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Les médias hongrois partent en guerre contre une super-taxe

Les médias hongrois partent en guerre contre une super-taxe

Les médias hongrois, pour une fois unis dans un pays de plus en plus polarisé, partent en guerre contre un projet de nouvelle taxe ciblée, qu'ils accusent d'aggraver la mainmise du gouvernement populiste sur leur secteur.

Des dizaines de chaînes de télévision, stations de radio et sites internet ont provisoirement cessé d'émettre jeudi, tandis que les journaux barreront vendredi leur Une de noir pour dénoncer le plan, qui prévoit d'imposer jusqu'à 40% les revenus publicitaires.

En tout, plus de 60 médias dénoncent le projet, déposé par un député du parti Fidesz du Premier ministre conservateur Viktor Orban, et qui doit être débattu en septembre au Parlement.

La taxe va "paralyser" et acculer à la faillite de nombreux médias et agences publicitaires, affirme à l'AFP Zsolt Urban, du syndicat professionnel MRSZ.

Elle s'inscrit dans la droite ligne d'une série de lourdes ponctions fiscales visant des secteurs économiques souvent dominés par des sociétés étrangères.

Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Orban en 2010, cette politique a déjà été appliquée aux télécommunications, à la distribution, à l'énergie et aux banques. Seule la construction d'automobiles allemandes (Audi, Mercedes), qui tire la reprise de l'économie hongroise, y échappe.

Les médias, quant à eux, ont déjà subi des lois les contraignant à s'enregistrer auprès de l'État, ou à produire des sujets "équilibrés". Et les témoignages abondent, y compris recueillis par l'AFP, de la main de fer qui s'est abattue sur les médias publics.

Un Conseil des médias (MT) est chargé depuis 2011 de sanctionner les infractions aux nouvelles lois. Ses cinq membres, nommés par le Parlement, sont tous issus du parti Fidesz.

Fait rare, des médias considérés comme les porte-voix habituels du gouvernement, tels que le quotidien Magyar Nemzet et la télévision Hir TV, se sont associés cette semaine à la contestation.

"Il semble bien, finalement, que le gouvernement ait réellement l'intention de prendre à la gorge la liberté de la presse", écrit ainsi dans un éditorial Peter Csermely, rédacteur en chef adjoint du Magyar Nemzet.

"Tout le monde doit payer sa part, même les médias", a répliqué aux critiques Janos Lazar, le puissant chef de cabinet de M. Orban, dont il est parfois présenté comme le successeur désigné.

Pour Attila Mong, un expert du cabinet d'analyse des médias Mertek, le projet d'impôt s'inscrit bel et bien dans un plan général pour mettre au pas ces derniers.

"Le Fidesz", dit-il à l'AFP, "veut maintenant faire sortir du paysage les sociétés de médias étrangères qui, comme RTL-Klub, ont réussi à rester critiques envers le gouvernement".

D'après les simulations du secteur, le taux le plus élevé de la taxe ne serait applicable qu'à cette chaîne de télévision, filiale de l'Allemand RTL Group. A lui seul, le premier média privé de Hongrie permettrait à l'Etat d'engranger la moitié du produit de la taxe.

"La taxe fait du mal à l'ensemble des médias hongrois, mais il est évident qu'elle vise RTL en premier. Elle s'attaque à notre indépendance, et à la liberté d'expression en Hongrie en général", réagit auprès de l'AFP Andreas Rudas, vice-président de RTL Group et patron de la filiale hongroise.

Le dirigeant souligne que RTL, présent en Hongrie depuis 17 ans, a "la réputation d'être le média le plus indépendant des cercles politiques", et qu'il ne quittera pas ce pays.

pmu-cs/bds

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