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Chine: 9 millions de lycéens jouent leur avenir ce week-end

Chine: 9 millions de lycéens jouent leur avenir ce week-end

Plus de neuf millions de jeunes Chinois, aiguillonnés par le stress et les pressions parentales, passaient samedi le concours d'entrée à l'université, une épreuve redoutée s'accompagnant d'une traque implacable des antisèches.

Condensé sur deux jours et qualifié de "plus grand examen du monde", le "gaokao" provoque chaque année une poussée de fièvre dans la société chinoise, tant la concurrence est féroce pour décrocher le précieux sésame.

"Je suis inquiet et nerveux", a confié dans un microblog un lycéen au pseudonyme d'Yishengqihuan. "Mais j'accepterai calmement le résultat, quel qu'il soit".

Un total de 9,39 millions de candidats --270.000 de plus qu'en 2013-- sont en lice pour 7 millions de places sur les bancs universitaires.

Ceux qui obtiendront les meilleures notes s'ouvriront les portes des institutions prestigieuses, comme l'université Tsinghua ou l'université de Pékin dans la capitale, ou les universités Fudan et Jiaotong à Shanghai.

Des dizaines de milliers de policiers et surveillants sont mobilisés pour déjouer les plans des tricheurs, qui eux-mêmes ont recours à des réseaux criminels organisés.

Cette année le gouvernement a prévenu d'une "tolérance zéro" et promis de lourdes sanctions aux examinateurs qui se laisseraient corrompre.

La police a même conduit des inspections dans les quartiers concernés par le concours.

Les autorités de Meihekou (nord-est) ont ainsi récemment indiqué avoir découvert trois suspects qui avaient loué un appartement près d'un site d'examen.

La province du Shandong a de son côté annoncé l'interpellation de 18 jeunes qui se préparaient à passer les épreuves à la place de candidats légitimes de la province voisine du Henan.

Mais l'imagination des tricheurs semble illimitée, selon la presse chinoise qui a détaillé le nec plus ultra en matière de technologie: récepteurs de la taille d'une graine de soja placés dans le conduit auditif, micro-téléphones transmettant des vibrations par les os de la boîte crânienne ou encore écrans invisibles au fond de bouteilles d'eau transparente.

Les sites d'examen s'équipent en conséquence: caméras en circuit fermé, brouilleurs pour transmetteurs sans fil, portiques de sécurité, etc.

L'an dernier la province du Jilin avait banni les soutiens-gorge comportant des armatures métalliques, susceptibles de faire sonner les détecteurs de métaux.

Cela s'accompagne d'une forte pression sociale: un diplôme d'études supérieures est désormais considéré comme un outil indispensable à la réussite en Chine.

Dans cette compétition, certains parents sont prêts à tous les sacrifices. Y compris à s'installer près d'un établissement scolaire affichant de bons résultats.

Un bourg de la province peu développée de l'Anhui en a fait l'expérience: en quelques années le nombre des habitants de Maotanchang a bondi de 5.000 à 50.000 personnes, venues profiter de la réputation de son lycée.

Toute l'économie de la petite agglomération, où les restaurants servent des soupes censées doper les neurones, tourne autour de ce "lycée usine", dont 12.000 inscrits planchaient samedi sur l'examen national.

Cette semaine l'agence Chine nouvelle a aussi publié un reportage sur un pensionnat du Hebei, à la fois loué et critiqué pour le rythme intensif auquel il soumet ses élèves.

Ceux-ci, en vue du gaokao, alternent de 05H30 à 22H00 de longues plages de classe et de devoirs personnels, avec de brèves pauses. Ils ont un jour de repos toutes les quatre semaines.

Plus généralement, les parents ne lésinent pas sur les efforts susceptibles d'aider leur progéniture à être en forme ou à s'attirer les faveurs divines.

Aux bâtonnets d'encens qu'on brûle dans les temples s'ajoutent désormais ceux que l'on consume virtuellement sur Internet.

Sans parler des recours à la pharmacopée, sous forme d'injections intraveineuses de glucose, de cure d'hormones ou pilules pour retarder les cycles menstruels.

Reste que le gaokao est controversé sous bien des aspects.

On lui reproche son formatage et de générer un stress inutile. On l'accuse de conforter un système inégalitaire de quotas à l'entrée des universités, où les jeunes gens des métropoles sont favorisés.

Enfin il contribue à mettre sur la touche les enfants de travailleurs migrants, contraints de passer le concours dans la province d'origine de leurs parents. Or livres et programmes scolaires varient d'une province à l'autre.

Depuis 2013 ce système d'exclusion a été partiellement amendé. Cette année 56.000 élèves migrants bénéficieront d'une dérogation pour passer les épreuves là où ils vivent.

"La société chinoise n'est aujourd'hui pas en mesure de proposer un gaokao absolument équitable pour tous", a admis samedi dans un éditorial le journal Global Times. "Mais il oeuvre à améliorer l'égalité des chances".

seb/ia

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