Armel Le Cléac'h sera dès la semaine prochaine dans les starting-blocks pour tenter de battre le record de la traversée de l'Atlantique d'ouest en est et en solitaire à la barre de son maxi trimaran Banque Populaire VII, à l'affût d'un bon créneau météo.
Arrivé le 23 mai dans la marina de Brooklyn South avec cinq équipiers, Le Cléac'h scrute -avec l'aide de son routeur Marcel Van Triest, resté en France- l'évolution des morceaux de banquise qui errent au large des côtes nord-américaines.
Conséquence d'un hiver exceptionnellement rigoureux, des glaces sont encore signalées jusqu'à la latitude de New York. Elles empêchent le Finistérien de larguer les amarres et de faire route au nord pour attraper l'orthodromie, la trajectoire la plus courte vers la pointe bretonne.
La situation est d'autant plus compliquée que le brouillard sévit traditionnellement au sud de l'embouchure du Saint-Laurent, rendant dangereuse une navigation où le trafic est dense.
Le record de l'Atlantique nord est, depuis juin 2013, détenu par un autre Français, Francis Joyon, en 5 j 02 h et 56 min. La moyenne à tenir jusqu'à la ligne d'arrivée -entre les phares de Créac'h (Ouessant) et de Lizard (sud-ouest de l'Angleterre)- est élevée (23,3 noeuds, environ 43 km/heure).
"La date du départ dépend des glaces", résume Le Cléac'h lors d'une sortie dans la baie de New York. "Des icebergs sont très présents sur la voie du record et la route directe, au nord, n'est pour l'instant pas praticable".
"Reste l'option sud, plus longue, suivie par Joyon en 2013, et que je pourrais tenter à mon tour en fonction de l'évolution" de la situation, ajoute-t-il.
La recette pour battre ce record est connue. Il faut aller chercher une dépression à la hauteur de Terre-Neuve et, en restant un peu devant pour ne pas avoir une mer trop agitée, l'accompagner jusqu'à l'entrée de la Manche.
Le Cléac'h rentrera en France lundi et scrutera quotidiennement les cartes météo, prêt à sauter dans le premier avion. Il se donne jusqu'au mois de juillet pour tenter de battre le record.
"Nous ne partirons pas à n'importe quelles conditions", poursuit Le Cléac'h, slalommant habilement entre les embarcations de tous types qui sillonnent la baie de New York. "L'objectif principal de 2014 est le +Rhum+. On doit être de retour à Lorient fin juillet pour un chantier de préparation spécifique".
Banque Populaire VII -l'ex-Groupama 3 avec lequel Franck Cammas a gagné la dernière Route du Rhum, en 2010- va être un peu modifié, avec notamment l'aménagement d'une petite "cellule de vie" sous la casquette du cockpit, regroupant instruments de navigation, quelques manoeuvres essentielles, un réchaud et un sac à billes pour dormir.
Le multicoque, long de 31,50 m, a déjà été allégé d'environ 500 kg et pèse aujourd'hui une quinzaine de tonnes en ordre de marche, selon Le Cléac'h.
"Ce bateau est facile, je me sens en confiance", souligne son skipper, deuxième des deux derniers Vendée Globe (2009 et 2013). "Mais il demande de l'anticipation et je n'irai pas ajouter de la puissance".
Le Cléac'h commence à bien connaître sa nouvelle monture... En janvier dernier, il a explosé le record de la Route de la Découverte en solo entre Cadix (Espagne) et San Salvador (Bahamas), en 6 j 23 h et 42 min. Il a par la même occasion battu le record de la plus grande distance parcourue en 24 heures à la voile en solitaire (682 milles, soit environ 1.263 km).
Des performances qui font de lui l'un des super-favoris de la 10e édition du +Rhum+.
heg/dac