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Étalement des salaires des médecins: Barrette écarte la loi spéciale

Gaétan Barrette repousse l'idée d'une loi spéciale sur l'étalement des salaires des médecins
PC

Le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette, ne croit pas qu'une loi spéciale sera nécessaire pour forcer les fédérations de médecins de la province à accepter un étalement des augmentations de salaire qui leur ont été consenties.

Son collègue aux Finances, Carlos Leitao, avait admis du bout des lèvres mercredi qu'il s'agissait là d'une option susceptible d'être considérée par le gouvernement de Philippe Couillard.

« Tout le monde est obligé d'admettre, au moment où on se parle, que les fédérations ont accepté le principe de l'étalement. Ça va arriver », a déclaré le ministre Barrette, jeudi, à l'Assemblée nationale. « Les fédérations n'ont pas contesté le bien-fondé et la finalité, dans leurs yeux, de ce que nous avons mis sur la table. »

En vertu des ententes conclues par le gouvernement Charest, les 17 000 médecins du Québec doivent recevoir des augmentations salariales d'environ 1 milliard de dollars au cours des deux prochaines années. Le gouvernement propose plutôt de les étaler sur 15 ans.

Ce sont les médecins spécialistes qui recevront la plus grande part de ces hausses. L'affaire avait d'ailleurs été négociée par Gaétan Barrette lui-même, alors qu'il était président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.

« Un gel »

Si ce scénario d'étalement sur 15 ans se concrétise, « on parle à toutes fins pratiques d'un gel quand on tient compte de l'inflation », dit Damien Contandriopoulos, professeur à l'Institut de recherche en santé publique de l'Université de Montréal. Mais les médecins ne sont pas nécessairement en si mauvaise posture, parce qu'ils ont obtenu des hausses majeures au cours des dernières années. « On parle d'augmentation de l'ordre de 40 % en moyenne pour les médecins », note M. Contandriopoulos, qui précise que c'est beaucoup plus que ce qu'ont obtenu les Québécois en général.

Les médecins ont revendiqué ces augmentations au cours des dernières années en réclamant un « rattrapage » par rapport aux salaires versés dans les autres provinces. Mais M. Contandriopoulos est sceptique. « C'est un argument qui est assez amusant parce qu'on peut regarder la rémunération des médecins de plusieurs façons et si on regarde la proportion de notre richesse collective qu'on investie pour la rémunération des médecins au Québec, on est à 1,2 % du Produit intérieur brut, donc de l'économie québécoise qui est investie pour payer les médecins », dit le professeur.

« Si, maintenant, on parle en "dollars", c'est vrai que les médecins au Québec sont moins payés que leurs homologues ontariens, qu'ils sont moins payés que leurs homologues en Alberta, par exemple. Mais ils sont sur les mêmes termes que les médecins en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse ou au Nouveau-Brunswick », poursuit l'expert en entrevue à 24/60.

Il concède que la rémunération médicale est beaucoup moins élevée au Québec qu'en Ontario. « Mais l'Ontario, c'est probablement l'endroit dans le monde en ce moment, où la rémunération des médecins est la plus élevée ».

La volonté d'étaler ces hausses de salaire s'inscrit dans l'opération de réduction des dépenses de l'État annoncée par le gouvernement Couillard. L'étalement de ces augmentations pourrait entraîner à lui seul des centaines de millions de dollars d'économie.

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