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Au Liberia où rien ne marche, les petites entreprises souffrent

Au Liberia où rien ne marche, les petites entreprises souffrent

Dans la capitale du Liberia, Monrovia, où les coupures d'électricité sont quotidiennes et l'inflation galopante, les petites entreprises souffrent et luttent pour leur survie.

Classé parmi les plus pauvres de la planète pour son PIB par habitant, le pays est riche en minerais divers - dont des diamants.

Dix ans après la fin de guerres civiles dévastatrices pour les hommes et les infrastructures, il connaît une croissance rapide menée essentiellement par les énormes investissements étrangers dans le secteur minier.

Mais à Monrovia, les boutiques, cybercafés, bars et restaurants doivent se battre pour tenter de bénéficier eux aussi de cette croissance.

"C'est difficile de maintenir à flot une affaire ici. Parfois vous faites de l'argent, et parfois... vous maintenez juste l'activité", affirme Kona Lovely McBorrouah, 38 ans, qui y tient depuis cinq ans un cyber café, Ngomah Technology.

Le revenu annuel par habitant au Liberia est de 700 dollars, ce qui le place vers le bas du classement mondial établi par la CIA, juste devant la République centrafricaine.

Le taux de croissance prévu pour 2014 est de 6%, en baisse par rapport aux 8,7% de 2013, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Mais une décennie après quatorze années de conflits qui ont fait 250.000 morts et ruiné l'économie, le pays n'a toujours pas de système d'égouts, d'adduction d'eau, de téléphonie fixe.

Le ramassage des ordures est inexistant et l'électricité une denrée rare, la compagnie nationale publique Liberia Electricity Corporation (LEC), ne fournissant que 19.000 consommateurs payants.

Comme l'écrasante majorité des 4,2 millions de ses compatriotes, McBorrouah n'est pas connecté au réseau électrique, utilise un groupe électrogène de 08H00 à 22H00 et doit parcourir de longues distances pour avoir de l'eau.

"C'est dur de diriger une entreprise en utilisant un groupe électrogène six jours sur sept. C'est un vrai défi, surtout en ce moment où, avec une énorme inflation, le prix du diesel a augmenté", souligne le patron du cybercafé.

En 1990, des groupes rebelles avaient bombardé l'unique usine hydro-électrique du pays, de Mount Coffee, située à 30 km au nord-est de Monrovia, puis la LEC avait dû fermer pour ne rouvrir qu'en 2010, en utilisant d'énormes groupes.

En 2006, l'euphorie s'était emparée du pays après l'élection d'Ellen Johnson Sirleaf comme première femme présidente en Afrique, qui a coïncidé avec l'arrivée de ces groupes électrogènes financés par l'aide internationale.

Mais les progrès sont laborieux et frustrants: aujourd'hui seulement 9,2% des foyers de Monrovia sont raccordés au réseau et environ 3% dans tout le pays, selon la LEC.

L'usine de Mount Coffee doit rouvrir en 2016 et le gouvernement a promis de l'électricité à 70% des habitants de Monrovia, mais pas avant... 2030.

Les tarifs d'électricité sont parmi les plus élevés au monde et le manque de fonds pour mettre en place de nouvelles liaisons explique pourquoi autant de Libériens sont privés de courant.

A ces difficultés, s'ajoute la dépréciation de la monnaie locale qui est passée de 60 dollars libériens (LRD) pour un dollar US, à 86 LRD pour un USD l'an dernier, ce qui a provoqué une très forte hausse des prix.

Rajesh Lalwani, 30 ans, est arrivé d'Inde en 2002 au Liberia où il a monté une entreprise de vente de produits électroniques importés de Chine ou du Moyen Orient. S'il se réjouit de l'hospitalité des Libériens, il se plaint du manque d'électricité et de la faiblesse du LRD qui entraîne "une inflation très élevée".

Des sociétés de taille moyenne, en particulier dans le secteur des services, se plaignent également de ces deux phénomènes.

Novafone Liberia, entreprise de téléphonie mobile, a lancé ses services en septembre 2013, emploie 150 personnes et vise une part du marché national de 40% en 2018.

"Nous faisons face aux mêmes problèmes que les autres entreprises, moyennes, petites ou grandes", dit son patron, le Libanais Bechir Khoury, qui met également en exergue le manque de formation de la population et d'expertise technique au Liberia.

Selon lui, les petites et moyennes entreprises du pays peuvent être très rentables à condition que les infrastructures s'améliorent avec l'aide des gros investisseurs. Il a de l'espoir, notant que "la stabilité du pays est bonne, ce qui est l'un des principaux facteurs pour attirer les gros investisseurs".

ft/stb/mrb/cac

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