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Commission Charbonneau: Marc Bibeau faisait du financement sectoriel pour le PLQ, confirme le président de CIMA+

Commission Charbonneau: Marc Bibeau impliqué dans le financement sectoriel du PLQ
CEIC

Le président de CIMA+ affirme avoir remis pendant des années des dizaines de milliers de dollars à l'entrepreneur Marc Bibeau pour le PLQ. C'est la première fois que l'implication de ce proche de Jean Charest dans le financement sectoriel est confirmée devant la commission Charbonneau.

Un texte de Bernard Leduc

Kazimir Olechnowicz a expliqué à la commission que l'entrepreneur de Schokbéton, réputé proche de l'ex-premier ministre libéral, l'avait approché à la veille des élections de 2003 pour obtenir de l'argent de CIMA+.

« Il m'a suggéré 100 000 $ », a convenu M. Olechnowicz, et « je serais surpris qu'il ait demandé moins à SNC-Lavalin... »

Le président de CIMA+ a convenu que ce n'était pas lui, personnellement, que M. Bibeau venait solliciter, mais que ce dernier lui a néanmoins précisé vouloir que la somme soit le fait de contributions individuelles, comme le veut la loi qui interdit aux entreprises de faire du financement politique.

« Il s'adresse à moi en tant que président de CIMA+ : si je n'étais pas président de CIMA, il ne serait pas venu me voir... Il m'aurait peut-être demandé un chèque de 3000 $ comme individu », a-t-il convenu.

Il dit avoir par la suite rencontré annuellement M. Bibeau pour les campagnes de financement du PLQ pour lui remettre entre 25 et 30 chèques pour un montant similaire. Il croisait alors parfois Violette Trépanier, la responsable officielle du financement au PLQ.

Mais dans les faits, CIMA+ a souvent contribué davantage au PLQ, puisque ses associés participaient en outre à des événements de financement pour divers députés et ministres à travers le Québec.

« Nos gens allaient à différents cocktails qui étaient en général de l'ordre de 500 $ ou 1000 $ » le billet, a-t-il dit, afin de les encourager.

« Je sais que pour eux, c'est un de leurs devoirs d'amasser un certain montant, qu'un député ça soit 40 000 $ ou un ministre 100 000 $ », a-t-il admis.

Le président de CIMA+ estime qu'il n'a jamais su si sa firme aurait eu à en payer le prix si elle avait décidé de ne pas financer les partis politiques, mais que, dans l'incertitude, il n'a « certainement pas voulu prendre ce risque-là ». Car, outre le souci de contribuer à la vie civique, il s'agissait de « choix d'affaires » voire d'une « police d'assurance ».

Il a tenu a préciser que, sauf en de rares cas, CIMA+ ne remboursait pas les contributions et que les associés payaient donc à même leurs revenus. Les cas de prête-noms, a-t-il insisté, étaient donc marginaux.

Le PQ n'était pas en reste... ni l'ADQ

Chez CIMA+, c'est un de ses vice-présidents, François Plourde, et non lui, qui s'occupait des liens avec le Parti québécois.

M. Olechnowicz ne peut donc confirmer que le financement se faisait de la même façon avec la responsable du financement du PQ, Ginette Boivin : « fort probablement que oui, mais je ne sais pas ». Il ne connaît pas les objectifs de financement que le PQ pouvait avoir pour CIMA+.

Mais les associés chez CIMA+ savaient cependant qu'à chaque année, ils contribuaient aux partis politiques et remettaient en général leur chèque à MM. Plourde pour le PQ et Olechnowicz pour le PLQ.

M. Olechnowicz a aussi rencontré annuellement, à partir de 2002, Léo Housakos - nommé par la suite sénateur conservateur - qui faisait du financement pour l'ADQ.

CIMA+ et les partis : une relation platonique

Le président de CIMA+ reconnaît qu'il avait accès tant au premier ministre qu'à ses ministres, mais soutient n'avoir jamais parlé directement de contrats avec eux. L'État québécois était cependant, a-t-il convenu, son principal client duquel CIMA+ tirait chaque année des dizaines de millions en honoraires professionnels.

Il ne croit pas, par ailleurs, que les élus, s'ils l'avaient voulu, auraient pu réussir à influencer les comités de sélection à Québec, que ce soit au MTQ ou à Hydro-Québec, de façon à leur obtenir des contrats.

Contre-interrogé par l'avocat du PLQ, Me Décary, le président de CIMA+ a d'ailleurs soutenu que jamais M. Bibeau, Mme Trépanier, un élu libéral ou un quelconque représentant du PLQ ne lui a dit qu'il recevrait un avantage de quelque nature en échange de ses contributions ou de celles de ses associés.

Aucun d'entre eux ne lui a dit ni laissé entendre non plus que CIMA+ n'aurait plus de contrats publics si elle cessait de contribuer.

Le président de CIMA+ affirme par ailleurs qu'il ne parlait jamais de contributions politiques avec ses collègues des autres firmes lorsqu'il les croisait dans des cocktails organisés par les partis.

Depuis quelques années, a-t-il conclu, sa firme ne donne plus aux partis politiques qui, pour leur part, ont cessé de la solliciter.

M. Olechnowicz a tenu à préciser que les contributions politiques de CIMA+ s'inscrivaient dans la droite ligne de la philosophie de la firme, qui estimait qu'il était de son devoir de citoyen de contribuer à la vie publique.

C'est pour cette raison que la firme a été très impliquée avec Centraide ainsi que de nombreuses fondations d'hôpitaux, a-t-il fait valoir.

Aparté sur Pierre Bibeau

Le président de CIMA+ a aussi convenu qu'il fréquentait à l'occasion Pierre Bibeau (aucun lien avec Marc Bibeau). L'homme, qui a longtemps été organisateur pour le PLQ, l'invitait à des cocktails de financement pour la ministre Line Beauchamp, sa conjointe du moment. Pierre Bibeau était alors vice-président chez Loto-Québec.

Devant la commission Charbonneau, Lino Zambito a dit avoir versé 30 000 $ en argent comptant à Pierre Bibeau dans la foulée d'une activité de financement organisée au profit de l'ex-ministre de l'Environnement du Québec au printemps 2009. Pierre Bibeau a dénoncé les allégations de M. Zambito.

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Tony Accurso

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