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Inde: 30 ans après l'assaut contre le Temple d'Or, le séparatisme sikh a vécu

Inde: 30 ans après l'assaut contre le Temple d'Or, le séparatisme sikh a vécu

En visite au Temple d'Or dans le nord de l'Inde, Sukhdeep Singh, commerçant, déplore encore le bain de sang survenu il y a 30 ans dans ce lieu saint du sikhisme qui plongea sa religion dans la controverse.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1984, l'armée indienne donne l'assaut au Temple d'Or d'Amritsar, situé dans le Pendjab, pour chasser les sikhs séparatistes enfermés à l'intérieur qui réclament la création d'un Etat sikh.

Trente ans après cette opération sanglante et très controversée, les sikhs, en particulier les plus jeunes, sont plus en quête d'un avenir professionnel que d'un Etat indépendant.

"Je regrette les événements de 1984", déclare Singh. "Les gens ne veulent plus de bain de sang et de violence", ajoute ce commerçant de 31 ans, installé à Melbourne, en visite en famille à Amritsar.

"Je pense qu'il est préférable pour nous de rester au sein de l'Inde", dit-il.

La lutte des indépendantistes sikhs pour un "Khalistan", ou "pays des purs" a connu son apogée dans les années 70. L'attaque du Temple d'Or, ordonné par le gouvernement d'Indira Gandhi, avait fait au moins 400 morts, endommagé le temple et provoqué la colère des sikhs qui ont vu leur lieu saint profané.

Quatre mois après, Indira Gandhi était assassinée par ses gardes du corps sikhs, prolongeant un cycle de violence antisikhs qui fit 3.000 morts, en particulier à New Delhi.

Depuis les années 90, les revendications séparatistes se sont évanouies même si des manifestations, surtout dans le Pendjab, commémorent chaque année l'assaut du Temple d'Or.

"Les gens du Pendjab ont changé depuis 1984. Le mouvement avait profité du soutien de la jeunesse mais la génération actuelle n'a plus les mêmes priorités", estime Sukhdev Sandhu, un Sikh connu, opposé au "Khalistan". "Ils veulent du travail et non des armes".

Le mouvement séparatiste continue d'avoir des soutiens à l'étranger au sein de la diaspora sikh de Grande-Bretagne, du Canada ou des Etats-Unis.

Cette diaspora cherche toujours à mobiliser en faveur du "Khalistan" et apporte des fonds pour que le mouvement ne disparaisse pas, assure Kanwar Pal Singh, porte-parole du Dal Khalsa, mouvement qui soutient l'indépendance.

Signe que la colère suscitée par l'assaut contre le Temple d'Or affleure toujours, Kuldip Singh Brar, commandant de "l'Operation Blue Star", a été blessé dans une agression à l'arme blanche à Londres en 2012 pour laquelle un groupe de sikhs a été condamné.

"Les aspirations de la diaspora à un pays sikh sont très fortes", affirme Singh dont le mouvement organise les manifestations du 6 juin. "Ils estiment que l'histoire a été injuste envers les sikhs. Alors que les hindous ont eu l'Inde et les musulmans le Pakistan, les sikhs ont raté l'occasion".

Singh s'exprime depuis son bureau d'Amritsar, orné d'affiches de sikhs connus, en particulier Jarnail Singh Bhindranwale tenant une mitrailleuse. Bhindranwale, leader sikh qui eut un temps son quartier général au sein du Temple d'Or, fut tué par les troupes indiennes lors de l'assaut de 1984.

Pour venger sa mort, des nationalistes sikhs installés au Canada firent exploser un avion d'Air India un an plus tard, tuant 329 personnes.

Pour les analystes, la situation géopolitique du Pendjab, région frontalière du Pakistan et du Cachemire, rend son indépendance pratiquement impossible.

En outre, "les sikhs sont bien intégrés et il n'y a plus guère de discrimination envers leur communauté", relève Beer Good Gill, professeur d'histoire à la Guru Nanak Dev University d'Amritsar.

"Nous avons eu un sikh Premier ministre pendant 10 ans", ajoute-t-elle en référence à Manmohan Singh, qui vient de se retirer de la politique.

Et Gill, qui enseigne depuis 20 ans, raconte "qu'aucun de ses étudiants n'a soulevé la question du Khalistan".

En outre, pour Sandhu, l'implication de militants sikhs dans des crimes a achevé d'affaiblir le mouvement séparatiste.

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