L'ancienne chef de file des manifestants de Tiananmen en 1989 a affirmé vendredi que l'ambassadeur des Etats-Unis à l'époque en Chine lui avait confié que Washington se "fichait" des défilés étudiants.
Chai Ling, qui était la chef de file des étudiants descendus dans la rue pour réclamer la démocratie, a rapporté qu'elle avait espéré une intervention des Etats-Unis lors de la répression sanglante par Pékin dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, qui avait fait des centaines, voire des milliers de morts.
"On est resté sur la place Tiananmen jusqu'à 6 heures du matin. On espérait que les Américains viendraient nous aider, et l'Amérique n'est jamais venue", a déclaré Mme Chai lors d'une audition devant le Congrès américain, à l'occasion du 25e anniversaire du mouvement.
Mme Chai, qui avait fui la Chine dans un container vers Hong-Kong, la France puis les Etats-Unis, a rapporté qu'elle en avait parlé avec l'ambassadeur américain de l'époque, James Lilley, après que ce dernier eut quitté Pékin.
"Je lui ai demandé: +Monsieur, pourquoi? Pourquoi l'Amérique n'est pas venue?+ Et il m'a répond off the record: +Ils s'en fichent+. J'étais dévastée, mais c'était malheureusement la vérité", a raconté Mme Chai.
Celle-ci a également indiqué avoir rencontré le vice-président des Etats-Unis Dan Quayle, qui s'était excusé pour l'inaction de son pays.
Le président américain George H. W. Bush, ancien ambassadeur à Pékin, avait imposé des sanctions limitées contre la Chine pour la répression de Tiananmen, tout en envoyant secrètement des responsables américains pour rassurer le chef suprême Deng Xiaoping.
L'ambassadeur Lilley, décédé en 2009, a écrit dans des mémoires qu'il déplorait les violences de Tiananmen mais que c'était important pour les Etats-Unis de maintenir des relations avec la Chine et d'inciter le pouvoir de Pékin à s'ouvrir au monde.
sct/are/bdx