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Bangui sous tension après l'attaque d'une église, un "complot" selon le Premier ministre

Bangui sous tension après l'attaque d'une église, un "complot" selon le Premier ministre

La capitale centrafricaine était sous extrême tension jeudi après l'attaque inédite d'une église ayant fait une quinzaine de morts, des violences qualifiées de "complot" par le Premier ministre André Nzapayéké.

Des tirs sporadiques étaient entendus en milieu de journée dans le centre-ville de Bangui, a constaté l'AFP. Des soldats de la force africaine Misca déployés dans le centre ont effectué des tirs de sommation pour disperser des jeunes qui tenaient des barricades, en vain.

Plusieurs témoins ont raconté à l'AFP comment des hommes armés ont pénétré mercredi après-midi dans l'enceinte de l'église Notre-Dame de Fatima pour y lancer des grenades et tirer dans la foule des déplacés qui y étaient réfugiés depuis plusieurs mois.

L'attaque, attribuée par les témoins à des hommes de l'ex-rébellion Séléka de majorité musulmane, a fait une quinzaine de morts, dont un prêtre.

Jeudi, le Premier ministre centrafricain, André Nzapayéké, a dénoncé "un complot" de la part "d'hommes politiques très proches du pouvoir" selon lui à l'origine du fort regain de violences qui touche la capitale centrafricaine.

"Nous sommes dans une situation évidente de complot planifié ou un certain nombre d'actions sont programmées pour perturber la transition", a déclaré le Premier Ministre sur Radio France internationale, affirmant qu' "un certain nombre de personnes qui sont très proches du pouvoir, qui sont même autour du cabinet de madame la présidente" sont impliquées.

Mercredi, veille d'Ascension, des combats opposant miliciens chrétiens anti-balaka et musulmans ont eu lieu aux abords de l'église attaquée, où des milliers de déplacés avaient trouvé refuge.

Le curé de la paroisse, le père Gabriel, était dans le presbytère de l'église quand, en milieu d'après-midi, vers 15h, les assaillants ont attaqué.

Pendant un long moment, "une demie-heure" selon un témoin, "deux heures", selon un autre, des "tirs nourris de mitraillette" et des "détonations lourdes", ont résonné dans l'enceinte de l'église, explique le père Gabriel. "C'était sans fin, ça ne s'arrêtait jamais".

La crise centrafricaine a pris un tour interconfessionnel en janvier, après le départ forcé de Michel Djotodia et de son mouvement rebelle, la Séléka, de majorité musulmane, qui avait pris le pouvoir en mars 2013.

Après la mise en déroute de la Séléka, les populations musulmanes de Bangui, accusées de connivence avec la rébellion, ont été victimes de nombreuses exactions de la part des milices chrétiennes anti-balaka, les poussant à l'exil.

Régulièrement dans la capitale, des violences sporadiques continuent de se produire malgré la présence de la force française Sangaris et africaine Misca, notamment entre populations chrétiennes et les rares musulmans ayant fait le choix de rester en ville.

Toutefois depuis plusieurs semaines, Bangui avait connu une relative accalmie jusqu'à l'attaque vraisemblablement planifiée de Notre dame de Fatima.

"Un regain de tension très net" se fait sentir depuis quelques jours, notamment aux abords du quartier musulman PK-5, a affirmé mercredi une source proche de l'armée française à l'AFP.

C'est la première fois depuis plus d'un mois que des barricades sont érigées dans les rues de Bangui, et sur ces check-point improvisés, des dizaines de jeunes ne cachaient pas leur colère envers la force multinationale, qu'ils accusent d'avoir "laissé faire" l'attaque de l'église.

"Nous sommes là depuis 04H00 du matin pour que les (militaires) Burundais quittent le quartier, nous sommes mécontents", a déclaré à l'AFP Henri-Morel Feiganazoui, un habitant de 28 ans qui accuse les soldats africains de la Misca d'avoir protégé les assaillants de la veille. L'information n'a pu être confirmée par aucune source indépendante.

Des renforts de Sangaris, déployée en Centrafrique depuis décembre, et de la Misca ont été positionnés près du quartier PK-5, majoritairement musulman, de peur que des représailles ne visent ses habitants, selon une source militaire.

Jeudi, une mosquée de la ville a été vandalisée, a constaté l'AFP, tandis que des hélicoptères survolaient la capitale.

Après la fuite à l'étranger, ou dans le nord et le centre du pays des populations musulmanes de Bangui, c'est surtout la province centrafricaine qui a été le théâtre de violences meurtrières entre ex-combattants Séléka et miliciens anti-balaka.

Prise entre deux feux, la force multinationale peine à rétablir l'ordre, dans l'attente des 12.000 casques bleus promis par l'ONU pour le mois de septembre.

sj/xbs/jpc

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