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Mondial-2014 - Haïti: un seul Mondial, il y a 40 ans, mais une passion intacte

Mondial-2014 - Haïti: un seul Mondial, il y a 40 ans, mais une passion intacte

Dans les rues de Port-au-Prince, les drapeaux aux couleurs des équipes qualifiées pour le Brésil sont omniprésents: ici, la passion pour le foot est intacte, même si Haïti n'a participé qu'à un seul Mondial, en Allemagne, en 1974, il y a 40 ans.

Dans la capitale de cette île des Antilles, des petits vendeurs se font quelques sous en proposant aux passants et aux automobilistes des fanions aux couleurs des pays qualifiés: un nouveau commerce florissant autour d'un événement qui passionne.

A quelques jours du coup d'envoi du Mondial, la fièvre s'est emparée des Haïtiens, qui se préparent à vivre l'événement comme si leur pays était qualifié.

Sur le toit de leurs véhicules, les automobilistes accrochent les drapeaux, montrant ostensiblement leur préférence pour telle ou telle sélection. Si à vue d'oeil le Brésil semble avoir la préférence de la majorité des Haïtiens, leurs choix se portent aussi sur l'Argentine, l'Allemagne ou même l'Italie.

"Depuis des décennies, les Haïtiens cherchent des motifs de fierté. Les gens cherchent des modèles ailleurs, qu'ils ne trouvent plus ici. Ils s'identifient aux gagnants", explique un professeur d'université, Denis Régis.

Il se souvient de l'euphorie qui s'était emparée des Haïtiens lorsque la sélection nationale avait marqué un but contre l'Italie du mythique Dino Zoff, au Mondial 1974.

"Depuis... rien. Les Haïtiens reportent leur amour de ce sport sur d'autres pays. Mais le clivage Brésil-Argentine est plus prononcé", note un diplomate haïtien.

Dans les quartiers huppés de la capitale comme dans les bidonvilles, les jeunes en majorité ont déjà établi leurs bases, des clubs de supporters, pour suivre les rencontres.

Des murs de maisons sont peints aux couleurs des sélections. Les portraits des vedettes, Neymar, Messi ou Ronaldo, sont dessinés sur les carrosseries des fameux "tap-tap" colorés, ces véhicules de transport en commun de Port-au-Prince.

"C'est un commerce qui marche. On ne gagne pas beaucoup d'argent, mais nous sauvons notre journée en vendant quelques fanions, en majorité ceux du Brésil", dit un jeune vendeur de drapeaux.

"Le football, c'est comme le carnaval pour les Haïtiens. Cela apporte un bien-être à la population. C'est aussi un calmant politique", analyse Frantz Exil, animateur d'un programme sportif à la radio et à la télévision.

Dans un pays où on compte plusieurs centaines de stations de radio et de chaînes de télé, dont une trentaine dans la capitale, les Haïtiens seront servis. Les télés ont annoncé la couverture entière de l'événement en reprenant les matches sur des chaînes étrangères ou des satellites, sans payer les droits de diffusion pour la plupart.

"Le football va offrir une trêve politique. Cela procure un état d'apaisement dans le pays", reconnaît Frantz Exil, faisant remarquer que les programmes les plus suivis dans les médias sont les émissions sportives.

Mais une inquiétude demeure. La grave crise électrique qui frappe le pays pourrait priver de nombreux téléspectateurs de leur plaisir.

A la télé, deux anciens joueurs de la sélection haïtienne qualifiée pour le mondial allemand de 1974 racontent, un peu nostalgiques, l'exploit d'Haïti, qui dans sa poule avait affronté l'Italie de Dino Zoff, l'Argentine et la Pologne.

Il est bien loin ce temps, et peu de personnes pensent qu'Haïti aura une autre occasion de jouer dans la cour des grands du foot. La sélection haïtienne est à la 73e place du dernier classement de la Fifa.

cre/ol/gv

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