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Rapprochement avec l'Iran: les pays du Golfe veulent des actes

Rapprochement avec l'Iran: les pays du Golfe veulent des actes

L'Iran doit prouver par des actes qu'il est prêt à changer de politique pour espérer se réconcilier avec ses voisins arabes du Golfe, estiment des analystes avant une importante visite à Téhéran de l'émir du Koweït.

Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah se rend ce weekend à Téhéran sur fond de dégel dans les relations entre l'Iran chiite et ses voisins sunnites en dépit des divergences sur la Syrie et des ingérences prêtées à l'Iran en Irak.

Cette visite intervient alors que les monarchies du Golfe s'inquiètent du rapprochement entre l'Iran et les grandes puissances, qui doivent reprendre à Vienne le 16 juin leurs négociations en vue d'aboutir à un accord définitif sur le nucléaire.

La visite de l'émir "est une occasion pour vérifier si l'Iran est prêt à développer ses liens avec ses voisins et à ouvrir une nouvelle page avec eux", a indiqué à l'AFP Riad Kahwaji, qui dirige l'INEGMA (Institute for Near East and Gulf Military Analysis), basé à Dubaï.

"Jusqu'ici, l'Iran n'a pas changé de politique (...). Il s'est au contraire impliqué davantage militairement en Syrie et accentué ses ingérences en Irak, au Liban et au Yémen", estime M. Kahwaji.

"Or, les Etats du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, ne sauront accepter un contrôle de l'Iran d'un quelconque pays arabe" a-t-il dit, soulignant qu'il n'y aurait pas d'amélioration dans les relations des pays de la région avec Téhéran "sans réel changement de la politique de l'Iran".

Le Koweït, où un tiers de la population autochtone est de confession chiite, a maintenu une relation équilibrée avec l'Iran et agi en médiateur pour améliorer les liens entre Téhéran et Ryad.

Selon le quotidien koweïtien Al-Raï, cheikh Sabah va parler aux dirigeants iraniens au nom du Golfe et des pays arabes.

"L'émir leur dira que ces pays souhaitent voir Téhéran respecter la souveraineté des autres, cesser de s'ingérer dans leurs affaires et cesser de prendre des mesures qui pourraient nuire à la confiance avec ses voisins", écrit Al-Raï.

Après l'élection en juin 2013 du président modéré Hassan Rohani, Téhéran a lancé une offensive de charme en direction de ses voisins du Golfe.

Lors d'une visite en mars à Oman, qui entretient des liens étroits avec l'Iran et a favorisé l'accord entre Téhéran et les Occidentaux sur le programme nucléaire iranien, M. Rohani a tendu "la main de la fraternité à tous les pays de la région".

En décembre, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif s'est déjà rendu au Koweït, aux Emirats arabes unis, au Qatar et au sultanat d'Oman.

Mais il n'avait pas visité le principal rival de Téhéran qu'est l'Arabie saoudite, qui avait jusqu'ici ignoré les appels du pied de l'Iran.

Mais le 13 mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, avait annoncé que son pays était prêt à "négocier" avec son voisin iranien pour améliorer les relations bilatérales.

L'Iran a confirmé jeudi avoir reçu une invitation de Ryad en vue d'une visite prochaine, dans le cadre de l'Organisation de coopération islamique (OCI), de M.Zarif.

Anwar Eshki, chef du Centre de Moyen-Orient pour les études stratégiques basé à Jeddah, estime que l'Iran semble être sérieux dans sa volonté de se réconcilier avec les pays du Golfe mais souligne lui aussi que des actes sont nécessaires.

"Je pense qu'une bonne occasion se présente pour améliorer ces relations, y compris celles entre Téhéran et Ryad, à condition que l'Iran prenne des mesures concrètes en Syrie et ailleurs", a déclaré M. Eshki à l'AFP.

Selon lui, "un rapprochement est possible maintenant et je pense que l'Iran est prêt parce que son économie se détériore et que les revendications sociales se font plus pressantes.

"L'Iran est en train de revoir sa politique".

oh/mh/feb

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