé de participer à un front social-démocrate contre l'austérité avec la France et l'Italie.

Au sein du gouvernement allemand, "nous sommes d'accord qu'il n'y a pas de nécessité de modifier le Pacte de stabilité", a déclaré Mme Merkel, lors d'une conférence de presse. "Le pacte actuel offre déjà "suffisamment de flexibilité, c'est notre conviction commune", a-t-elle ajouté, en soulignant avoir eu une discussion avec M. Gabriel, vice-chancelier de la grande coalition et chef des sociaux-démocrates (SPD).

Les médias faisaient état de tensions au sein du gouvernement même si les porte-parole des différents ministères ont assuré qu'ils étaient tous sur la même ligne... celle de Mme Merkel.

M. Gabriel avait proposé lundi à Toulouse (sud-ouest de la France) d'exclure du calcul du déficit public en zone euro les "coûts occasionnés par les mesures de réforme", pour "donner plus de temps" aux pays concernés par des déficits excessifs.

Ces propos ont été salués par le ministre français de l'Économie, le socialiste Arnaud Montebourg, lors de leur visite conjointe sur le site du constructeur aéronautique Airbus. "Je remercie M. Gabriel pour ses propos (...) le moment est venu pour agir en conséquence", a-t-il dit.

Cette sortie de M. Gabriel a suscité une levée de boucliers chez les conservateurs (CDU/CSU) de Mme Merkel.

"Un assouplissement du pacte de stabilité serait le mauvais signal absolu. Cela endommagerait la confiance dans l'euro", a réagi le porte-parole des députés CDU pour les questions budgétaires Norbert Barthle.

Encore plus virulent, le secrétaire général de la CSU (les conservateurs bavarois) Andreas Scheuer a jugé que la proposition de M. Gabriel était "un attentat contre le contribuable allemand".

Selon le quotidien conservateur Die Welt, Sigmar Gabriel a "agacé" le ministre des Finances Wolfgang Schäuble et une bonne partie du gouvernement.

L'hebdomadaire Spiegel voyait à la manoeuvre un front des pays du sud de l'Europe en difficulté, France et Italie en tête, contre l'Europe du Nord et "contre Merkel", pour assouplir la discipline budgétaire et mettre l'accent sur la croissance et l'emploi, avec l'appui des sociaux-démocrates allemands.

"Rome et Paris bousculent le Pacte de stabilité", affirme le quotidien Süddeutsche Zeitung.

"Le prochain président de la Commission européenne devra changer de politique pour les cinq prochaines années ou alors il n'aura pas l'appui de l'Italie", avait lancé le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, il y a dix jours.

Dans un contexte de croissance en berne et de chômage très élevé, le débat sur une réorientation de l'Europe après des années de rigueur controversée prend de l'ampleur au moment où les chefs d'État et de gouvernement doivent renouveler la tête des principales institutions européennes.

Malgré le recadrage de Mme Merkel, la position du gouvernement allemand, intransigeant sur les déficits tout au long de la crise de l'euro, semble s'assouplir légèrement depuis l'arrivée en décembre des sociaux-démocrates comme partenaire de coalition.

A Berlin, on est conscient de la situation politique explosive en France, après la poussée de l'extrême droite aux élections européennes de mai.

"Le pacte comprend déjà la flexibilité nécessaire (...) nous devons agir à l'intérieur du pacte", a déclaré mercredi Steffen Seibert, le porte-parole de Mme Merkel, semblant suggérer qu'il y avait une marge d'interprétation. Il a d'ailleurs remarqué que des États européens avaient de fait déjà obtenu plus de temps pour réduire leurs déficits publics.

Parmi les économistes allemands, c'est l'effervescence. Céder aux demandes de Paris et Rome reviendrait à autoriser "un endettement sans gêne et serait le moyen le plus sûr de relancer la crise de l'euro", estimait Ulrich Kater, économiste en chef de la Dekabank.

Marcel Fratzscher, président de l'institut économique DIW, défend pourtant M. Gabriel, jugeant que sa position permettrait d'obtenir de vraies réformes structurelles en échange d'un assouplissement momentané sur les critères de déficit. De toute façon, "les déficits plus élevés sont depuis longtemps tolérés".

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