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Une filière djihadiste se dessine à Calgary

Une filière djihadiste prend forme à Calgary
Twitter/Radio-Canada

Un homme de Calgary a été identifié par un groupe extrémiste comme étant un kamikaze qui s'est fait exploser en Irak et a tué 46 personnes, a appris CBC. Selon des sources, Salman Ashrafi est l'un d'une vingtaine d'hommes qui ont quitté Calgary dans les deux dernières années pour s'en aller combattre aux côtés d'extrémistes.

Le groupe ISIS, une cellule d'Al-Qaïda que même celle-ci désavoue, a diffusé des images de Salman Ashrafi le mois dernier, dans un avis de décès d'un martyr. Il était alors identifié sous le nom de Abu Abdullah Al Khorasani. Toutefois, CBC a confirmé que ce pseudonyme était le nom de guerre du Calgarien, qui a grandi et est allé à l'école dans la métropole albertaine.

Salman Ashrafi a eu des emplois enviables dans des sociétés énergétiques comme Talisman et Exxon, en plus d'avoir travaillé dans d'importantes firmes du centre-ville.

Le voir associé à l'attaque à la bombe de novembre 2013 à Tarmiya, en Irak, surprend l'imam calgarien Syed Soharwardy. « Oh mon Dieu!, je le connais », s'est exclamé le leader religieux en voyant le visage du « martyr » désigné par ISIS. L'imam affirme que Salman Ashrafi et ses frères et soeurs ont grandi sous ses yeux. « Ma femme sera vraiment choquée », a-t-il soutenu.

L'imam déplore aussi le fait qu'Ashrafi ne soit pas le seul djihadiste de Calgary. Damian Clairmont, qui a pris le nom de Mustafa al-Gharib en se convertissant à l'islam,a perdu la vie en combattant au sein d'un groupe rebelle syrien affilié à Al-Qaïda. Lui et au moins deux douzaines de jeunes hommes ont grandi à Calgary, ville qu'ils ont quittée pour aller rejoindre des groupes rebelles en Syrie, selon des sources du réseau anglais de Radio-Canada.

Comment comprendre

La raison de leur radicalisation est inconnue, mais il existe une piste à explorer. Cinq hommes - dont Salman Ashrafi, deux frères canadiens, Damian Clairmont et son colocataire - étaient amis, mangeaient dans les mêmes restaurants, fréquentaient la même mosquée et ont vécu dans le même immeuble du centre-ville de Calgary.

Selon une source qui les connaissait tous, ces cinq hommes se rencontraient parfois dans l'appartement de Salman Ashrafi, qui leur enseignait que la seule façon de vivre avec les non-musulmans était de les convertir, les soumettre ou partir en territoire musulman. Ils ont tous quitté le Canada vers la même période, fin 2012.

Un homme qui connaissait Salman Ashrafi en 2009 se dit à demi surpris de sa trajectoire extrémiste. « Salman avait deux personnalités : d'un côté, il était extrêmement gentil, de l'autre, il voyait le monde en noir et blanc, de façon très simpliste », a indiqué cet homme qui ne tient pas à être nommé par peur de représailles.

Il se souvient de Salman Ashrafi comme de quelqu'un qui était impressionnable. « Il s'est peut-être rapproché de leaders religieux charismatiques qui ne lui voulaient pas nécessairement du bien », a-t-il supposé.

Alerter la police et les universités

L'imam Soharwardy, qui a déjà reçu des menaces de mort pour s'être exprimé contre la violence terroriste, croit qu'il est impossible que les services secrets canadiens ne savent pas qui radicalise les jeunes hommes. « Que fait le gouvernement canadien? Rien », a-t-il lancé.

Il déclare avoir mis la police et les dirigeants d'université en garde contre les conférenciers qui pourraient cibler les jeunes esprits vulnérables. Il affirme même connaître quelles organisations radicalisent les jeunes hommes, mais n'avoir jamais eu de réponse des autorités.

CBC a tenté de joindre la Ville de Calgary ainsi que son service de police, mais n'a pas obtenu de réponse.

Pour sa part, un membre de la famille de Salman Ashrafi a déclaré dans un courriel que les informations à son sujet étaient « stupéfiantes et incroyables » et que la famille n'a toujours pas accepté que « c'est ainsi que la vie de Salman s'est terminée ».

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