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«Le Québec de Charlebois à Arcade Fire» au Musée McCord : notre musique, notre histoire

«Le Québec de Charlebois à Arcade Fire» au Musée McCord : notre musique, notre histoire
Courtoisie

Survoler l’évolution de la musique d’ici, c’est retracer toutes les transformations qui ont bouleversé le Québec au gré du temps. À chaque période ses courants, à chaque époque ses revendications. C’est ni plus ni moins qu’un regard sur notre passé collectif que jette le Musée McCord avec sa nouvelle exposition Musique – Le Québec de Charlebois à Arcade Fire.

En exhibant photos, extraits audiovisuels et sonores de cinq décennies, costumes de scène, pochettes de disques, instruments de musique, manuscrits et autres artefacts liés au patrimoine de notre chanson, les concepteurs du projet offrent non seulement un panorama très étoffé de la culture populaire de la Belle Province, mais aussi un cours d’histoire en accéléré. Au total, plus d’une centaine d’artistes québécois, de Mes Aïeux à Grimskunk, de Pauline Julien à Damien Robitaille, en passant par les incontournables Gerry Boulet, Robert Charlebois, Beau Dommage, Plume Latraverse, Céline Dion et Félix Leclerc, et les jeunes Louis-Jean Cormier, Malajube, Samian et Alexandre Désilets, sont évoqués dans le parcours.

À l’origine, cet événement de clôture de la saison 2013-2014 du Musée McCord devait se concentrer sur la musique jazz et ses faits saillants. Au fil des recherches, qui se sont étalées sur un an, on a toutefois cru bon d'élargir le thème afin de rejoindre un plus vaste public, comme l’a expliqué Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction de l’institution de la rue Sherbrooke, au moment de l’inauguration de Musique – Le Québec de Charlebois à Arcade Fire, mercredi.

«Au fur et à mesure qu’on avançait, on se disait que le jazz, c’était peut-être trop pointu. Le Musée en est un d’histoire sociale, concentré sur celle de Montréal et du Québec. On a donc trouvé un angle historique. À partir de là, on a entamé une réflexion, à savoir quelle époque on voulait couvrir.»

«On commence dans les années 1960, avec la Révolution tranquille, a poursuivi Madame Sauvage. C’était le moment idéal; c’est vraiment là que se sont cristallisés beaucoup de changements dans la société québécoise. Et on amène ça jusqu’à aujourd’hui. Maintenant, les revendications des Québécois sont bien différentes de ce qu’elles étaient dans les années 1960. On sait que nos artistes ont été les porte-étendards, les porte-paroles de toutes les valeurs et les luttes identitaires des Québécois, surtout dans les années 1960 et 1970. Aujourd’hui, nos valeurs sont devenues beaucoup plus universelles. On parle de protection de l’environnement, de liberté des peuples, alors qu’auparavant, on était centrés sur notre propre revendication identitaire.»

La visite en bref

L’expérience Musique – Le Québec de Charlebois à Arcade Fire, qu’on décrit comme une «immersion dans la trame sonore du Québec», se compose de six zones distinctes et s’ouvre sur l’espace baptisé L’insolence de la jeunesse, où on traite du yéyé et de la frivolité de l’ère post-Duplessis. Tout de suite après, Rêver de mondes différents aborde la chanson engagée, notamment avec l’étalage, derrière une vitrine, de guitares appartenant à Daniel Boucher, Jim Corcoran, Anna McGarrigle, Dédé Fortin, Louis-Jean Cormier, Richard Séguin et Daniel Bélanger. Sur écran, on voit Dominique Michel entonner Les trottoirs, de Raymond Lévesque, et on adresse des clins d’œil à l’Exposition universelle de 1967 autant qu’à L’Heptade d’Harmonium. Sur un mur, on dresse même une liste complète des titres francophones et anglophones ayant trôné au sommet des palmarès ces 50 dernières années. En 1960, La fille de la forêt, de Fernand Gignac, et Calcutta, de Laurence Welk, faisaient rêver les mélomanes, tandis qu’en 2013, on se dandinait sur L’Amour, de Karim Ouellet et Get Lucky, de Daft Punk.

