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La BCE teste des taux négatifs, comme la Suède et le Danemark

La BCE teste des taux négatifs, comme la Suède et le Danemark

Pénaliser les banques qui placent leurs liquidités dans un coffre plutôt que de les prêter: telle est la finalité du taux d'intérêt négatif qu'a décrété la Banque centrale européenne jeudi.

La BCE a fixé à -0,1% son taux de dépôt au jour le jour, qui était nul depuis juillet 2012. En d'autres termes, une banque qui confiera un million d'euros à l'institut monétaire un jour verra la somme fondre à 999.000 euros le lendemain. Puis 998.001 euros le surlendemain, si elle n'y touche pas, et ainsi de suite.

Ce taux est un outil secondaire de la politique monétaire de l'institut de Francfort. Et les sommes concernées sont minimes, avec seulement 36 milliards d'euros stockés dans cette facilité de dépôt, contre plus de 800 milliards début 2012.

En théorie, abaisser ce levier en dessous de zéro devrait stimuler le crédit et donc l'activité économique. Cela fonctionne-t-il en pratique? Les précédents de la Banque de Suède et de la Banque nationale du Danemark n'offrent pas de réponse ferme et définitive.

Pour Bruno Cavalier, économiste chez Oddo Securities, elles sont des "banques centrales de second plan", dont l'influence est sans comparaison avec celle de la BCE.

"La BCE sera la première grande banque centrale à s'aventurer en territoire négatif", reconnaissent les économistes de la banque suédoise Nordea.

La Suède, pays dont la banque centrale a prouvé qu'elle n'avait pas peur des mesures exceptionnelles (comme un taux directeur de 500% en 1992), avait été la pionnière. Entre juillet 2009 et septembre 2010, le taux sur les dépôts avait été fixé à -0,25%, afin de briser la spirale entre crise financière et récession.

Les montants concernés étaient aussi faibles que le symbole fort. Car c'était une première mondiale, que même le Japon au plus fort de la déflation n'avait pas osée.

"Les taux d'intérêt négatifs fascinent", avait souligné en 2013 un chercheur de la Fed, Yang Liu. Mais "même si ce taux avait attiré l'attention des médias, il ne signifiait rien puisque les banques n'ont traditionnellement placé que de très petites sommes dans les dépôts à terme", tranchait-il.

Le Danemark avait suivi l'exemple de juillet 2012 à avril 2014 (avec -0,2% puis -0,1%). Son cas est particulier: la banque centrale a pour mission de maintenir un taux de change stable face à l'euro.

Selon son propre bilan, ce fut une réussite de ce point de vue. Ailleurs, la mesure eut des effets "clairs" en faisant baisser les taux d'intérêt sur le marché monétaire, mais limités sur l'économie dans son ensemble.

Justement, l'objectif de la manoeuvre de la BCE est aussi d'influencer le taux de change. Si des banques sont dissuadées de laisser leurs euros à la BCE, elles pourraient les vendre afin de placer leurs liquidités ailleurs, faisant baisser la valeur de la monnaie unique européenne.

Pour les économistes de la banque américaine Citigroup, cela devrait fonctionner "modérément", d'autant que le marché des changes l'a déjà anticipé.

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