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Le retour annoncé de Sarkozy met en ébullition la droite en France

Le retour annoncé de Sarkozy met en ébullition la droite en France

La guerre est déclarée dans le grand parti de l'opposition de droite UMP en France, mis en ébullition par le retour annoncé de l'ancien président Nicolas Sarkozy, annoncé comme "une nécessité" par un proche, alors que plusieurs concurrents potentiels n'ont aucune intention de se laisser faire.

Finances dans le rouge, barons aux "ego surdimensionnés" rêvant à l'Elysée, phrases assassines, échange de noms d'oiseaux, adhérents en voie de désertion...

"J'appelle à un cessez-le-feu pour qu'on puisse rétablir une situation apaisée", a lancé sur France 3 l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin jeudi.

L'annonce - ou quasi-annonce, par la voix de son ami Brice Hortefeux - d'un retour en politique de Nicolas Sarkozy, via la présidence du parti, a exacerbé les tensions au sein du parti déjà fortement ébranlé par le scandale Bygmalion, lié au dérapage présumé des comptes de campagne de l'ancien président, qui a conduit à la démission forcée du patron du parti, Jean-François Copé.

L'ex-chef de l'Etat devrait s'exprimer "autour de l'été", a déclaré jeudi sur RMC et BFMTV son ami intime de quarante ans, l'ex-ministre Brice Hortefeux, soulignant que son retour relevait de "l'intérêt général".

L'ancien président, concurrencé dans les sondages par l'ex-Premier ministre Alain Juppé et dont le nom se retrouve mêlé à l'affaire Bygmalion, paraît déterminé à replonger dans l'arène politique.

Il pourrait briguer la présidence de l'UMP à l'automne, ce qui devrait, pour ses amis, le conduire tout droit à la candidature pour la présidentielle, sa véritable ambition.

Alors que l'UMP est en plein marasme en raison d'un système de fausses factures présumé qu'aurait mis en place l'agence de communication Bygmalion, "le retour de Nicolas Sarkozy devient une nécessité", affirme Brice Hortefeux dans Le Monde daté de jeudi. "Je souhaite donc qu'il soit candidat à la présidence de l'UMP à l'automne", ajoute-t-il.

Autre fervent soutien de Nicolas Sarkozy, l'ex-ministre Nadine Morano a estimé sur i-TELE que l'ancien président "n'a pas le choix, il doit revenir" pour "mettre de l'ordre dans notre famille politique."

M. Hortefeux plaide, lui, pour un report du congrès de l'UMP, prévu le 12 octobre - au cours duquel doit être élu un nouveau président - et considère "inutile" l'organisation d'une primaire à droite.

Or, les partisans de la primaire, inscrite dans les statuts de l'UMP, sont nombreux: les ex-Premiers ministres François Fillon et Alain Juppé, et ex-ministres Xavier Bertrand, Bruno Le Maire. Ils veulent tous en être.

Il n'y a de fait plus de chef à l'UMP depuis le 25 mai. La troïka formée des trois ex-Premiers ministres - Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin - subit les foudres des sarkozistes, qui dénoncent une violation des statuts de l'UMP.

Quid de la ligne ? S'allier avec le centre, comme le suggèrent Juppé et Fillon ? Ou ancrer le parti dans une droite aux convictions plus tranchées en matière d'immigration et de sécurité ?

Une fois le chef installé, le cap sera trouvé : droit sur 2017. En jeu : la présence de la droite républicaine au second tour de la présidentielle, loin d'être assurée après la victoire du Front National (extrême droite) aux européennes.

Mais ce scénario risque de se heurter à une série d'obstacles, à la fois judiciaires et politiques.

L'un de plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, vient de subir une garde à vue de trois jours pour son rôle dans un arbitrage litigieux lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée - auprès de l'ex-président.

Et l'aveu sur les fausses factures à l'UMP a été fait par Jérôme Lavrilleux, qui était en 2012 directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy.

Xavier Bertrand a le premier donné la charge en lâchant que tous ceux qui ont eu un rôle dans la campagne de 2012 "doivent se tenir à l'écart" de l'UMP.

Il faudra donc à Nicolas Sarkozy éliminer des concurrents qui n'ont aucune intention de se laisser faire : d'abord Alain Juppé, qui le talonne désormais dans le coeur des Français de droite, selon les sondages. Et ensuite son ancien Premier ministre François Fillon.

En revanche, son ex-plus grand ennemi, Dominique de Villepin, lui aussi ex-Premier ministre, juge que Sarkozy est aujourd'hui l'un "des très rares", avec Juppé, à pouvoir rassembler la droite.

Pour Sarkozy, qui n'avait pas prévu un retour aussi rapide, le chemin est escarpé. "En revenant maintenant, dit un ancien ministre, il ne choisit pas la meilleure des solutions, mais la moins mauvaise".

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