On traverse ensuite la portion Chants des braves, où sont illustrées les quêtes des Premiers Peuples, pour aboutir dans la chambre Vivre sa fantaisie, où la mode est à l’honneur. À l’entrée s’élève, majestueuse, la robe-théâtre du spectacle Top Secret de Diane Dufresne, créée en 1986 par Michel Robidas. Plus loin, la tenue portée par Céline Dion lors de son spectacle sur les plaines d’Abraham, à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec, en 2008 se dévoile aussi fièrement. D’un pas à l’autre, on admire des vêtements de Claude Dubois, Joe Bocan, Raoul Duguay, Mes Aïeux, Dubmatique, Robert Charlebois, Antoine Gratton, Patrick Watson, Dédé Fortin et Claude Léveillée.

La partie suivante, Les pas de géant, la plus intéressante de l’ensemble, dépeint une longue ligne du temps de tous nos souvenirs sociaux et politiques, agrémentée d’archives sur vidéo. C’est là que les curieux et les férus de dates s’en donneront le plus à cœur joie. Rien n’y est oublié. Sous un extrait d’une prestation de Félix Leclerc à La Butte à Mathieu sont mentionnés la mort de Maurice Duplessis (1959), l’élection du Parti libéral de Jean Lesage (1960), la création du FLQ (1963), la fondation du Ministère de l’Éducation (1964) et l’inauguration du métro de Montréal (1966). À la fin, le concert d’Arcade Fire sur la Place des Festivals en septembre 2011 chapeaute l’évocation de la grève étudiante du printemps 2012 et l’élection de Pauline Marois à la tête du Parti québécois (septembre 2012). On conclut finalement la présentation avec la zone Hymnes, consacrée à l’écoute de mélodies ayant imprégné les mémoires.

Tout au long de son exploration, le visiteur, coiffé d’une paire d’écouteurs et muni d’un petit lecteur audio, peut entendre les pistes sonores liées aux différents contenus visuels et même écouter des morceaux complets.

«On cherche à émouvoir les gens de toutes les générations, a déclaré Suzanne Sauvage. On a des extraits vidéo uniques, qui n’ont jamais été montrés, comme celui de Monique Leyrac qui chante Mon pays, en Europe, devant une foule en délire, ou d’autres de l’époque de Robert Charlebois qui se produisait à Paris. On devrait tous être fiers de la chanson québécoise. On a un nombre de talents incroyables, encore aujourd’hui!»

Un comité chevronné

Pour documenter Musique – Le Québec de Charlebois à Arcade Fire, on a mis sur pied un comité consultatif formé de journalistes, professeurs et autres intervenants de l’industrie musicale québécoise. L’auteure, chanteuse, comédienne, metteure en scène et productrice Mouffe était du groupe et agit également à titre de porte-parole de l’exposition. Devant les médias, celle-ci a blagué que tout le travail abattu au profit du Musée McCord était, pour elle, une sorte de «testament».

«C’est comme un résumé de ma vie, s’est émerveillée la dame. Je fais ça depuis l’âge de 16 ans, il y a plusieurs lunes… C’est ma science, je n’en ai pas d’autres. On m’a convoquée, posé des questions, et moi je parlais, j’apportais des livres, des photos, j’appelais les artistes pour savoir s’ils voulaient collaborer, prêter des objets. J’ai été un peu la marraine de l’événement», a-t-elle encore précisé, soulignant du coup que plusieurs autres fouilles avaient été effectuées dans diverses banques d’archives.

Musique – Le Québec de Charlebois à Arcade Fire tient l’affiche du Musée McCord jusqu’au 13 octobre 2014. Plusieurs activités sont proposées en marge de l’exposition. Pour plus d’informations : www.mccord-museum.qc.ca/fr.

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