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Les Kosovars aux urnes, un test pour l'avenir européen du Kosovo

Les Kosovars aux urnes, un test pour l'avenir européen du Kosovo

Les Kosovars ont commencé à voter dimanche lors de législatives-test pour le Premier ministre sortant Hashim Thaçi dont l'un des principaux enjeux est la participation de la minorité serbe, cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

M. Thaçi, 46 ans, qui dirige le Kosovo depuis sept ans et qui a conduit son pays à l'indépendance de la Serbie en 2008, brigue son troisième mandat consécutif en tant que Premier ministre.

Ancien chef de la guérilla indépendantiste reconverti dans la politique, M. Thaçi se présente fragilisé par une mauvaise situation économique et un taux de chômage de 35% dans une population de 1,8 million d'habitants, un taux similaire à celui enregistré à la fin 2007, lorsqu'il obtenait son premier mandat à la tête du gouvernement.

Les quelque 2.300 bureaux de vote ont ouvert à 05H00 GMT et fermeront à 17H00 GMT.

"J'espère que la situation économique va s'améliorer", a dit après avoir voté à Pristina un retraité Daut Shalla.

"Le gouvernement qui a dirigé le pays jusqu'à présent n'a pas été à la hauteur de la tâche et nous devons le remplacer", a dit pour sa part, Nazmi Jashari, 66 ans.

Dernièrement, M. Thaçi a certes ancré le Kosovo sur la voie du rapprochement avec l'Union européenne (UE) en oeuvrant à la conclusion, en avril 2013, d'un accord historique visant à l'amélioration des relations bilatérales avec la Serbie, sous la houlette de Bruxelles.

Pour autant, Belgrade refuse toujours de reconnaître l'indépendance du Kosovo, proclamée unilatéralement par la majorité albanaise.

La participation de la minorité serbe à ce scrutin est cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

Les quelques 80.000 Serbes vivant dans des enclaves isolées au milieu d'une écrasante majorité d'Albanais iront aux urnes, tout comme lors des scrutins précédents.

Mais dans le nord du Kosovo, région limitrophe de la Serbie, où les quelque 40.000 Serbes sont majoritaires et où Pristina n'exerce pratiquement aucun contrôle, leur participation pour la première fois à un tel scrutin demeure incertaine.

Dix sièges sont garantis aux Serbes au sein du Parlement kosovar qui en compte 120.

Pour sa part, le gouvernement serbe, qui a ouvert en janvier des négociations d'adhésion à l'UE, a exhorté la communauté serbe à se rendre aux urnes.

"La participation aux élections (...) est un devoir patriotique pour chaque citoyen serbe vivant au Kosovo", a affirmé le gouvernement de Belgrade dans un communiqué.

Mais les Serbes du nord du Kosovo semblaient être réticents.

"Je n'irai pas voter", assure Dragan Maksimovic, un juriste de 38 ans, habitant dans la partie serbe de la ville ethniquement divisée de Kosovska Mitrovica.

Behlul Beqaj, professeur kosovar des sciences politiques à Pristina, estime que la participation de la communauté serbe au scrutin est "importante".

Leur participation aura "un impact positif sur la mise en oeuvre de l'accord de Bruxelles", fait-il valoir.

En l'absence de sondages fiables, les analystes estiment que les principaux favoris du scrutin sont le Parti démocratique du Kosovo (PDK) de M. Thaçi et le principal parti d'opposition, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), dirigée par Isa Mustafa.

La lutte contre la corruption endémique et le crime organisé resteront les principaux défis à relever, quel que soit le nouvel exécutif kosovar.

Thaci "tente de prendre ses distances avec sa gouvernance passée lorsque la corruption avait atteint des sommets", note l'analyste Lavdim Hamidi.

Au sein du Parlement sortant, le PDK de M. Thaçi ne comptait que 32 des 120 députés et il gouvernait avec le soutien des minorités et de plusieurs petites formations.

Au Kosovo, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, 47% de la population vit dans la pauvreté avec environ 80 euros par mois, alors que le salaire mensuel moyen est de 350 euros.

ih-cn/ros

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