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Détendu, Assad vote pour sa propre réélection, se prête à un "selfie"

Détendu, Assad vote pour sa propre réélection, se prête à un "selfie"

Souriant et décontracté aux côtés de son épouse glamour Asma, le président syrien Bachar al-Assad a voté mardi pour sa propre réélection à Damas, une image contrastant fort avec la guerre sanglante qu'il mène contre les rebelles.

Alors qu'il est qualifié de "criminel" par l'opposition et les militants, le chef de l'Etat, toujours soucieux de se présenter comme "proche du peuple", s'est prêté à un "selfie" pris avec un groupe de jeunes, vraisemblablement dans le bureau de vote où il a déposé son bulletin. La photo a été relayée sur Twitter et Facebook.

La télévision d'Etat a montré des images du couple présidentiel, sourire aux lèvres, arriver au bureau de vote dans le quartier résidentiel de Malki, saluant et embrassant des sympathisants.

Le couple s'est ensuite rendu dans un isoloir avant de déposer leur bulletin de vote sous les applaudissements, puis de marquer leur doigt avec de l'encre, entourés notamment de sympathisantes.

M. Assad était en costume bleu marine, tandis que son épouse, à la double nationalité syro-britannique, portait une jupe noire, une veste blanche cintrée et des talons aiguilles et était élégamment coiffée.

C'est l'une des rares apparitions du couple en public depuis le début du conflit en mars 2011, la répression de la révolte ayant porté un coup dur à leur image jeune et moderne.

Près des bureaux de vote, les journalistes de l'AFP ont vu des voitures circuler en klaxonnant. Leurs passagers, le visage peint aux couleurs du drapeau syrien, brandissaient des photos de M. Assad.

D'autres voitures diffusaient à tue-tête des chansons patriotiques ou à la gloire de M. Assad. "Nous sommes tes hommes Bachar", clame l'une d'elle. Et devant d'autres bureaux de vote, des partisans du président dansaient et chantaient.

Mais l'image glamour du couple présidentiel et celle de l'atmosphère festive diffusée en boucle par les médias officiels tranche avec l'état du pays exsangue, où bombardements et combats font rage aux prix de dizaines de morts chaque jour notamment dans les zones sous contrôle des rebelles.

Elle contraste également avec l'état d'esprit des habitants des zones rebelles qui ont dénoncé ce scrutin comme "une parodie de la démocratie" et d'"élections de sang", la guerre ayant fait plus de 162.000 morts en trois ans.

Dans un pays où le culte de la personnalité est de vigueur depuis la prise du pouvoir de Havez al-Assad, père de Bachar, il y a plus de 40 ans, aucun effort n'a été épargné pour glorifier encore plus le chef de l'Etat, qui faisait face à deux autres candidats inconnus: posters grandeur nature et slogans jurant loyauté au "leader éternel".

La compagnie de téléphonie mobile syrienne MTN a envoyé mardi à ses abonnés un message leur offrant, gratuitement pour un mois, une sonnerie de téléphone reprenant une chanson dédiée à M. Assad: "Nous ne voulons que toi" ou encore celle intitulée "Notre leader".

Signe de l'ambiance surréelle qui régnait dans la capitale, une pluie d'obus de mortier s'est abattue sur Damas au moment où les gens votaient, tandis que résonnaient également de puissants tirs d'artillerie.

Le scrutin s'est déroulé dans les zones contrôlées par le régime, soit environ 40% du territoire où vit près de 60% de la population, selon le géographe spécialiste de la syrie Fabrice Balanche.

Pendant trois ans, le régime, fort du soutien de ses alliés russe et iranien mais aussi du Hezbollah chiite libanais, a fait fi des appels à la démission de M. Assad, qui affirme mener la guerre contre des "terroristes" financés par l'étranger.

bur-ram/vl

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