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Bataille à la principale raffinerie d'Irak, Maliki promet de vaincre les jihadistes

Bataille à la principale raffinerie d'Irak, Maliki promet de vaincre les jihadistes

Les combattants jihadistes ont pris d'assaut mercredi la principale raffinerie d'Irak intensifiant leur offensive qui leur a permis de s'emparer de larges régions du pays, mais le Premier ministre Nouri al-Maliki a promis de vaincre les "terroristes".

M. Maliki, un chiite honni par les insurgés sunnites et plus généralement par la minorité sunnite en Irak, a affirmé que ses forces tentaient désormais de stopper l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), après leur déroute aux premiers jours de l'offensive lancée le 9 juin.

A l'étranger, l'Arabie saoudite sunnite, qui accuse M. Maliki d'avoir conduit le pays au bord du gouffre, a mis en garde contre une "guerre civile" en Irak qui déstabiliserait "la région entière".

Dans l'autre camp, l'Iran chiite qui appuie le cabinet Maliki a conditionné une éventuelle coopération avec les Etats-Unis en Irak à la réussite des pourparlers nucléaires, alors que Washington a dit examiner "chaque option", dont des frappes aériennes, pour aider son allié irakien.

Allant plus loin, le Premier ministre britannique David Cameron a affirmé que les jihadistes "projettent aussi" d'attaquer le Royaume-Uni, et que son pays ne saurait tolérer la création d'un "régime islamique extrémiste" en Irak.

Portant des uniformes militaires et à bord de nombreux véhicules dont certains saisis à l'armée, les jihadistes de l'EIIL ont lancé à l'aube un assaut contre la raffinerie de Baïji, située à 200 km au nord de Bagdad, a indiqué le porte-parole des forces armées.

Mais les forces irakiennes, appuyées par l'aviation, leur faisaient face et les combats se poursuivaient dans l'après-midi, selon un responsable.

"Les combattants de l'EIIL ont hissé l'étendard du groupe sur un complexe", selon un employé. La raffinerie a été fermée lundi après l'évacuation des employés étrangers, mais certains Irakiens étaient restés sur place.

Jusque-là, les dirigeants du secteur pétrolier estimaient "limitées" les implications concernant la production pétrolière d'Irak, deuxième plus gros exportateur au sein du cartel de l'Opep.

"L'attaque contre la principale raffinerie de Baïji peut constituer une source de pétrole pour l'EIIL (...) Mais elle ne fournit pas de pétrole hors d'Irak et l'impact de l'attaque est probablement moindre que ce que l'on craint", estime Rebecca O'Keeffe, analyste de la maison de courtage Interactive Investor.

Hormis les champs du Kurdistan (nord) contrôlés par les autorités locales, la majorité de la production irakienne de pétrole est située dans le Sud, loin de l'offensive.

Depuis le 9 juin, les combattants de l'EIIL, appuyés par des partisans de l'ex-président sunnite Saddam Hussein, ont pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord).

Les jihadistes ont également réussi à s'emparer mercredi de trois villages du nord de l'Irak.

Tentant de reprendre l'initiative, les forces armées ont annoncé leur intention de reconquérir totalement "dans les prochaines heures" la ville-clé chiite de Tal Afar (nord-ouest), contrôlée en partie par les insurgés, avant de se diriger vers Mossoul, la deuxième ville du pays située plus au nord, pour en déloger les jihadistes.

Tal Afar se trouve à une centaine de km de la frontière syrienne, alors que l'EIIL aspire à créer un Etat islamique dans la zone frontalière.

La veille, l'armée avait repoussé les insurgés à Baqouba (60 km au nord-est de Bagdad).

"Nous ferons face au terrorisme et mettrons en échec le complot", a assuré dans un discours télévisé M. Maliki après avoir limogé de hauts commandants accusés d'avoir fui le champ de bataille au début de l'offensive.

"Un revers n'est pas une défaite", a-t-il dit en assurant que les forces armées avaient "réussi à stopper l'escalade".

Le gouvernement Maliki, au pouvoir depuis 2006, est miné par les divisions confessionnelles entre chiites et sunnites et confronté à des violences meurtrières depuis plus d'un an, alimentées par le mécontentement de la minorité sunnite qui s'estime marginalisée et la guerre en Syrie voisine où l'EIIL est aussi actif.

Dans la province de Ninive, une quarantaine d'Indiens travaillant sur des chantiers de construction ont été enlevés dans la région de Mossoul, où 80 ressortissants turcs sont retenus par les jihadistes depuis la semaine dernière.

Pour l'ensemble des experts, les développements actuels trouvent leur origine dans l'invasion américaine de 2003 qui a renversé le dictateur sunnite Saddam Hussein, mais aussi dans la politique confessionnelle menée par M. Maliki.

"Les Américains ont démantelé les institutions mais Maliki entrera dans l'Histoire comme celui qui a perdu des pans de l'Irak", a assuré l'une de ces analystes, Ruba Husari.

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