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Bulletin de fin de session: bonne note pour Couillard, mais des ministres devront refaire leurs devoirs

Bulletin de fin de session: bonne note pour Couillard, mais des ministres devront refaire leurs devoirs
Radio-Canada.ca

QUÉBEC - Alors que la session parlementaire s'est terminée vendredi, trois analystes dressent le bulletin des premiers mois du gouvernement Couillard. Si le premier ministre et ses nouvelles recrues font bonne figure, ce sont des politiciens hérités de l'ère Charest qui sont à l'origine des faux pas.

Habitué d'être premier de classe, le premier ministre peut partir en vacances avec l'esprit tranquille. L'ex-directeur de l'information au Journal de Québec, Donald Charette, lui attribue la note A. «Ils ont amélioré le ton à l'Assemblée nationale. C'est beaucoup moins agressif, beaucoup plus poli.» Il attribue notamment ce changement de ton à la personnalité de Philippe Couillard, de même qu'à sa majorité en chambre.

Il faut dire que les citoyens ne ressentent pas encore l'impact des compressions annoncées, ajoute celui qui est aussi blogueur pour Le Huffington Post Québec.

Le spécialiste de l'image et professeur à HEC Montréal, Jean-Jacques Stréliski, est un peu plus exigeant. Il accorde A- au nouveau gouvernement. Philippe Couillard a réussi à faire oublier la charte et à rompre avec l'héritage du gouvernement Charest. «Il a su assainir l'atmosphère dans une période relativement courte», dit Jean-Jacques Stréliski.

Même l'ex-député péquiste, devenu analyste politique, Jonathan Valois, dresse un portrait plutôt positif des premiers mois du gouvernement Couillard. «Il a réussi à démontrer qu'il n'est pas dans la lignée de Jean Charest, tout en agissant comme quelqu'un qui a une vision et de l'expérience», dit-il. Jonathan Valois lui accorde donc un B+.

Jonathan Valois souligne d'ailleurs que Philippe Couillard réussit à se démarquer des scandales de l'ère Charest. «Le public regarde la commission Charbonneau et il a l'impression de voir un vieux film», dit-il.

Seule ombre au tableau, la gestion par Lise Thériault du dossier de l'évasion du centre de détention de Québec. «Ultimement, ça remonte jusqu'au chef du gouvernement, dit Donald Charette. C'était aussi sa décision de la nommer vice-première ministre. Est-ce que c'était le meilleur choix?»

Cafouillage et confusion

Spontanément, les trois commentateurs affirment que des ministres hérités de l'ère Charest constituent le talon d'Achille du gouvernement Couillard. À l'inverse, les nouveaux venus semblent être de bonnes prises.

Sans surprise, la ministre de la Sécurité publique Lise Thériault s'est attiré les critiques pour sa gestion du dossier de l'évasion de trois prévenus au centre de détention de Québec. «J'ai toujours pensé que c'était surfait un peu, sa capacité à mener des dossiers», lance, lapidaire, Jonathan Valois. La gestion du dossier jette «un flou sur les compétences réelles de la ministre», croit Jean-Jacques Stréliski.

Yves Bolduc ne s'attire pas plus de faveurs de nos analystes. Ex-ministre de la Santé, il a dû céder son ministère à Gaétan Barrette et accepter l'Éducation. «On ne sent pas que ça ne se fait très naturellement», dit Jean-Jacques Stréliski. Donald Charette le trouve «faible», tandis que Jonathan Valois le qualifie de «mollasson». «Il semble être un ministre junior à côté de Carlos Leitao», dit Jonathan Valois. Tous lui reprochent sa valse-hésitation dans le dossier des taxes scolaires.

Aux Transports, Robert Poëti s'attire également des critiques pour son message confus dans le dossier du SLR sur le pont Champlain. Alors que les élus montréalais favorisent cette option, le ministre a d'abord hésité, pour finalement demander plus de consultations. «J'ai eu de la difficulté à le suivre dans ce dossier», dit Donald Charette.

Les bonnes recrues

À l'inverse, les nouvelles recrues se sont démarquées avantageusement, croient nos analystes. «On comprend mieux pourquoi on aimait moins le gouvernement Charest», lance Jonathan Valois.

Le trio économique fait particulièrement bonne figure. Jonathan Valois souligne notamment le travail du ministre des Finances, Carlos Leitao, qui «semble en plein contrôle de ses dossiers.»

À l'Économie, Jacques Daoust a repris avec doigté le dossier épineux de la cimenterie de Port-Daniel-Gascons, croit Jean-Jacques Stréliski. «Il a fait les ajustements nécessaires et a bien expliqué le dossier», dit-il.

Idem pour le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. «On me dit qu'à l'interne il impressionne beaucoup», dit Donald Charette.

Même le ministre Barrette, connu pour son tempérament bouillant, a connu une bonne session. Malgré son incapacité à régler l'étalement de la hausse salariale des médecins, le docteur a été proactif dans les autres dossiers. «Il peut froisser certaines personnes, dit Jonathan Valois. Mais dans un système qu'on sent assez sclérosé, quelqu'un qui n'a pas peur de froisser quelques grands bien-pensants, ça va peut-être faire du bien.»

La méthode Couillard?

Malgré les similitudes dans leurs programmes, Philippe Couillard se démarque de Jean Charest dans son approche. Alors que Jean Charest avait foncé tête baissée avec sa réingénierie de l'État, le docteur Couillard prévient que «ça risque de faire un peu mal» avant de pratiquer l'incision.

Avec ses deux commissions, une pour revoir les programmes existants, l'autre pour réviser la fiscalité, Philippe Couillard «se donne une année de communication politique», estime Jonathan Valois. Les commissions serviront à faire de la pédagogie. On annoncera l'an prochain les décisions difficiles.

Toutefois, le gouvernement prend un risque en reléguant à plus tard l'abolition de nombreux programmes. «Normalement, un gouvernement essaie de faire ses réformes les plus difficiles en début de mandat, dit Donald Charette. Après, tu as trois ans pour te faire oublier ou corriger le tir.»

Le spécialiste de l'image Jean-Jacques Stréliski croit pour sa part que le premier ministre joue un peu trop de prudence. Il cite l'exemple du Rapport Godbout-Montmarquette, où deux experts indépendants ont dressé le bilan des finances publiques. «Probablement que c'est une opération de défensive dont on aurait pu se passer, dit-il. On aurait pu assumer davantage les gestes qu'on allait poser.»

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